Accueil Culture+ Laadi Flici : Docteur en médecine, écrivain et poète

Laadi Flici : Docteur en médecine, écrivain et poète

0

Laadi Flici est né en 1937 à La Casbah d’Alger où il a grandi. Étudiant, il a représenté l’Algérie au Festival mondial de la Jeunesse à Varsovie en 1955. Il rejoint l’UGEMA, puis le FLN. Arrêté, il est emprisonné par les forces coloniales.

Devenu médecin après l’indépendance, il ouvre un cabinet à La Casbah où il est surnommé le médecin des pauvres. Il est désigné membre du Conseil national transitoire en 1993. Laadi y a contribué, mais il n’en parle jamais. Emprisonné à Barberousse, il en parle avec émotion dans ses écrits. Pour la petite histoire, durant le Festival international de la jeunesse à Varsovie en 1955, Laadi, encore étudiant, a escaladé une statue sur une place publique de la ville et déployé le drapeau algérien. Kamel assure que Laadi a décrit mieux que quiconque Alger des années de braise. Extrait de l’ode dédiée à Mezghenna, ville de Sidi Abderrahmane :«Il était une fois Alger, inondé de cafés, de terrasses de cafés, chaque bout de mémoire, chaque digue bousculée, chaque regard à Bab Djedid, chaque histoire égorgée à Bab El Oued, chaque solitude torturée à Bab Azzoun, chaque mausolée touché à Sidi Abderrahmane, à Sidi M’hamed, à Sidi Abdellah a son café ou sa terrasse de café.Au Café des Sports, les gens sont plus enthousiastes, plus spontanés. Hadj Cayanne est un homme heureux. Le café qu’il apprécie le plus et où on le voit le plus souvent décontracté, roulant cigarette sur cigarette, pas loin de Boualem Titiche et Djamaa Lihoud est certainement le café des allumeurs de becs de gaz. Aller au café ce n’était pas seulement aller au café pour tuer le temps ou prendre une quelconque boisson. Aller au café, c’était un pèlerinage, une descente au paradis. Aller au café, c’était aller fraterniser. Aller à la rencontre d’une information, d’une nouvelle. Savoir ce qui se passe, ce qui se mijote, ce qui se dit, tout se passe dans les cafés.
En profondeur. Il a demain un ‘‘contact’’ au café de la Marsa. Aujourd’hui, il a distribué quelques tracts au café ‘‘El Bahdja’’ à la rue Vialar. Il a été abattu au café du Progrès. Il a été arrêté au café du Bonheur. A Alger, il y a beaucoup de cafés. Chaque café est une histoire de la Guerre d’Algérie, chaque café a contribué de près ou de loin à un événement.
Chaque café a pris la parole. La Casbah, c’est l’âme éternelle d’Alger. Le grand-père Flici y est né vers 1860, le père El Hadj Boualem à Sidi M’hamed Cherif en 1899. L’écrivain naquit, lui, à la rue Randon, l’actuelle Ali Amar où se trouve son cabinet médical. Il est né dans la pièce où il pratique la médecine au profit de tous ses anciens et nouveaux voisins. C’est là qu’il a été arrêté en 1956 par la DST. Incarcéré à Serkadji, le couffin que sa mère lui portait régulièrement se remplissait de provisions des échoppes des ruelles de La Casbah au fur et à mesure de l’ascension vers Bab Djedid, cet attachement indéfectible en tant que lieu affectif et sentimental, ce cœur de la ville a été avant d’être un haut lieu de résistance la «capitale» des partis politiques nationalistes. Comment la passion d’écrire est-elle venue à Laadi ? «J’ai commencé à sentir la nécessité du plaisir d’écrire quand j’ai été incarcéré en 1956 à la prison de Serkadji.
L’isolement crée la nécessité de communiquer, la nécessité de dire en tant que prisonnier certaines choses aux non-prisonniers. Le prisonnier détient une vérité, c’est pour cela qu’il est enfermé. Le plaisir de dire m’a été donné par notre grand et génial poète engagé Moufdi Zakaria que j’ai ‘‘recontré’’ à la salle n°9 de la prison de Serkadji dès 1956. Je suis une création du FLN qui m’a appris à écrire et à communiquer. Je n’éprouve aucune gêne à parler comme un tract du FLN. C’est beau un tract du FLN.
J’écris en français parce que je suis né et j’ai vécu dans une Algérie occupée. Aussi la littérature algérienne de langue française est pour moi non pas un ‘‘exil’’ ou une ‘‘blessure’’, mais un hymne à la liberté.» On sait que Laadi beaucoup de respect pour son ami Kadour M’hamsadji l’autre chantre de la Mahroussa.
à travers la lecture délicieuse de ses odes, on constate que Laadi a fait vœu d’obéissance à sa conscience et au peuple dont il a pu avec bonheur exalter la fierté. Sa générosité en qualité de médecin, il l’a transmise à Laadi l’écrivain qui a su allier admirablement les exigences de l’écrivain avec un travail de chercheur qui puise dans le patrimoine historique national et ses prolongements universels la substance de son message, notait avec justesse notre ami, l’écrivain Mouloud Achour qui présidait à l’époque aux destinées de la rédaction d’El Moudjahid. Ses principaux ouvrages : La passion humaine 1955 ; (édition Milias) – Paris. La démesure et le royaume (SNED 1969). Les feux de la rampe (SNED 1982). Qui se souvient de Margueritte (ENAL 1984). Sous les terrasses d’antan (ENAL 1985). Laadi Flici fut assassiné le 17 mars 1993 à Alger.

Article précédentConstantine : Signature d’une convention entre les douanes et l’université
Article suivantLes nouvelles colonies israéliennes : Un obstacle à l’établissement de la paix