C’est une véritable volée de bois vert que celle donnée par Moscou à Rabat à propos du conflit au Sahara occidental. Le pays de Poutine, un des cinq puissants du Conseil de sécurité, a exprimé son inflexible position sur la question dont le dénouement passe inéluctablement par l’application du droit international. Une réponse qui a dû refroidir l’ambassadeur du Maroc au sortir d’une audience avec le viceministre russe des Affaires étrangères dont la question sahraouie était au cœur des discussions. Outre, Moscou a appelé à la désignation sans délais d’un envoyé personnel du SG de l’ONU au Sahara occidental, comme à la reprise des négociations entre le Maroc et la RASD sous l’égide des Nations unies. Qui mieux, en effet, qu’un membre permanent du Conseil de sécurité pour défendre le bien-fondé des résolutions onusiennes sur le droit du peuple sahraouie à l’autodétermination à travers l’organisation du référendum ? Mercredi, Verchinine Sergueï Vassilievitch, vice-ministre des Affaires étrangères de la Russie a reçu Lotfi Bouchaâra, ambassadeur du Maroc à Moscou. Au menu de cette rencontre, le règlement de la question du Sahara occidental qui s’est emparée de l’essentiel des échanges entre les deux parties. C’est ce qu’a affirmé le département des Affaires étrangères russe dans un communiqué diffusé à l’issue de cette rencontre. Selon cette source, entre le responsable de la diplomatie russe et le représentant de Rabat à Moscou, «un échange de vues approfondi a eu lieu sur des questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité de l’ONU, l’accent étant mis sur le règlement de la question du Sahara ». Ainsi, au risque de le répéter, Moscou continuera à soutenir, par sa position, le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination comme résolution arrêtée par le Conseil de sécurité de l’ONU. Autrement, souligne le même communiqué du MAE russe, une « solution juste et durable n’est possible que par des moyens politiques sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité». Et à Sergueï Vassilievitch de réitérer en ce sens, « l’importance de la nomination dans les plus brefs délais d’un nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU et des progrès dans la reprise des négociations entre les parties a été notée», relevant « le rôle stabilisateur de la Minurso au Sahara». C’est dire un énième camouflet pour la diplomatie marocaine qui, depuis la violation du cessez-le-feu, opéré par l’armée du Makhzen le 13 novembre 2020 dernier à El-Guerguerat, continue à soulever l’indignation générale de la communauté internationale face à la dernière colonie en Afrique.
Farid Guellil
