Intervenant hier en marge d’une journée d’étude portant sur la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, M. Lassassi, l’expert au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) a affirmé qu’il existe peu de données sur le fonctionnement de l’économie informelle en Algérie, ajoutant ainsi que les enquêtes existantes en Algérie sont des enquêtes de type emploi qui n’adoptent pas le fonctionnement de l’économie informelle. S’exprimant, hier à Alger, cet expert a révélé que l’informel existe dans tous les secteurs, notamment l’agriculture, rappelant ainsi que toute activité économique réalisée par des travailleurs ou des unités économiques qui n’est pas couverte ou est insuffisamment couverte selon la loi est considérée comme de l’informel. Par ailleurs, il précisera que deux milliard de la population active mondiales âgés de 15 ans et plus, travaillent dans l’économie informelle : « ce qui représente 61,2% de l’emploi mondial (50,5% hors agriculture», a-t-il souligné. évoquant la politique à l’égard de l’économie informelle en Algérie, le même responsable a estimé que les travaux récents par rapport à cette question ont mis en évidence l’hétérogénéité du secteur informel, constitué d’une grande variété d’entreprises individuelles différant totalement selon la taille, les performances économiques, les conditions d’activités, précisant, dans le même ordre d’idées, qu’une multi segmentation du secteur informel où coexistent un segment supérieur constitué de grandes entreprises individuelles performantes et un segment inférieur (majoritaire), composé de petites entreprises exerçant dans des conditions précaires avec des barrières à l’entrée vers les segments supérieurs. Aussi et afin de réduire le secteur informel de l’emploi, Lassassi a proposé certaines mesures, à savoir : la promotion de la création d’emplois décents et leur préservation, l’assurance de la pérennité des entreprises dans l’économie formelle ainsi que la prévention de l’informatisation de l’économie formelle. Au sujet de la précarisation de l’emploi en Algérie, le conférencier a noté, d’autre part, le rythme de croissance de l’emploi informel (86,6%) reste élevé comparativement à l’emploi formel (72%), ajoutant néanmoins que le sous-emploi, qui reflète la sous-utilisation de la capacité productive de la force de travail, est relativement important en Algérie. Selon l’enquête emploi de 2016, le taux du sous-emploi est de 20% (16,9% en 2010), affirme-t-il dans ce sens. Il a, dans ce cadre, rappelé qu’environ 25% des personnes occupées expriment leur désir de changer d’emploi, soulignant que la première raison invoquée est l’instabilité de l’emploi occupé (57%).
Un plan pour lutter contre le travail informel ?
Pour sa part, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Tidjani Hassan Haddam, a précisé que le but assigné à travers l’organisation de cette journée d’étude qui a regroupé des experts nationaux et internationaux ainsi que tous les intervenants et les représentants des départements ministériels concernés est de chercher quelles sont les modalités et les instrument à mettre en place pour arriver à la transition entre le travail informel et le travail formel répondant aux normes internationales : « De même, nous allons établir, à l’issue de cette journée et après une série de tables rondes, une feuille de route qui sera suivie par notre département ministériel et autres départements ministériels concernés pour arriver, à court terme, à des résultats plus probants dans le cadre de la lutte contre le travail informel », a-t-il annoncé, dans ce cadre. à noter qu’en marge de cette journée d’étude sur la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle deux panels ont été organisés portant sur le travail décent et économie informelle, le passage de l’économie informelle vers l’économie formelle : « La vision et la stratégie du BIT », l’emploi dans le secteur informel : définitions, réalité et impact et les coûts économiques de l’informalité.
Mehdi Isikioune