Fallait-il en arriver là ? N’y avait –il pas place à une autre forme de sanctions ? Le joueur mérite-t-il un tel sort ? On peut ne pas en finir avec les questions à adresser à l’instance en charge de la gestion d’un football algérien qui n’en finit plus avec les scandales, le cas posé par l’espoir N°1 de nos si ennuyeuses compétitions qu’il quitte avec fracas et beaucoup de dégâts personnels, s’imposant comme l’incontournable sujet (pour tellement de raisons) d’un été s’annonçant des plus chauds. Pourri même.
Ferhat radié à vie des équipes nationales ! Plus un scoop depuis quelques jours déjà. Dans l’air. Une simple confirmation qui vient nous rappeler combien les mentalités sont à refaire dans une discipline appréciant les affaires scabreuses en tout genre. Une confirmation (on ne s’étalera pas trop sur la nature d’une sanction sûrement assez lourde pour faire débats au pluriel et encore moins sur la justesse d’une réaction de la part d’une instance pour qui, et c’est aussi logique que légitime, la professionnalisation passe par un changement radical des mentalités et on verra pourquoi dans le cas d’un joueur qui n’a pas su ou n’a pas été suffisamment inspiré pour garder les pieds sur terre en entachant son immense talent par des comportements déplorables) qui sonne comme un message cinglant à l’adresse d’un personnel (pas seulement du côté des joueurs, le traitement réservé à l’affaire Ain Fakroun, relégué, une première chez nous, en division inférieure pour atteinte à l’éthique faisant foi) footballistique ne connaissant décidément par ses limites, les frontières entre le respect de l’essence du sport, la combine, la diffamation et le jeu de coulisses ne tenant souvent ou toujours qu’à un tout petit fil. Comme on le craignait (du côté des proches du joueur évidemment) Zinedine Ferhat devra payer un lourd tribut à ses écarts disciplinaires répétés et écope sans surprise (les membres ont été unanimes en faisant corps avec le président Raouraoua pour expédier un dossier réglé en deux temps trois mouvements) d’une radiation à vie de toutes les sélections nationales comme le stipule le communiqué du bureau fédéral de la FAF de toutes les sélections nationales. La décision – on insiste- a été prise à l’unanimité vu les griefs retenus contre le «mis en cause » traduit auparavant (en son absence mais représenté par son père et néanmoins agent qui présentera des arguments ne convaincant finalement personne à voir la célérité avec laquelle le verdict a été prononcé et l’unanimité dans la prise de décision) en conseil de discipline pour, entre autres, avoir refusé de répondre aux convocations de la sélection nationale Olympique. Un Ferhat tout heureux d’avoir décroché un contrat pro du côté de la ville de Le Havre, le doyen des clubs français officiant actuellement en Ligue2 et ambitionnant de revenir à l’élite au plus tôt mais auquel, et c’était prévisible, on ne lui pardonnera pas d’avoir fait des choix contestables en zappant carrément les couleurs de son pays pour une aventure hors frontières sur les modalités de laquelle il faudra revenir particulièrement en ce qui concerne la rémunération (on dira, et c’est légitime, que le natif de Bordj Menaiel, séduit par le projet proposé, a choisi le challenge sportif) lui qui percevait, dit-on, un salaire autrement plus attractif dans son ancien club, l’USM, avec laquelle il vient de remporter le championnat d’Algérie après avoir disputé une finale de Ligue des champions africaine. Dans une déclaration laconique, Mohamed Raouraoua reviendra sur les raisons qui ont conduit les membres du BF à ne pas céder aux sentiments et fait montre d’une réaction que beaucoup qualifieraient de disproportionnée au vu de la qualité du joueur et de son jeune âge (on dira expérience, non sans ajouter que sur la question, il cèdera à la précipitation de son entourage coupable de ne pas l’avoir aiguillé dans le bon sens) en mettant l’accent, à l’occasion, sur son comportement irresponsable et sur ses nombreuses dérives le qualifiant d’élément «perturbateur» : On peut lire (dixit le président de la FAF) : «Ce joueur est un récidiviste. Nous avons fermé les yeux sur nombre de ses dérapages.» Un joueur qui, et toujours selon Raouraoua, «ne connaît pas ses limites pour avoir été rappelé sans cesse et sans résultat finalement, à l’ordre.» Comment l’ex-coqueluche de Bologhine a accueilli la sentence ? Un réveil difficile pour un talent prometteur qui voit sa carrière, malgré l’appel des sirènes outre Méditerranée, un tournant décisif de son évolution professionnelle singulièrement terni. Ferhat, qu’on présente désormais dans la peau d’un enfant terrible devra maintenant digérer, lui qui sert au passage d’exemple à nos stars en herbe, ce coup de massue et se dire que la meilleure manière de réussir dans ce métier (il est appelé à en apprendre les rudiments dans cette école havraise qui a servi, et de quelle manière, de tremplin à un certain Mahrez) est d’en tirer les leçons. En s’entourant notamment de bons conseillers. Pour Raouraoua, s’en était trop et il fallait sévir et durement devant les agissements d’un jeune pétri certes de qualités et qui traînera comme un boulet et «depuis la CAN-U20 avec Nobilo une réputation de joueur à problèmes et réfractaire à toute discipline (des écarts curieusement tus par le staff technique et les responsables sur place tant au Sénégal lors de la CAN 2016 en janvier dernier et en Corée du Sud, lors de la récente tournée asiatique qui a vu nos U23 promenés en long et en large par leurs hôtes». Un vrai, immense gâchis pour un garçon des plus prometteur dans l’obligation de mettre, comme beaucoup d’autres hirondelles les ailes vite brûlées mais pour d’autres raisons, une croix définitive sur le maillot vert et blanc. Amères désillusions pour un «futur grand» qui ne connaîtra pas, sauf heureux rebondissement (une grâce par exemple) l’ivresse d’une phase finale de CAN. Encore moins celle d’un Mondial où il aurait eu l’occasion de briller (bye bye les J.O au passage) et mettre les recruteurs des grands clubs de la planète à ses pieds. Une dernière question. Pourquoi une telle sévérité ? On peut croire que pour avoir été formé à l’Académie de la FAF, il devait payer les frais de ses errements. Pour servir de leçon. Il le mérite ? Pas à nous de répondre mais le message est là. Aussi clair que l’eau de roche. Avis aux amateurs suggère, à notre sens, la FAF qui montre qu’elle ne prendra pas de gants pour sévir. Encore plus durement.
Par Azouaou Aghiles