Le Président de l’Association El-Aman pour la protection des consommateurs, Hacène Menouar, encourage les Algériens à se tourner vers une consommation rationnelle et intelligente pour faire face au problème de l’augmentation des prix des produits de large consommation que les autorités n’arrivent pas à maîtriser.
Pour Menouar, les citoyens en désarroi en raison de la cherté des différents produits et la baisse du pouvoir d’achat devraient prendre leur sort en main, et ne surtout pas s’attendre à ce que les autorités règlent ce problème de manière définitive. Contacté, hier, pour s’exprimer justement sur cette question de flambée inexpliquée des prix constatée depuis le début de l’année 2021, le président de l’association El-Aman estime que la solution est de consommer de manière rationnelle et intelligente. Il propose, dans ce sens, de revenir vers une alimentation saine en consommant des produits frais qui ne sont pas chers. « Il faut baser notre alimentation sur les légumes de saisons, et boycotter de manière intelligente les produits ayant été fortement touchés par les augmentations », dira-t-il. Pour faire face à l’augmentation des prix de l’eau minérale, Menouar propose carrément de revenir à la consommation de l’eau du robinet.
Les services de l’État « ont failli » à la mission de régulation
De ce qui est des raisons de ce problème de flambée inexpliquée et anarchique des prix, Hacène Menouar évoque essentiellement une inefficacité de gestion et de maîtrise des services de l’État. Se voulant plus clair, notre interlocuteur explique qu’il n’a jamais été question en Algérie de stratégie nationale pour maîtriser les prix et réguler le marché des produits alimentaires (agricoles et industriels), ce qui a donné lieu à un désordre et une anarchie imposée par des opérateurs économiques qui ne font qu’à leurs guises.
Selon lui, les opérateurs ont profité de la situation sanitaire marquée par la propagation de la pandémie de Covid-19, et l’augmentation des taxes afin d’imposer leur prix. Aussi, la non-maîtrise de la chaîne de distribution a, elle aussi, accentué le problème, ajoute le Président d’El-Aman. Il expliquera, à ce propos, qu’entre le producteur et le consommateur, il y a beaucoup d’intermédiaires qui sont là parce qu’il n’y a pas de réseau professionnel de distribution des produits alimentaires.
« Les associations qui proposent sont snobées »
Évoquant, par ailleurs, le rôle des associations de protection du consommateur face à cette situation, Hacène Menouar fait état d’abord de l’existence de deux catégories d’associations, à savoir celles qui font de la dénonciation, et celles qui font de la dénonciation et de la proposition en même temps.
C’est le cas de l’association El-Aman, a-t-il fait savoir, qui, depuis des années, ne cesse d’exprimer ses idées et ses visions pour régler tous ces problèmes et dysfonctionnements dans le secteur. Dans cette optique, l’association avait proposé, selon Menouar, l’élaboration d’une carte agricole pour tracer les besoins en matière de produits alimentaires à chaque saison, des solutions pour régler le problème de l’anarchie, comment passer au e-commerce, comment éliminer les intermédiaires, et aussi pour la révision du système de taxation. Ces propositions n’ont malheureusement jamais été prises en considération, déplore la même source, accusant le ministère du Commerce de faillir à ses responsabilités ; à commencer par la protection du consommateur. Selon notre interlocuteur, le ministre actuel du secteur pense que les associations sont utiles seulement pour la sensibilisation des consommateurs, or que leur vrai rôle est de sensibiliser les autorités. « Nous ne sommes pas là pour faire du tapage médiatique, nous voulons être écoutés et que nos recommandations soient prises en compte et appliquées », a-t-il conclu.
Ania Nait Chalal
