Hausse des rémunérations, attention particulière en vue de répondre aux demandes des logements et, aussi, amélioration des conditions de travail et développement des canaux de dialogue. Telles sont les décisions phares prises au terme de la réunion interministérielle, dimanche dernier, qu’a présidée le Premier ministre pour l’examen de la liste revendicative des policiers protestataires des Unités républicaines de sûreté.
Outre qu’il s’agit, là, de réponses favorables à un plus grand nombre des 19 doléances exprimées par les éléments des URS, ces décisions véhiculent, faut-il le souligner, une invitation à l’apaisement par les pouvoirs publics. Ces décisions annoncées, dimanche, ont été, certes,, sans surprise au regard des engagements pris par le Premier ministre, au terme de sa rencontre, mercredi passé, avec les représentants des policiers contestataires des URS, rassemblés au siège de la présidence de la République. Réponses satisfaisantes pour ces contestataires, qui voient leur salaires en hausse, avec la mise en œuvre d’une indemnité au profit des agents de la Sûreté nationale, avec effet rétroactif, à compter du 1er novembre 2014. Si les décisions annoncées, relatives aux questions pécuniaires, conduisent à une hausse des salaires, non pas le salaire de base, notons-le, il a été question dans le communiqué précité, du rappel, de la suspension de l’article 87 bis, dès l’année prochaine qui mènera à son tour, à «une autre amélioration substantielle de certaines rémunérations» mentionne-t-on. Une mesure, faut-il le rappeler, qui touchera l’ensemble des travailleurs et employés, dont ceux de l’Institution de la Sûreté nationale, laquelle, rappelons-le, relève de la Fonction publique. À ce propos, le document sanctionnant la réunion interministérielle de Sellal a tenu à rappeler les suites qu’engendrera la suppression de l’article 87bis, question qui a été, largement médiatisée et non ignorée par l’ensemble des travailleurs, dont les employés de la Fonction publique.
Par ailleurs, il y a lieu de s’attarder sur la question soulevée par les contestataires, relative aux pressions et aux atteintes, dont ils font l’objet, à laquelle la réunion de Sellal a apporté des réponses. Dans le point 12 de la liste revendicative des policiers contestataires des URS, il est demandé «de donner l’ensemble des prérogatives à la police, lors de l’accomplissement de ses missions dans son traitement des pressions et des atteintes qu’ils subissent», est-il mentionné «de la part de responsables de l’État, ainsi que des hommes d’affaires», lit-on.
«Garantir aux agents de la Sûreté nationale les conditions d’exercer pleinement leur mission sans entrave, dans le strict respect des lois de la République», est-il indiqué dans le communiqué final du conclave de Sellal. Aussi, il est également question «d’assurer la protection des agents de la Sûreté nationale», et ce, «dans l’exercice de leurs fonctions devant les juridictions avec l’assistance d’avocats conventionnés par la DGSN (Direction générale de la Sûreté nationale, ndlr). La doléance précitée des protestataires n’est-elle pas une sonnette d’alarme sur ce genre de pratiques qui prennent des proportions alarmantes, à divers niveaux, et à plus d’un titre. Citant à titre d’exemple, la pratique la plus simple, dont nul n’ignore, mais suffit-elle, à elle seule, de saisir sa portée. Combien sont les citoyens conducteurs de véhicules -particuliers ou employés chauffeurs- qui ne se souciant pas de se voir retirer leur permis de conduire, après violation du Code de la route, constatée par un agent de circulation, car convaincu qu’il le reprendra, par une autre voie, et sans être inquiété? Simple exemple, qui paraît anodin pour certains, mais qui révèle, on ne peut mieux, une atteinte lourde de sens. Outre l’atteinte à la mission de l’agent de circulation, lequel est un fonctionnaire de l’État, cette atteinte est aussi à l’adresse du rôle de l’État, lequel est fondamentalement l’exercice de son autorité, pour le respect et l’application des lois de la République, faut-il le rappeler.
Ceci dit, s’il est fait part de pression de la part d’hommes d’affaires, comme indiqué dans le point n° 12 de la liste revendicative de policiers contestataires des URS, ce qui révèle, encore une fois, l’ampleur de l’exercice «du pouvoir de l’argent» dans notre société, poussant à un état de déliquescence à divers niveaux.
Nos experts, notamment nos sociologues, n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme sur l’impact de la dévalorisation des valeurs et de l’éthique, dans la vie socioéconomique, et aussi politique dans le pays, avertissant sur son impact, notamment, sur le rôle de l’État.
Karima Bennour