Après un répit qui n’aura duré que quelques jours, le feuilleton judiciaire promet d’être plus chaud en ce début de semaine, puisque la Cour suprême devrait se saisir encore des dossiers de ministres et hauts fonctionnaires de l’État présumés impliqués dans des affaires de corruption. L’information a été, d’ailleurs, confirmée, par la Télévision nationale, qui a précisé que l’accélération de la cadence des auditions rime avec l’enrôlement de ces affaires et la programmation prochaine des procès. Ainsi, il est attendu que la valse des auditions des responsables et des hommes d’affaires se poursuive cette semaine, surtout que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a, lors de la cérémonie d’investiture promis que «l’État sera désormais plus vigilant concernant la gestion de l’argent public».
Également, le Président avait assuré, le jour de l’annonce des résultats des élections présidentielles, « que la lutte contre la corruption se poursuivra et que « la grâce présidentielle ne touchera pas les personnes impliquées dans des affaires de corruption ». Pour rappel, la semaine dernière a été marquée par l’audition de plusieurs ex-ministres et hommes d’affaires. C’est le cas, dimanche dernier, de l’ex-secrétaire général du parti FLN, Mohamed Djemaï qui a comparu devant le juge d’instruction de la chambre d’accusation du tribunal de Sidi M’hamed, pour répondre du chef d’inculpation de «destruction de documents officiels et de dissimulation d’un dossier qui devait faire l’objet de procédures judiciaires».
Lundi dernier, c’était le tour de l’ancien ministre de la Jeunesse et des sports, Mohamed Hattab, d’être auditionné par le conseiller-enquêteur à la Cour suprême. La même journée a été, notamment, marquée par l’audition, au niveau du tribunal de Sidi M’hamed, de l’ancien directeur général de la Sûreté nationale et ancien général-major à la retraite, Abdelghani Hamel, ses enfants et d’autres accusés dont six anciens walis. Le lendemain mardi, c’était au tour des anciens ministres des Transports et des Travaux publics, Amar Ghoul et Boudjemâa Talaï d’être auditionnés. Enfin, mercredi dernier a été marqué par l’audition des anciens ministres de l’Industrie, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, de l’ex-ministre du Commerce Amara Benyounès et de l’ancien ministre des Transports Abdelghani Zaâlane, ainsi que de l’homme d’affaires et patron de Cima Motors, Mahiédine Tahkout.
Mais force est de dire que ces auditions ne sont qu’une goutte dans la mer, puisque la justice a besoin de plus de temps pour concrétiser les promesses formulées en avril dernier par le général de Corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), qui avait assuré à l’opinion publique que les poursuites judiciaires s’étendront « à tous les dossiers précédents, comme l’affaire d’El Khalifa, de Sonatrach et du Boucher et autres dossiers relatifs à la corruption qui ont occasionné des pertes considérables au Trésor public ». Autrement, la justice a du pain sur la planche durant les prochains mois qui s’annoncent décisifs en ce qui concerne la lutte contre la corruption.
Lamia Boufassa
ARRÉTÉ POUR « INCITATION À ATTROUPEMENT »
Abdelkader Djeriou aujourd’hui devant le procureur
Au moment où un bon nombre des acteurs de la classe politique ne cessent de demander au pouvoir politique de «prendre les mesures d’apaisement nécessaires pour réunir les conditions pour amorcer un dialogue, les arrestations des militants continuent à s’opérer. C’est le cas, à Oran, où l’acteur et metteur en scène Abdelkader Djeriou, qui a été arrêté dans la soirée d’avant-hier, est placé en garde à vue au niveau du barrage de la gendarmerie d’Oued Tlilat (25 Km à l’Est d’Oran). Ce dernier sera, selon son avocat, Maître Mohamed Kerma, présenté aujourd’hui devant le procureur de la République, pour « incitation à attroupement ». Appelant à ne pas « dramatiser » les choses, l’avocat a assuré que l’affaire de Djeriou n’est pas « compliquée ». « On espère que la procédure de comparution immédiate soit appliquée », a-t-il dit, en rappelant que celui-ci a été arrêté après avoir diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux appelant les Algériens à marcher à Oran. Dans la foulée, il convient de noter que l’examen de fond dans l’affaire de l’activiste politique et ancien journaliste, Fodil Boumala, est prévu pour aujourd’hui, au niveau du tribunal de Dar El Beïda.
Lamia B.