Une vague internationale de condamnations s’abat sur Tel-Aviv après le vote préliminaire du Parlement de l’entité sioniste visant à légaliser l’occupation coloniale. L’OCI, la Ligue arabe et plusieurs États musulmans appellent à une action urgente pour stopper cette nouvelle escalade.
Le Parlement de l’entité sioniste, la Knesset, a adopté le 22 octobre, en lecture préliminaire, deux projets de loi prévoyant l’extension de la souveraineté de l’entité sur la Cisjordanie occupée. Cette démarche, qualifiée d’«annexion de facto » par plusieurs observateurs, vise notamment la colonie de Ma’ale Adumim, l’une des plus importantes du territoire palestinien. Le vote, perçu comme un pas supplémentaire vers l’intégration complète des colonies au sein de l’État sioniste, a provoqué un tollé international. Dans un communiqué, diffusé depuis Djeddah, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a rejeté « la demande illégale de la Knesset d’imposer le contrôle sioniste sur la Cisjordanie». L’organisation a dénoncé une « escalade grave visant à consolider une occupation coloniale illégale » et à détruire toute perspective de solution à deux États. L’OCI a rappelé que l’entité sioniste n’a aucune souveraineté sur les territoires palestiniens occupés, y compris El-Qods-Est, et que toute forme d’annexion ou de colonisation viole les résolutions du Conseil de sécurité et le droit international. Elle a exhorté la communauté internationale à agir politiquement et juridiquement pour reconnaître pleinement l’État de Palestine et mettre fin à l’occupation, conformément aux avis de la Cour internationale de Justice (CIJ).
Un front diplomatique uni contre la décision sioniste
Quatorze pays dont l’Égypte, la Jordanie, l’Indonésie, le Pakistan, la Turquie, l’Arabie saoudite, Oman, le Qatar, le Koweït, la Libye, la Malaisie, le Nigeria et la Palestine ainsi que la Ligue arabe et l’OCI, ont publié des déclarations conjointes condamnant les lois de l’entité sioniste. Ces États ont qualifié la mesure de «violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », notamment la résolution 2334, qui condamne toutes les tentatives sionistes visant à modifier la composition démographique, le caractère et le statut juridique des territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris ElQods-Est. Les signataires se sont félicités du récit consultatif publié par la CIJ la veille, confirmant l’illégalité de l’occupation sioniste et réaffirmant les obligations de l’entité au titre du droit humanitaire international, notamment la nécessité d’assurer aux populations palestiniennes l’accès à leurs besoins essentiels et aux programmes d’aide, en particulier ceux de l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens.
L’Iran dénonce une «politique de nettoyage ethnique»
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ismaïl Baghaï, a condamné, « dans les termes les plus fermes », la décision de la Knesset, la qualifiant de violation manifeste du droit international et d’extension de « huit décennies de spoliation et d’agression contre le peuple palestinien ». Baghaï a averti que cette politique vise à mettre en œuvre un plan de nettoyage ethnique dans les territoires palestiniens occupés et a tenu la communauté internationale pour responsable de toute aggravation de la situation si elle n’intervient pas immédiatement pour y mettre fin.
Pressions américaines et recul tactique de Netanyahu
Face à la levée de boucliers diplomatiques, les autorités sionistes ont finalement suspendu le processus d’adoption des lois d’annexion. Selon la chaîne publique Makan, le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, a ordonné de geler les textes « jusqu’à nouvel ordre », après un échange tendu avec le président américain Donald Trump, qui a menacé de retirer tout soutien américain à l’entité sioniste si le projet se concrétisait. Ophir Katz, chef de la coalition gouvernementale à la Knesset, a confirmé avoir reçu l’ordre « clair » de ne pas poursuivre le vote. « Le Premier ministre a imposé la discipline de parti après que certains députés ont enfreint ses directives et soutenu les projets de loi », a-t-il précisé. De son côté, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a estimé que le vote de la Knesset « menace les efforts de paix entrepris à Ghaza » dans le cadre de la fragile trêve soutenue par Washington. Il a affirmé que l’administration Trump « ne soutient pas cette démarche » et la considère comme « un danger pour la stabilité régionale ». Si la suspension du texte constitue une pause temporaire, plusieurs analystes soulignent qu’elle révèle la stratégie de long terme du gouvernement sioniste, qui poursuit, depuis des décennies, une politique d’annexion progressive des territoires palestiniens. La multiplication des colonies, la confiscation des terres et les lois de « souveraineté » en sont les instruments. Pour la communauté internationale, ce vote marque une nouvelle étape dans la normalisation de l’illégalité, une tentative de transformer l’occupation en situation permanente. Ce nouvel épisode confirme le caractère expansionniste du projet sioniste en Cisjordanie et la fragilité du consensus international face à l’entité. La trêve de Ghaza, encore précaire, risque d’être emportée par cette flambée politique, tandis que le peuple palestinien, privé d’État et de protection, continue de payer le prix de l’impunité.
M. Seghilani











































