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L’anarchie campe dans nos plages

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Évoquer la saison estivale en Algérie, qui bat actuellement son plein, est synonyme de penser aux rushs sur des milliers de plages que compte notre pays sur une bande littorale dépassant les 1 200 kilomètres. Ce patrimoine touristique inestimable n’est malheureusement pas souvent mis à profit. Fait désolant, à force de négligence, plusieurs plages deviennent interdites à la baignade, sinon, loin d’offrir l’extase aux visiteurs. Notre tournée effectuée, mercredi, sur les plages de l’Est d’Alger, au même titre que celles des autres wilayas, consolide le constat peu reluisant dressé, récemment, par une commission de l’APW d’Alger qui avait supervisé les plages de la Capitale. Elle a, pour rappel, soulevé le manque flagrant de commodités nécessaires pouvant rendre meilleur le séjour des estivants et assurer davantage d’attrait touristique. Lors de cette sortie, la commission s’est encore montrée effarée de constater autant de dépassements sur les pratiques de certaines personnes qui squattent les plages sans autorisation aucune, en obligeant les estivants à s’acquitter d’une certaine somme pour passer une journée à la plage. Malgré son isolement et le calme qui y règne, la plage de Frégate, à Bordj el-Bahri n’attire pas les grappes en cette période de grande chaleur. Pas facile d’accéder à ce site fraîchement inauguré puisque, en sus de son isolement et le manque de panneaux indicateurs, l’un de ses accès est coupé à cause d’un projet, dont les travaux semblent prendre encore du temps. Les baigneurs que nous avons interrogés soulèvent le manque de sécurité dans les lieux, notamment le soir, l’absence d’un parking digne de ce nom et des douches. Encore, cette plage est devenue exiguë à cause de l’extension urbanistique anarchique de ces dernières années. «Des eaux usées s’y déversent», fait remarquer un habitant malgré un panneau sur lequel on peut lire : «Plage autorisée à la baignade, eau propre contrôlée régulièrement». Les agents sauveteurs de la Protection civile peinent à assumer pleinement leur tâche dans et par le manque des moyens logistiques mis à leur disposition pour apporter secours. «Mis-à-part une bouée, un parasol, une table et une boîte à pharmacie et un brancard, nous ne disposons pas de grandes choses pour réussir les opérations difficiles dans cette plage isolée des autres sites», déclare un agent sauveteur. Cette personne remet en cause même le volume horaire de leur travail allant, selon lui, de neuf heures du matin jusqu’à sept heures du soir contre un salaire jugé dérisoire. Pas loin de ce site, la plage des Ondines-sud nous ouvre les bras et éblouit le visiteur par son site paradisiaque. La splendeur et l’attractivité des rochers qui poussent à quelques mètres rime avec ses douches et parkings bien aménagés mis à la disposition de tout le monde. La plage fait vraisemblablement l’exception par des commodités assurées malgré le manque de vestiaires détériorés et dégradés. Cependant, elle reste inaccessible aux petites bourses en sachant que le coup de location des parasols et chaise atteint 300 DA. Cette plage, dont les routes qui y mènent sont tout le temps engorgées par le trafic routier, reste isolée, est de ce fait prisée généralement par les habitants de cette localité. La plage de Tamentfoust-Est grouille de monde en cette journée de chaleur et les commerçants saisonniers profitent de ces moments pour faire de bonnes recettes, quitte à braver parfois même l’interdit. Des jeunes ont installé, au long de la plage, des chaises et des tables qu’ils imposent à la location. Les baigneurs qui veulent s’asseoir simplement sur le sable ne trouvent aucun endroit vacant. Ils sont obligés, en fin de compte, de louer malgré eux une table et des chaises, ce qui revient à payer un droit de péage à la plage. On à constaté à même le sable une bicoque, où des glaces et du thé sont proposés à la vente. «Nous n’obligeons personne à louer un parasol», a tenté un jeune homme de se disculper, ses chaises et parasols allongés sur une bonne partie du sable. À Bab el-Oued, la piscine d’El-Kettani (ex- Padovani) est fermée aux baigneurs depuis un certains temps. Selon les informations que nous avons pu recueillir, cette fermeture serait liée aux problèmes de gestion de cette infrastructure datant de l’ère coloniale. Elle est aussi due à la vétusté des appareils de pompage de l’eau à partir de la mer.

Coco-plage attend toujours son ouverture
S’il y a un cas à souligner, c’est celui de Coco-plage située dans la localité de Kahouet-Chergui dans la commune de Bordj el-Bahri. Cette station insalubre attend sa réouverture depuis plus de dix ans. Elle est aujourd’hui transformée en un véritable dépotoir des ordures et gravas et reçoit les eaux de Oued el-Hamiz. Pis, elle est devenue une zone d’extension d’un bidonville et ne sert actuellement que d’un petit port de pêche au milieu des déchets ménagers. «Alors qu »on s’attendait à ce que les autorités nettoient et rouvrent cette plage, des entreprises privées continuent à y décharger leurs déchets», regrette un ancien pécheur rencontré sur le site. Et d’ajouter : «On gardait une lueur d’espoir à ce que ce site retrouve son charme d’antan d’autant plus que plusieurs plages ont été nettoyées et ouvertes aux estivants à l’exemple de la Cigogne, la Pérouse et les Ondines». En attendant, des bambins bravent le danger et baignent en petit groupes.

Des baraques de fortune règnent en maître à Béjaïa
Malgré la vocation touristique que revête la wilaya de Béjaïa à l’est du pays, les efforts de différents services pour venir au bout de leur chalenge et réussir le pari de rendre la wilaya une destination de prédilection restent encore à fournir notamment en matière d’organisation d’infrastructures touristiques. Les constats et chiffres qu’avancent différent services en ce qui concerne les accidents de la route, le banditisme et intoxications demeurent inquiétants pendant l’été. Les services de santé et d’hygiène au niveau des communes balnéaires de l’Est (Aokas, Tichy et Souk el-Thenine) ne cessent de pointer du doigt les restaurants et cafeterias érigés anarchiquement en baraques de fortunes sur les plages. Ces lieux se transforment même en dortoirs et deviennent progressivement une source de banditisme et de tous les maux. Ainsi, le visiteur d’un jour à ces coquettes plages sera frappé, non seulement par le paysage, mais aussi par l’anarchie du commerce saisonnier, la prolifération des parkings sauvages et l’insécurité sur les lieux de détente pendant la nuit.
Salim Nasri

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