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La multiplication de déclarations contre le pouvoir le laisse supposer : Issad Rebrab, des ambitions pour 2019 ?

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Quelques mois seulement après la fameuse « prise de bec » qu’il a eue avec le ministre de l’Industrie et des Mines et ce, suite aux accusations de fraude que celui-ci lui avait portées à propos d’une usine de fabrication de produits électroménagers qu’il se proposait de réaliser à Bordj Bou Arréridj, les relations entre le patron de Cevital, premier groupe économique privé national, et les pouvoirs publics se sont de nouveau tendues ces derniers temps.

Le la, apparent, de cette nouvelle tension a été la saisine, en référé, de la justice, le 27 avril dernier, par le département ministériel de Hamid Grine, sur la légalité de la transaction de rachat par Ness Prod, une filiale du groupe Cevital, du groupe de presse El Khabar. Une saisine qui a été immédiatement suivie par une réaction courroucée, et c’est le moins qu’on puisse en dire, d’Issad Rebrab. Largement médiatisée de ce côté-ci de la Méditerranée comme de l’autre, celle-ci ne s’est pas limitée à l’affaire elle-même : le patron du groupe Cevital ayant, à l’évidence, délibérément choisi de la transplanter sur le terrain politique. Sur celui de la liberté d’expression, dans un premier temps, et sur celui de la contestation ouverte du pouvoir, dans un second. Saisissant l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté d’expression, il a, dans une déclaration faite à l’agence de presse française, AFP, qualifié une telle saisine « de coup de force contre la presse indépendante ». Et dans un furtif glissement vers le domaine politique, Issad Rebrab a ajouté que le pouvoir (en place) ne « voulait pas d’une presse qui a une ligne indépendante (de lui) ». Cette transplantation sur le terrain politique devient patente quand, interrogé récemment par une chaîne de télévision émettant à partir de la France, il appelle ouvertement au départ du pouvoir. Non sans prendre la précaution d’enrober son appel de considérations d’intérêt national. À l’évidence, pour souligner que ses motivations, ce faisant, ne sont nullement personnelles: « Ce pouvoir doit partir car il conduit l’Algérie à sa perte », a-t-il, en effet, déclaré à la chaîne Berbère TV. Sauf que la suite de ses déclarations laisse clairement apparaître que celles-ci s’inscrivent dans une démarche aux objectifs personnels. « Personnels », non pas dans le sens étroit de ce terme, mais dans celui large d’objectifs communs à une famille politique. Dans ce cas, celle à laquelle appartient le RCD, l’un des principaux animateurs de la Cnltd (Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique): la proximité politique, affichée de plus en plus ouvertement, ces derniers temps, existant entre le patron du groupe Cevital et le parti créé par Saïd Sadi, n’étant, en effet, un secret pour personne. Pour nombre d’observateurs de la scène politique nationale, les récentes « sorties médiatiques » du premier s’inscrivent toutes dans la perspective des prochaines échéances électorales. Notamment, de la prochaine présidentielle. Et ce, qu’elle soit anticipée ou qu’elle se tienne en 2019. Deux éléments tendent à conforter cette lecture des récentes déclarations d’Issad Rebrab : leur large médiatisation et le fait qu’une bonne partie (de ses déclarations) a consisté à s’étaler sur les pertes, en termes de création d’emplois et de volumes d’exportation, que le blocage, qu’il attribue au pouvoir, de nombre de projets qu’il devait réaliser, aurait fait perdre au pays. Dans l’intention évidente de frapper les esprits, surtout en ces temps de crise où le moindre petit centime et le plus petit emploi ont leur importance, le patron de Cevital a rappelé, avec force détails, les projets qu’il devait réaliser dans la région de Cap Djinet, en Kabylie maritime, n’était-ce, a-t-il déclaré,« le blocage du pouvoir ». Un blocage d’autant plus difficile à comprendre et à admettre, a-t-il judicieusement laissé entendre, que ces projets auraient, selon lui, « fait passer l’Algérie du stade de pays importateur à celui de pays exportateur et ce, dans plusieurs secteurs, de réaliser, annuellement, plus de 35 milliards de dollars d’exportation hors-hydrocarbures et de créer près d’un million d’emplois ». Tout en s’abstenant de discuter de la crédibilité et de ces données et des informations sur la responsabilité du pouvoir dans le blocage des projets prévus à Cap Djinet, les mêmes observateurs n’ont pas manqué de faire remarquer que le retour, en ce moment précis, que fait le patron de Cevital sur des projets annoncés, mais jamais réalisés, il y a une dizaine d’années déjà, a tous les relents d’une entrée précoce en campagne électorale ; une campagne axée, d’un côté, sur les capacités à booster l’économie nationale qu’il détiendrait et, de l’autre, sur celles de nuisance du pouvoir qui est ainsi accusé de les entraver. Et dont l’objectif est de gagner les gens à l’idée de la nécessité d’un départ urgent du pouvoir en place. Un départ qui passe impérativement, pour les promoteurs de la campagne précitée, par l’élection à la magistrature suprême,dans le cas où il viendrait à se porter candidat, d’Issad Rebrab ou, s’il s’abstenait de le faire, du candidat qu’il parrainerait et qui a toutes les chances d’être Saïd Sadi.
Mourad Bendris

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