L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a réclamé, vendredi, l’ouverture permanente de couloirs médicaux permettant l’évacuation des blessés du secteur de Ghaza, estimant qu’une telle mesure pourrait « changer la donne » pour les 15 000 personnes nécessitant un traitement à l’extérieur du territoire palestinien dévasté.
Lors d’une conférence de presse tenue à Genève, le représentant de l’OMS dans les territoires palestiniens, Rick Peeperkorn, a insisté sur la nécessité de rouvrir tous les points de passage, non seulement pour acheminer l’aide humanitaire, mais aussi pour organiser des évacuations médicales urgentes. « Nous sommes prêts à augmenter le rythme des évacuations pour atteindre au moins cinquante patients par jour, accompagnés de leurs proches, comme cela avait été fait lors du précédent cessez-le-feu », a-t-il déclaré. Deux opérations d’évacuation sont déjà prévues la semaine prochaine, a-t-il ajouté, mais « nous voulons que cela devienne quotidien », car au rythme actuel, « il faudrait dix ans pour transférer les 15 000 personnes qui ont besoin de soins en dehors de Ghaza, dont 4 000 enfants ». Peeperkorn a souligné que la réouverture complète des couloirs humanitaires, « comme avant la guerre », constitue une étape « vitale et la moins coûteuse ». « Cela changerait véritablement la situation sur le terrain », a-t-il affirmé. L’OMS a également exhorté un plus grand nombre d’États à accueillir des patients en provenance de Ghaza. Plus de vingt pays ont déjà ouvert leurs portes, parmi lesquels la Jordanie, l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Turquie. La situation sanitaire dans le territoire demeure catastrophique.
D’après l’OMS, seul un fragment du système de santé continue de fonctionner : environ 2 100 lits pour plus de deux millions d’habitants. Sur les 36 hôpitaux du secteur, seuls 14 restent partiellement opérationnels, tandis que 64 centres de soins primaires sur 181 continuent de fournir des services de manière limitée. Les principaux hôpitaux situés en dehors de la zone du cessez-le-feu, tels que Kamel Adwan, Al-Awda, l’hôpital indonésien au nord et l’hôpital européen au sud, sont désormais inaccessibles ou hors service. « De nombreux établissements médicaux clés sont totalement isolés, et des centaines de patients ne peuvent plus être atteints », a déploré le responsable de l’OMS. L’organisation a en outre révélé qu’au moins 700 personnes sont mortes en attendant d’être évacuées pour recevoir des soins médicaux à l’extérieur de Ghaza. Pour l’OMS, permettre la sortie des blessés et le rétablissement de corridors sûrs est une urgence humanitaire absolue. Au-delà des chiffres, c’est la vie de milliers d’enfants, de femmes et de civils gravement touchés par la guerre qui dépend de cette ouverture. Cette demande s’inscrit dans un contexte où le blocus du territoire empêche toujours l’accès fluide des convois humanitaires et bloque les livraisons d’équipements médicaux essentiels, aggravant encore une crise sanitaire sans précédent. La réouverture des couloirs médicaux, selon les responsables onusiens, serait non seulement un acte de survie mais aussi un test moral pour la communauté internationale : celui de savoir si le droit fondamental à la vie peut encore prévaloir dans l’une des zones les plus meurtries de la planète.
La Suisse accueille sept enfants blessés
Sept enfants grièvement blessés en provenance de Ghaza sont arrivés, dans la nuit de vendredi à samedi, sur le sol suisse afin de bénéficier de soins médicaux urgents dans plusieurs hôpitaux du pays. Cette opération humanitaire a été organisée par le gouvernement fédéral suisse, en coordination avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Médecins sans frontières (MSF). Selon un communiqué officiel du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports, les enfants souffrent de blessures graves causées par la guerre à Ghaza. Après une première prise en charge en Jordanie, ils ont été transportés par voie aérienne vers la Suisse à bord d’avions de l’armée de l’air suisse et de la Rega, le service suisse de sauvetage aérien. Le ministère précise que les sept enfants, accompagnés de vingt-sept membres de leurs familles, seront répartis dans plusieurs cantons du pays. Ils seront accueillis dans des hôpitaux universitaires et cantonaux spécialisés, selon la nature et la gravité de leurs blessures. Chaque cas fera l’objet d’un suivi médical et psychologique adapté, afin de leur permettre une rééducation complète dans les meilleures conditions possibles. Les autorités suisses ont également assuré que des mesures spécifiques seront mises en place pour garantir à ces enfants et à leurs proches une protection juridique et un droit de séjour temporaire durant toute la période des soins et de la réhabilitation. Le gouvernement fédéral a souligné que cette action humanitaire constitue la première phase d’un programme plus vaste, visant à accueillir une vingtaine d’enfants palestiniens blessés lors de la guerre à Ghaza. Cette initiative s’inscrit dans l’engagement de la Suisse à renforcer son aide humanitaire et médicale en faveur des victimes civiles du conflit, notamment les plus vulnérables. À travers cette opération, la Confédération helvétique réaffirme sa solidarité avec les populations affectées par la guerre et sa détermination à défendre les principes du droit international humanitaire. La Suisse, traditionnellement neutre mais très active dans le domaine humanitaire, espère que ce programme pourra inspirer d’autres pays européens à ouvrir leurs structures médicales aux blessés palestiniens, dans un esprit de coopération et de dignité humaine.
M.Seghilani










































