En dépit des assurances faites par les autorités autour de la maîtrise des prix lors de la prochaine rentrée sociale et scolaire, des inquiétudes ont été exprimées par le président de l’association El-Aman pour la protection des consommateurs, Hacène Menouar, qui a mis en doute l’efficacité des mesures devant être prises à cet effet ; ce qui rendra, selon lui, ce rendez-vous aussi pénible que les années précédentes. S’exprimant, hier, au forum du Courrier d’Algérie auquel il était invité, Menouar s’est montré peu crédule face aux déclarations des responsables qui ont, à maintes reprises, rassuré les consommateurs et plus particulièrement les parents sur la non-augmentation des prix des articles et manuels scolaires lors de la prochaine rentrée des classes. Reconnaissant l’existence d’une volonté politique à faire face au phénomène de la spéculation et exprimant le désir de la réussite de ce rendez-vous, Menouar est resté, toutefois, objectif sur cette question car, il a estimé qu’en plus de la volonté, il faudra beaucoup de compétences, de management et une bonne gestion afin de réussir cette guerre contre la spéculation. Il a affirmé que ceux qui profitent des fêtes religieuses, et du mois de Ramadhan, tenteront certainement de profiter aussi de la rentrée scolaire. S’agissant, en effet, des articles scolaires, il dira que tant que ces produits sont toujours vendus sous des chapiteaux sur des trottoirs, ce marché ne pourra pas être maîtrisé, rappelant dans ce contexte l’absence d’hyper marchés destinés à chaque produit spécifique, ou encore l’absence de réseaux de distribution professionnels. Les vendeurs achètent directement chez les importateurs et depuis les usines, sans aucune traçabilité de l’opération, et c’est cela qui encourage la spéculation, a-t- il expliqué.
Les écoles privées et les crèches, l’autre mal des parents
Pour Hacène Menouar, si les autorités compétentes puissent régler le problème des prix des articles et manuels, il existera encore des domaines et des créneaux qu’elles ne maîtrisent pas, tels que l’organisation des écoles privées et des crèches. Selon l’invité du forum, c’est un autre problème face auquel les parents doivent se battre, regrettant que beaucoup d’entre eux n’ont pas les moyens mais font tout pour placer leurs enfants dans ces établissements qui sont hors de contrôle. « Il n’y a pas de prix de référence pour la scolarisation des enfants dans le privé, idem pour les crèches. Les prix appliquées par ces établissement sont exagérés», a dénoncé le président d’El Aman. Évoquant, dans le même cadré d’idées, le marché des vêtements, Menouar a signalé que là aussi la spéculation frappera à la rentrée, et les prix vont doubler comme à chaque fois. Il relèvera que les parents avec budgets moyens, ressortent les vêtements achetés à l’Aïd. Une alternative leur permettant de gérer leurs dépenses et leur budget aspiré par la cherté anarchique et inexpliquée des produits.
Éliminer les disparités salariales
Par ailleurs, Hacène Menouar a expliqué qu’un pouvoir d’achat signifie l’équilibre entre les recettes et les dépenses d’un ménage, or si les dépenses dépassent les recettes cela veut dire qu’il y a incapacité de faire vivre un foyer. Une situation, a-t-il regretté hier, qui est en train d’atteindre la majorité des Algériens, et ce en raison des hausses généralisées des prix des produits alimentaires tels que les viandes devenues inaccessibles, les légumes secs et même les légumes de saison. Évoquant le salaire net mensuel moyen en Algérie, qui est de 43 000 dinars, le même intervenant a estimé qu’il demeure très faible et ne répond pas aux besoins de la famille algérienne qui souffre de la flambée des prix. Il a, à cet effet, mis en avant la nécessité d’aller vers un rééquilibrage des salaires de sorte à réduire les disparités sociales, soulignant qu’il y a des familles avec des salaires allant jusqu’à 150 000 DA alors que d’autres avec un revenu mensuel ne dépassant pas les 25 000 DA. À la même occasion, l’invité du Courrier d’Algérie, a relevé que pour aller vers l’amélioration du pouvoir d’achat il faut aussi changer nos méthodes d’alimentation basées sur la consommation de produits industriels poussant les consommateurs à dépenser plus.
Ania Nch