Lors d’une intervention à Lanzarote, en Espagne, la militante sahraouie, Aminetou Hïidar a dénoncé la position du gouvernement espagnol qui appuie le prétendu plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. Pour elle, cette prise de position revient à conforter une occupation illégale et à légitimer les abus commis dans les territoires sahraouis. “En acceptant que le Sahara occidental se transforme en simple région autonome sous souveraineté marocaine, l’Espagne participe à la prolongation de l’occupation, facilite le pillage de nos richesses naturelles et couvre de graves violations des droits humains”, a-t-elle déclaré lors de la projection d’un documentaire retraçant son parcours, organisée par la fondation culturelle César Manrique. Lanzarote possède une symbolique particulière pour Aminetou Haïdar : c’est dans cette ville des Canaries qu’elle avait trouvé refuge en 2009 après avoir été expulsée par les autorités marocaines. Elle a sévèrement critiqué la décision de Madrid de soutenir le plan marocain, y voyant un “abandon délibéré” des responsabilités historiques et juridiques de l’Espagne, ancienne puissance administrante du territoire. Selon elle, l’État espagnol devrait assumer son rôle en œuvrant pour la décolonisation et en garantissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. “L’Espagne ne peut continuer à banaliser un récit qui légitime l’occupation”, a-t-elle insisté. Aminatou Haïdar a également dénoncé la complicité de certains gouvernements et multinationales qui, en poursuivant leurs investissements au Sahara occidental, “financent une occupation illégale au prix des souffrances d’un peuple”. Revenant sur son propre combat, elle a rappelé que son histoire dépasse sa personne : “C’est le témoignage d’un peuple qui endure depuis cinquante ans l’exil, la répression, la torture, les disparitions et l’occupation.” Elle affirme que les Sahraouis ne demandent ni privilèges ni concessions politiques, mais simplement “le respect du droit international”. Le documentaire présenté, intitulé “Aminatou : 50 ans d’occupation”, revient notamment sur la grève de la faim qu’elle avait menée à Lanzarote il y a seize ans, pour dénoncer son expulsion du Sahara occidental et la responsabilité partagée des autorités espagnoles et marocaines. Rappelant cet épisode, Aminatou Haïdar a exprimé une profonde gratitude envers les habitants de Lanzarote : “Lorsque j’ai été expulsée illégalement de mon pays par le régime d’occupation marocain, avec la complicité de l’État espagnol, les habitants de cette île ont été à mes côtés. Je reviens aujourd’hui pour leur témoigner une reconnaissance que je n’oublierai jamais.”
M. S.
