Le projet de gazoduc transsaharien (Trans-Saharan Gas-Pipeline, TSGP) reliant le Nigéria à l’Europe via l’Algérie et le Niger se trouve, incidemment, placé de nouveau au premier plan de l’actualité gazière internationale, très riche en informations par ailleurs.
On sait que le régime marocain est affolé devant les progrès dans la réalisation du TSGP et surtout par les perspectives qu’il offre aux économies des trois pays qu’il traverse- Algérie, Niger et Nigeria- et pour l’approvisionnement en gaz naturel de l’Europe. Le Maroc, qui tente vainement de lancer un projet concurrent, distille régulièrement des informations trompeuses pour faire croire que son projet tient la route et pour semer le doute sur le TSGP. Et tout aussi régulièrement, les démentis fusent pour rétablir la réalité des faits. Cette fois, la fausse information était de taille.
Le groupe russe OMK (Russian United Metallurgical Company) a été présenté comme un investisseur majeur dans le projet fantôme de gazoduc Nigeria-Maroc. Seulement, le groupe russe a immédiatement démenti. Il n’est absolument pas question, dit OMK, société spécialisée dans la métallurgie, d’investir dans le projet de gazoduc reliant le Nigéria et le Maroc. La Russie refuse de s’associer au projet marocain. N’en déplaise au Makhzen et à ses alliés, le champ gazier de Hassi R’mel, en Algérie, sera bientôt connecté à celui du Nigéria en passant par le Niger, pour relier le marché européen.
Le Gazoduc Transsaharien, long de 4128 km, est un projet structurant déterminant dans la promotion et l’accélération de l’intégration économique régionale, dans le cadre de la mise en œuvre des programmes de développement régionaux, notamment l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Contrairement au Maroc, l’Algérie réunit les conditions exigées pour la réussite d’un tel projet, à travers son réseau de transports, ses stations de gaz naturel liquéfié (GNL) et ses infrastructures de pétrochimie ainsi que sa position géographique proche des marchés européens de gaz. «Le gazoduc peut être achevé en trois ans et nous pouvons transporter 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz depuis le Nigeria», a annoncé cette année le ministre de l’énergie et des Mines, Mohamed Arkab. En février dernier, en marge des travaux du 3ème forum et exposition des mines et du pétrole de la Cedeao (Ecomof 2022), à Niamey, Mohamed Arkab et ses homologues nigérien, Mahamane Sani Mahamadou, et nigérian, Timipre Sylva, ont signé une déclaration commune visant à mettre en place une feuille de route, pour accélérer le processus de réalisation de ce projet. Le ministre nigérian, Timipre Sylva, a pris l’engagement, au nom de son pays, «de construire notre partie du gazoduc qui va jusqu’à Kano, à la frontière avec le Niger, et permettre au gazoduc de continuer sur le Niger et atteindre l’Algérie».
Pour sa part, le ministre nigérien, Mahamane Sani Mahamadou, a réaffirmé la volonté du Niger de contribuer significativement à ce projet commun. Le ministre algérien, Mohamed Arkab, a réitéré l’attachement de l’Algérie à l’aboutissement de ce gazoduc et sa disponibilité à mobiliser « tous les moyens » pour réussir le projet. Sa réalisation confirmera la position de l’Algérie comme acteur mondial majeur dans le domaine gazier, mais aussi comme pays résolument engagé dans le développement économique et social du continent.
Les projets à dimension africaine, lancés ou réalisés par l’Algérie, ne se limitent pas au gazoduc transsaharien, il y a également le projet de liaison par fibre optique, Algérie-Abuja, qui permettra d’accroître l’utilisation des TIC et de réduire ainsi la fracture numérique en renforçant la connectivité internet entre l’Afrique et l’Europe, ainsi que le projet de la route transsaharienne de 9 900 km qui traverse également le Tchad et le Mali, et qui a atteint un taux d’achèvement d’environ 90 %. Ce projet sera soutenu par la connexion entre trois ports en eau profonde- en Tunisie, en Algérie et au Nigeria- construits pour booster l’activité économique de la région.
M’hamed Rebah