L’Algérie ne cessera jamais de le répéter. Une question de décolonisation doit être traitée dans ce statut exclusif, sans marchandage, ni faux-fuyants et sans tourner le dos au droit et à la légalité internationales.
Et pourtant, le Maroc continue à faire peu de cas des résolutions onusiennes consacrant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Face à ce nouveau développement grave de la situation dans la région et auquel la communauté internationale assiste avec stupéfaction, l’Algérie a réagi, hier, pour rappeler sa position de principe, inflexible qu’elle tient au droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même sur la base du droit international.
En effet, la dernière normalisation actée de ses relations, de longue date, avec Israël, conclue en contrepartie d’une reconnaissance éhontée de sa supposée souveraineté sur le Sahara occidental, fait accroître à Rabat son sentiment de « marocanité » sur un territoire occupé. De surcroît, à travers une transaction douteuse, passée sous le parrainage du président américain Trump en passe de quitter la Maison Blanche, qui viole manifestement le plus vieux texte de référence sur la décolonisation des peuples opprimés (résolution 1514).
Ainsi, après avoir pris connaissance du détail de ce dernier épisode de normalisation avec l’État sioniste, dont les conséquences néfastes ne sont pas des moindres, d’autant qu’ils se passent à sa frontière Ouest, l’Algérie, par le biais de son ministère des Affaires étrangères a tenu à mettre les points sur les « i ». Dans un communiqué diffusé hier, le MAE a rappelé aux différents acteurs du « deal » que le droit international prime sur toute décision qu’elle soit unilatérale, bilatérale ou triangulaire, comme est le cas pour l’accord Trump-Maroc-Israël.
Autrement dit, la question du Sahara occidental, la dernière colonie d’Afrique faut-il le rappeler, ne peut pas être réglée en dehors du droit international. « Le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international et de la doctrine bien établie des Nations unies et de l’Union africaine en la matière, c’est-à-dire l’exercice authentique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux dispositions de la résolution 1514 (XV) portant octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, dont la communauté internationale célèbre, cette année, le 60ème anniversaire », précise le MAE.
Et aux dernières nouvelles, la proclamation faite par Trump jeudi passé s’est avérée être décidée une semaine auparavant, soit le 10 décembre précédent, révèle le MAE. En tout état de cause, souligne la même source, la proclamation du 4 décembre, annoncée le 10, est « sans effet juridique, car elle contrevient à l’ensemble des résolutions des Nations unies et notamment à celles du Conseil de Sécurité sur la question du Sahara occidental, la dernière étant la résolution 2548 du 30 octobre 2020, rédigées et défendues par le « porte-plume » américain ».
Au-delà du fait qu’elle soit illégale à tous points de vue, la proclamation du Maroc de la « marocanité » sur le Sahara occidental aura accentué davantage l’escalade militaire menée par l’Armée royale, le 13 novembre dernier, à El-Gueguerat et dont les hostilités se poursuivent toujours. Une proclamation, cite le MAE, qui « pourrait porter atteinte aux efforts de désescalade déployés tous azimuts en vue de préparer le terrain au lancement d’un véritable processus politique et de convaincre les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, de la nécessité de s’engager, sans conditions, sur la voie du dialogue, sous l’égide de l’Organisation des Nations unies, appuyée par l’Union africaine ».
Enfin, comme pour rappeler l’inflexibilité d’un principe diplomatique, l’Algérie, dont la position s’adosse à la légalité internationale contre la logique de la force et des marchés douteux, réitère son appui indéfectible à la cause juste du peuple sahraoui et à son droit à l’autodétermination.
Farid Guellil