Si l’avenir de l’Algérie reste suspendu à la hausse des prix du baril sur les marchés pétroliers, c’est parce que les ressources financières générées par les hydrocarbures demeurent les seules rentrées d’argent sûres. En fin de semaine, le prix du baril se maintient au-dessus de 60 dollars malgré la hausse de la production US qui est bien évidemment un facteur qui tire les prix vers le bas.
Il est très intéressant de remarquer qu’en mars 2018, les facteurs traditionnels de la hausse et de la baisse des prix sont en train de céder devant d’autres facteurs, plus politiques, militaires, ou stratégiques, quand ce n’est pas encore lié à la politique intérieure américaine.
Fini le cours d’économie pétrolière traditionnelle sur les facteurs haussiers tels que l’augmentation de la consommation mondiale et la réduction de la production de l’OPEP et de dix pays non-OPEP jusqu’à la fin 2018, et baissiers, comme l’inverse de ces facteurs. Il est vrai que l’un des paramètres les plus dominateurs actuellement demeure l’accroissement de la production pétrolière des États-Unis qui a augmenté en 2017 et va augmenter en 2018 et, très probablement, dans les prochaines années. Comme il est aussi vrai que la stabilisation des prix entre 60 et 70 dollars le baril est un bon score pour les 14 pays membres de l’OPEP, dont l’Algérie. Ce n’est pas certes le niveau souhaité, mais c’est un bon résultat obtenu après l’effondrement des cours du brut entre l’été 2014 et le début 2016. Les experts affirment que des prix élevés contraindraient la production américaine à la hausse, et là ce sera une mauvaise chose pour l’OPEP.
La stratégie adoptée par l’OPEP depuis la fin 2016-début 2017 a mené à des effets certains, bien que certains pays ne respectent pas scrupuleusement les accords contractés à Alger sur la réduction de la production, comme l’Irak qui est au-dessus de son quota (second producteur au sein de l’organisation après l’Arabie saoudite) et le Kazakhstan, qui respecte le moins bien son quota. Toutefois dans l’ensemble, c’est à une discipline de fer que les membres de l’Opep se sont pliés.
Le jeu des majors pétrolières et les compagnies pétrolières privées transparait dans les gains générés depuis la baisse des prix. Jugez-en : le bénéfice net d’ExxonMobil est ainsi passé de 7,8 milliards de dollars en 2016 à 19,7 milliards de dollars en 2017, soit une hausse de 151%.
Ce n’est pas l’unique motif qui peut faire monter ou baisser les prix. Une guerre ouverte entre l’Iran et Israël pourrait projeter le prix du baril à plus de 100 dollars le baril, alors le recul du dollar US permet au baril de se maintenir au-dessus de 60 dollars. Mais le dollar est plombé par l’annonce de la nomination du chef de la CIA, Mike Pompeo, au poste de ministre des affaires étrangères. Le successeur de Rex Tillerson au secrétariat d’État se fait toujours l’écho du langage belliqueux de Trump et est favorable à une dénonciation de l’accord conclu avec Téhéran en 2015. Cela n’augure de rien de bon et les prix du baril sur les marchés internationaux pourraient bien s’en ressentir…
F.O.