La scène culturelle du Sahara occidental regorge d’intellectuels et d’artistes qui cherchent à mettre en valeur les composantes culturelles et civilisationnelles du peuple sahraoui, à travers leurs œuvres créatives destinées à défendre leur cause juste et leur droit à l’autodétermination.
Le romancier sahraoui Sid Hamdi Yahdhih affirme que « le rôle des intellectuels sahraouis au service de leur cause constitue un front supplémentaire de résistance et de lutte, parallèle aux fronts, de lutte militaire et du travail des médias, car la culture est un affluent de lutte qui met en valeur le patrimoine culturel du peuple sahraoui à travers la tradition orale populaire, les écrits littéraires ou la réalisation de films ou de reportages révèle aux autres notre particularité de peuple appartenant à sa terre et à son territoire .. ». Le romancier a estimé que « les artistes et créateurs sahraouis sont plus que jamais présents sur le terrain, s’efforçant de mettre en lumière et faire connaître leurs œuvres, malgré le manque de moyens et les nombreux obstacles auxquels ils font face « . Dans ce contexte, il a estimé que « tous les intellectuels sahraouis consacrent actuellement l’essentiel de leur travail à « servir la cause juste de leur pays », car, ajoute-t-il, « nous faisons partie du processus médiatique visant à soutenir la lutte du peuple sahraoui et à révéler la vérité sur plus d’un front », tenant à louer la précieuse aide de l’Algérie, qui, « contrairement au reste des pays arabes, les soutient et leur fournit les moyens de communiquer et « faire retentir leur voix dans le monde », et cela est « d’une importance cruciale ». a-t-il encore souligné. De son côté, Mustapha Mohamed Lamine Al-Kettab, membre de l’Union des écrivains arabes et représentant du Front Polisario au Machreq arabe, confirme que « malgré la présence de nombreux obstacles, notamment ceux liés à l’impression, à l’édition et à la distribution, il existe une manifestation artistique positive de l’esprit chez les générations de créateurs qui ont accompagné la lutte du peuple sahraoui et sont bien conscients que la lutte ouvre les esprits et donne à l’écrivain et à l’artiste un espace de créativité et d’expression de son engagement pour la cause ».
« La scène littéraire sahraouie compte nombre d’écrivains, de poètes, de dramaturges et de cinéastes, à l’instar de la poétesse Nana Labat Rashid, et le pionnier de la poésie populaire locale en langue hassanie, Zaim Allal Daf, aux côtés d’Ibrahim Mustapha El-Bar Abdedayem, le poète de la révolution, Bachir Ali Abderrahmane, et d’autres jeunes, sans oublier le producteur et dramaturge Mohamed Ghali, qui occupe actuellement le poste de Secrétaire général du ministère sahraoui de la Culture », a ajouté Mustapha Mohamed Lamine. Dans le 4e Art, la directrice du Théâtre national sahraoui, Mouna Mohamed Salem, affirme que ce dernier « est composé d’écrivains et dramaturges, entièrement acquis à la cause de leur patrie, tous prêts à relever le niveau du théâtre sahraoui », car renfermant un art expressif qui a la capacité de défendre et de faire connaître la cause sahraouie ». La première responsable du Théâtre sahraoui a apprécié la coopération algéro-sahraouie, couronnée, au début de l’année 2024, avec la création du « Théâtre national sahraoui professionnel ».
Le cinéma au service de la cause
De son côté, la production cinématographique attache une grande importance pour les créateurs sahraouis, dont le jeune cinéaste, réalisateur Mohamed Souleiman, qui déclare, à ce propos, avoir commencé à « réaliser ses courts métrages dans le camp des réfugiés de Smara », affirmant avoir travaillé sur « des contenus artistiques qui racontent la réalité du peuple sahraoui et ses revendications pour son droit à la liberté et à la récupération de ses terres ». Pour sa part, le directeur des études de l’école de cinéma sahraouie baptisée, »Chahid Abidin Kaid Saleh », du camp de réfugiés de Boujdour, Hamdi Feradji Hamadi, a déclaré que cet établissement artistique poursuit son activité d’enseigner aux étudiants les techniques de production cinématographique et audiovisuelle, « dans le but d’utiliser le cinéma comme mécanisme de défense des droits du peuple sahraoui à l’indépendance ». Le directeur des études explique que cette école, « malgré les dures conditions de vie et le manque de moyens, a su produire des films purement sahraouis, brisant le mur qui isolait les Sahraouis du monde », soulignant que ses créateurs « ont réussi à réaliser des films qui touchent à diverses problématiques politiques, à travers des sujets sociaux et culturels », à l’instar de « Le prix de la beauté » d’Ahmed Mohamed Lamine et « A la recherche du terfas » de Fadhel Mohamed Salem. M. Hamadi a ajouté que l’école « cherchait toujours à participer aux événements cinématographiques internationaux », le Festival international du film au Sahara occidental (FiSahara) et le Festival des droits de l’homme de San Sebastian en Espagne, notamment, dans le but d’exposer la question sahraouie et prouver notre existence en tant que un peuple libre ». Il a conclu en affirmant qu’au cours des dernières années, « une grande demande » de la part de la jeunesse sahraouie a été notée, pour apprendre les bases des différents métiers liés à la pratique du septième art et de l’audiovisuel, expliquant cela par « le désir de ces jeunes cinéastes sahraouis de consigner leurs souffrances avec l’occupant », et d' »incarner le rêve de leur retour à la mère patrie, en plus de documenter leur culture nationale et de préserver la mémoire collective des Sahraouis ».
APS