Alors que les spectateurs ont retrouvé le festival du film de Toronto après deux ans d’absence dus au coronavirus, les meilleurs réalisateurs d’Hollywood, de Sam Mendes à Steven Spielberg, ont mis l’évasion et l’expérience collective du cinéma à l’honneur avec leurs derniers films présentés pour la première fois à cet événement. Réalisateur de « American Beauty » et « 1917 », Sam Mendes a présenté lundi « Empire of Light », qui raconte une histoire d’amour dans un vieux cinéma des années 1980 en Angleterre. « C’était une manière de raconter une histoire sur la façon dont les films, la musique, la culture populaire et l’art en général (…) peuvent vous aider à guérir lorsque vous êtes brisé », a dit Sam Mendes sur le tapis rouge de Toronto. « Nous sommes ici parce que nous aimons les films, nous voulons les soutenir. Et je pense que nous avons tous senti que c’était peut-être parti pour toujours » durant le Covid-19, a-t-il confié à l’AFP. Le film met en vedette Olivia Colman en tant que responsable d’une salle de cinéma, qui est attirée par un employé charismatique et beaucoup plus jeune (Michael Ward) alors même qu’elle fait encore face à un chagrin personnel. Contrairement au film de Spielberg, qui a mis en vedette un jeune réalisateur aux prises avec le mariage de ses parents et le harcèlement antisémite, Mendes a choisi de ne pas se projeter dans « Empire of Light ».
« Danseuses aux seins nus »
Spielberg a dit aux participants à la première de « The Fabelmans » que l’arrivée de la pandémie l’avait motivé à faire ce film profondément personnel parce que « nous avions tous beaucoup de temps et nous avions tous très peur ». Présenté le week-end dernier au public, il s’agit un film semi-autobiographique sur son amour du cinéma lorsqu’il était enfant, et déjà considéré comme un favori pour les Oscars. Le directeur du festival de Toronto, Cameron Bailey, a indiqué à l’AFP que de nombreux films proposés cette année contenaient « une sorte de réflexion sur l’importance du film lui-même, de la narration visuelle, du fait de regarder des films ensemble et de cette expérience collective ».
Toujours à Toronto lundi, le réalisateur de « La La Land », Damien Chazelle, a donné aux festivaliers un bref aperçu de « Babylon », son ode très attendue au Hollywood hédoniste et empli de drogues des années 1920. Prévu en décembre, le film mettant en scène Brad Pitt, Olivia Wilde et Margot Robbie se penche sur les débuts obscurs du cinéma américain. Dans la première bande-annonce, on y voit des personnages fictifs mais inspirés de véritables vedettes de l’époque du muet prendre part à des soirées débridées mêlant monticules de cocaïne, éléphants et danseuses aux seins nus.
« Vie à l’extrême »
« L’idée était de capturer l’esprit de cette époque, qui est beaucoup plus, je dirais, +sauvage+ que la conception que l’on se fait des +années folles+ », a confié Damien Chazelle au public. « Il y avait plus d’excès, plus de drogues, un mode de vie plus extrême dans tous les sens du terme que beaucoup de gens ne le pensent. »
Le film, qui est toujours en cours de production et n’a pas encore été montré dans son intégralité au public, est déjà présenté par le studio Paramount comme un nouvel espoir de récompenses pour le réalisateur américain, qui a déjà remporté un Oscar avec « Whiplash » avant de recevoir celui du meilleur réalisateur pour « La La Land », le plus jeune de l’histoire. « Babylon » sortira dans un nombre limité de salles le jour de Noël – juste à temps pour être éligible aux Oscars en mars – avant une diffusion plus large en janvier.