La mise en œuvre de la pré-domiciliation bancaire a débuté, ce jeudi 17 mars, au niveau des banques publiques, en application d’une note émanant de la Banque d’Algérie (BA), datée du 13 mars de l’année en cours. À l’état embryonnaire, ce nouveau dispositif de contrôle et de facilitation du traitement des opérations du commerce extérieur enregistre, déjà, selon quelques indiscrétions, ses premiers couacs. La machine bancaire grince, nous affirme notre source. Le réseau bancaire est-il déjà saturé ?, s’est-on interrogé auprès du directeur de l’Agence de la Banque d’agriculture et du développement rural (BADR) d’Hussein-Dey, pionnière dans le lancement de la pré-domiciliation avant son officialisation par la BA. Notre interlocuteur semble être médusé quant à cette interrogation. «À notre niveau, tout se passe impéccablement. Une vingtaine de clients s’y sont déjà inscrits, et ont même reçu la validation de la part de notre direction générale en moins de 24 heures».
Au niveau de cette banque, trois des quatre phases ont été déjà passées avec succès, destinées aux opérateurs définis et reconnus comme activant dans les créneaux de l’importation et de l’exportation. Il s’agit de la phase «inscription client», de la phase «identification client et pré-domiciliation de la demande du client», et de celle de «contrôle et validation de la demande de pré-domiciliation au niveau central de la banque intermédiaire agréée», et ce, conformément aux directives de la note en question, qui, elle, se référencie à l’article 29 du règlement n°07-01 du 3 février 2007, lequel prévoit, «à l’exception des opérations en transit et des opérations à l’article 33 ci-dessous, toute opération d’importation ou d’exportation de biens et de services est soumise à l’obligation de domiciliation auprès d’un intermédiaire agréé». L’hospitalité et la coopération, dont ont fait preuve le directeur et les agents bancaires est exemplaire.
À suivre dans le souci d’améliorer l’attitude bancaire ! Notre enquête ne s’est pas arrêtée là, nous nous sommes rapprochés de la Banque d’Algérie, sise avenue Amirouche. En l’absence du directeur général pour deux jours, personne n’est en mesure de nous faire la moindre déclaration de nature à lever l’équivoque, quant aux prétendus couacs qu’aurait enregistrés le processus de pré-domiciliation.
Malgré l’acharnement des agents de sécurité de rendre notre passage à cette institution aussi agréable que possible, et de l’éloquence et de l’hospitalité dont a fait preuve le sous-directeur des opérations commerciales, nous sommes rentrés les mains vides en matière de renseignements.
La dernière destination, qui nous a été recommandée, n’est autre que la Villa-Joly, en face du Palais du peuple. Une fois encore, le chargé des opérations de pré-domiciliation bancaire nous a confirmé que tout se passe pour le meilleur du monde. Mystère et boule de gomme. Il n’en demeure pas moins que, selon des indiscrétions très au fait du dossier, la mise en application de ce dispositif, visant la traçabilité bancaire, et l’objectif de mettre fin aux pratiques douteuses de double facturations, de fausses déclarations et de faux documents, auraient dû être accompagnés de mesures incitatives et tablant sur son renforcement.
Parmi eux, un cycle de formation qui aurait dû être le préalable de son lancement, c’est ce que plaident, à juste titre, des agents bancaires qui ont requis l’anonymat. C’est dire la hâte avec laquelle elle a été mise en œuvre, soit un jour après la transmission de la note de la BA, provoquant, comme déjà rapporté dans nos précédentes éditions, le grincement des dents des importateurs. Car, beaucoup d’entre eux sont déjà liés par des contrats avec des opérateurs étrangers, et attendant la livraison d’une manière imminente de fournitures qu’ils ont demandées.
Depuis cette note, il ne peut y avoir de fournitures sans que l’importateur soit détenteur d’une notification de pré-domiciliation.
Zaid Zoheir