L’ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, a fait savoir, hier, qu’il n’avait pas de craintes pour le pays, en animant, une conférence sur « les révoltes arabes : vérité, illusion ou complot », au siège du Conseil de la nation.
Déclarant que « je n’ai pas peur pour l’Algérie», celui qui a occupé le poste d’envoyé spécial, des Nations Unies,en Afghanistan, Irak et plus récemment pour la Syrie, dira en concluant son intervention que les évènements qu’ont et continuent de connaître des pays de la scène arabe ont « réunis un peu de tout ce qui est révolution, mirage et complot» selon lui.
C’est en fin diplomate que Lakhder Brahimi a abordé les contours du thème choisi pour sa conférence sur « les révoltes arabes : vérités, illusion ou complot», à laquelle ont assisté des responsables et représentants d’institutions algériennes, dont le président du Sénat, Abdelkader Ben Salah et le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra en plus des professeurs et experts des questions stratégiques, d’ex-ministres, des sénateurs et députés.
Après avoir fait un rappel historique des rapports internationaux, avant la chute du mur du Berlin, et la fin de la présence de l’ex-Union soviétique, de Afghanistan avec le soutien des états-Unis et l’Arabie Saoudite des moudjahidine-afghans, puis le monde est entrée dans une nouvelle phase, avec l’hégémonie des états-Unis sue la scène internationale. Avec la précipitation et l’évolution des évènements depuis, le conférencier dira « nous avons vu que les états-Unis et l’Arabie saoudite nous ont donné Ben Laden», puis, l’invasion de l’Irak, en mars 2003, par les troupes américaines. Rappel historique nécessaire pour mieux comprendre outre les évènements en cours de la scène arabe, en général, et de certains pays la composant, mais aussi pour saisir aussi les enjeux s’y référant. Insistant dans son introduction qu’il s’agit d’apporter des éclaircissements et des remarques considérés importants à son regard, pour aborder le sujet de sa conférence, l’intervenant en citera dix points. Parmi lesquels, il indique que des « similitudes existent entre des pays » ayant été secoué par les évènements survenus, il y a près de cinq ans, mais que, précise –t-il «la situation et la réalité des pays changent et diffèrent sur les plans, socio-économique, culturel et politique» a souligné le conférencier.
Aussi son interrogation «par où commencer ?» concernant le fait ou l’étincelle, à l’origine du déclenchement de ces évènements, lesquels « ne peuvent être venu du néant » a-t-il lancé, citant le fait de «Bouazizi en Tunisie», à titre d’exemple, sans manquer de souligner « la situation » qui y prévalait est à l’origine, aussi des bouleversements survenus dans ces pays. Affirmant par ailleurs que les effets de ce qu’on appelle « le printemps arabe » seront à long terme.
«L’intervention précipitée de l’Otan en Libye»
Indiquant que l’ex- président français Nicolas Sarkozy a œuvré à la précipitation de l’intervention de l’alliance atlantique en Libye, le diplomate Brahimi, use pour étayer ses propos de la déclaration du président américain, Barak Obama, qui a acculé ses partenaires membres de l’Otan de ne pas « avoir assuré» l’après opérations militaires de cette organisation. Pour le conférencier, la situation en Libye, étant difficile et complexe, il a tenu à souligner que la sécurité et la stabilité dans ce pays sont celles aussi des pays de la région, notamment l’Algérie.. Rappelant plus loin, les efforts consentis, par l’Union Africaine, en vue d’asseoir un dialogue inter-libyen, dès le déclenchement, en 2011, de la crise libyenne, qui se sont accentués, notamment avec d’autres acteurs, dont la Russie, mais qui se sont heurté à la position de certains acteurs occidentaux, dont la France, qui a joué , «un rôle majeur » avec le sioniste Bernard Henri Levy « pour précipiter » les opérations militaires de l’Otan en Libye. Lequel pays est depuis, plus de cinq ans, plongé dans la spirale des tensions, divergences entre acteurs libyens mais aussi des conflits armés, situation chaotique précipitant l’implantation des terroristes de daech qui contrôlent des régions en Libye, dont la ville Syrte.
« Je crains la somalisation de la Syrie»
Celui qui a été hérité du dossier syrien après Kofi Anan, pour s’y consacrer, deux ans durant, à dégager la voies et les perspectives pour le règlement de la crise en Syrie, craint de voir ce pays sombrer dans le scénario similaire à celui de la Somalie. L’’ex-envoyé des Nations unies pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, qui a démissionné de ce poste, en mai 2014, a en effet déclaré, hier « je crains la somalisation de la Syrie» a-t-il lancé, au regard selon lui, outre de la complexité de la situation, mais aussi du rôle joué par certains acteurs, notamment de la scène régionale. Pour notre interlocuteur, les acteurs principaux, citant Moscou et Washington, «ne sont pas encore arrivés» à dissiper les points «divergents», sur fond, par ailleurs, a-t-il indiqué, du rôle d’acteurs régionaux, notamment les partenaires de Washington. Considérant que « le rôle iranien est plus important que celui des russes» en Syrie. Il poursuit en ce sens, indiquant que le soutien iranien à la Syrie se manifeste, notamment par « leur présence à l’intérieur de la Syrie » qui connaît aussi « la présence du Hezbollah » précise-t-il.
Affirmant plus loin, que les occidentaux et plus largement la communauté internationale « ont multiplié » les erreurs dès le début des évènements de ce qu’on a appelé « le printemps arabe».
En Tunisie et en égypte, les occidentaux n’ont pas été dès le début, pour le départ de leurs présidents respectifs, Zine El Abidine et Moubarek, qui ont été poussés à la sortie par le cours des évènements, dans ces deux pays, alors que s’agissant de la Syrie, les occidentaux ont vite fait « d’exiger le départ du président syrien», lequel est à ce jour, à la tête de l’institution présidentielle de Syrie.
« Israël est tranquille »
Pour le diplomate Lakhdar Brahimi, les responsables de l’Entité sioniste sont « tranquilles » au regard de la situation dans laquelle est plongé la scène arabe et aussi en «l’absence» de l’unité entre palestiniens. Il ne manquera pas plus loin d’affirmer que « ce n’est pas un secret de dire qu’Israël est la première bénéficiaire» des conséquences générées par les évènements que connaît la scène arabe, depuis plus de cinq ans.
Karima Bennour