La victoire spectaculaire de Bachar el-Assad avec le fort appui de la Russie de Poutine, de l’Iran et du Hezbollah, change complètement la donne au Proche-Orient, au moment où arrive, à la Maison-Blanche, un Président américain bien disposé à l’égard de Moscou et de Poutine, voire comme l’homme le «plus puissant du Monde».
Elle est aussi, nonobstant les grosses pertes humaines, une cinglante défaite pour l’international terroriste et son épiphénomène Daesh, entité terroriste créée par les policy makers de Washington et de Tel-Aviv, couvée financièrement par les monarchies du Golfe, notamment le Qatar et l’Arabie saoudite, qui ont en fait leur bras armé contre tous les rares pays arabes qui refusent leur diktat et leur vision archaïque des relations internationales. La victoire militaire remportée à Alep où une partie de la population de la ville était terrorisée et massacrée au quotidien par des mercenaires aventuriers, est essentielle pour le devenir de la Syrie. Mais aussi et surtout la Libye, dont on voulait parachever la destruction. Dressant le premier bilan de cette victoire, le Président Bachar el-Assad a affirmé : «Il y a un avant et un après-Alep. Le Temps s’est transformé en Histoire, non seulement pour la Syrie et la région, mais aussi pour le Monde.» «C’est ici que le Temps se transforme en Histoire. C’est Alep qui transforme le Temps en Histoire», a-t-il dit, ajoutant : «Le peuple d’Alep par sa résistance, l’Armée arabe syrienne par son courage et ses sacrifices, chaque citoyen syrien qui s’est tenu aux côtés d’Alep, de son pays, de sa patrie et du juste, en sont eux-mêmes ceux qui dessinent maintenant l’Histoire (…). Celui que l’on voulait abattre à tout prix et en particulier la France de Hollande pour faire marcher son industrie militaire et plaire à Riyad et Doha, la monarchie corrompant à tout-va politiques et journalistes –selon un livre de deux journalistes français–, est maintenant courtisé par les médias français qui, hier, encore en faisait un «dictateur sanguinaire». Sans parler de ces terroristes, sans foi ni loi, défendus par les chefs de la diplomatie française et les implications militaires secrètes de Paris. Maintenant toute honte bue et après une propagande ahurissante, on recourt à la ficelle éculée de l’humanitaire avec une «caravane» qui part de Paris pour une assistance ciblée, au bon vouloir d’Ankara, dont le jeu trouble en Syrie est évident. Le pauvre peuple yéménite peut toujours se faire massacrer et bombarder personne ne s’en émeut à Paris ! Car si Washington, Paris et Londres ont soigneusement occulté la réalité à travers leur propagande, la gravité du crime génocidaire méthodique et la conspiration dirigée contre Damas, qui devait couronner le «Printemps arabe», apparaît au grand jour. La reprise d’Alep par l’Armée arabe syrienne aux groupes terroristes, devenus par la magie du verbe des médias occidentaux «rebelles armés» et autre «opposition armée», financés et armés par l’Ouest et ses clients régionaux, est délibérément dénaturée en «chute d’Alep», par les grands networks occidentaux, admirablement contrés cependant par les médias russes, pour ceux qui veulent réellement s’informer. Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguéi Lavrov, a pour sa part accusé les «oligarchies occidentales et leurs obéissants journalistes de diffuser de fausses informations, sans se poser de questions, sur les dramatiques événements de cette semaine en Syrie». Le chef de la diplomatie russe a fait remarquer qu’aucune des «prétendues atrocités» n’a été reconnue par les groupes humanitaires indépendants. L’ambassadeur syrien à l’ONU a aussi réfuté les allégations d’atrocités mise en avant pour masquer les véritables crimes contre l’humanité commis par les terroristes, dont on a exfiltré les dirigeants. D’un autre côté, et pour masquer son échec, Obama allume et amplifie un contre-feu et affirme que la Russie a fait de l’ingérence électorale aux États-Unis, en piratant les fichiers du Parti démocrate. Une ultime manœuvre de celui dont le pays espionne et écoute le Monde entier pour tenter d’influencer le collège des grands électeurs, dont 307 doivent consacrer la victoire de Donald Trump.
M. Bendib
La nébuleuse armée à Bachar El Assad
La multitude et la diversité des acteurs armés qui participent à la bataille d’Alep, et dont beaucoup viennent du monde entier, expliquent la longueur et l’extension du conflit syrien. Bachir Khoury, journaliste libanais indépendant explique dans le Monde Diplomatique, qu’il faut éviter les « simplifications dans la terminologie employée au sujet des combattants » terroristes. Pour lui, identifier tant les troupes « rebelles » que les forces qui soutiennent l’armée régulière syrienne suppose aussi de comprendre leurs « idéologies et leurs projets politiques ». Il indique cependant que les informations recueillies auprès de chercheurs et de personnes présentes sur le terrain peuvent cependant diverger, en particulier quant au nombre de « combattants »et il faut les prendre avec précaution. S’agissant de ce qui est présenté comme « l’opposition armée », au régime de Bachar Al-Assad, Bachar el Khoury, discerne trois types de groupes : ceux qui combattent de façon autonome, ceux qui fusionnent entre eux et ceux qui coordonnent leurs assauts à travers une « chambre d’opérations » (ghourfat al’âmaliyyat). À Alep-Est, où vivraient encore environ 250 000 personnes, ainsi que dans les bastions rebelles proches, deux « chambres d’opérations » principales rassemblent au total entre 10 000 et 20 000 hommes. La première, baptisée Jaïch Al-Fatah (Armée de la conquête), représente près d’un tiers des soldats rebelles. « Elle est notamment composée du Front Fatah Al-Cham, l’ex-Front Al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaida), et de ses alliés. Plus + modérée+», la coalition Fatah Halab (Conquête d’Alep) rassemble plusieurs factions proches des Frères musulmans ou affiliées à l’Armée syrienne libre (ASL). Cette coalition d’après El Khoury , qui cite les travaux de l’universitaire Fabrice Balanche, représenterait environ la moitié des effectifs qui combattent le régime et ses alliés dans la région. Selon lui 15 à 20 % restants correspondent à une dizaine de petits groupes « indépendants » sans idéologie précise, qui gravitent autour de ces deux pôles majeurs.
M. B.