La colonisation de l’Algérie par la France de 1830 à 1962 s’est illustrée par la promotion d’une stratégie politique et militaire par les autorités coloniales françaises visant la destruction de tout référent à l’existence du peuple algérien réparti sur une géographie bien définie, l’Algérie.
Un siècle durant, le quotidien des algériens était rythmé par les génocides et les crimes barbares commis par le système politique de la France coloniale en Algérie, dont ses traces et effets ainsi que ses conséquences en témoignent à ce jour.
Les histoires individuelles ou collectives des algériens, des villes et des villages d’Algérie ne cessent de révéler, l’étendue de la barbarie de l’Empire colonial français en Algérie, durant un siècle, dont ses effets perdurent, à l’exemple des conséquences de ses expériences nucléaires à Reggane, causant à ce jour des maladies et des malformations chez les nouveaux nés. Ou bien par la perte d’un bras ou d’une vie, par l’explosion d’une mine ou d’une grenade de l’armée coloniale française. « Les bienfaits de la colonisation », comme le rappellent souvent les nostalgiques de « l’Algérie française » qu’ils soient de la gauche ou de la droite française, sont aussi, faut-il le leur rappeler, des enfants, des vieux, des femmes et des hommes murés dans des grottes par décisions des autorités coloniales pour être ensuite assassinés, sans état d’âmes, en les enfumant, car l’empire colonial les considérait des sous humains, même après la proclamation à Paris, de la déclaration des Droits de l’Homme, en Décembre 1948.
De la systématisation des « razzias » par le général Lamoricière, au début de la colonisation à la mise en place d’une politique de la « terre brûlée » par le maréchal Bugeaud, l’Histoire de l’humanité condamne sans ambiguïté le colonialisme en général, et en particulier l’Empire colonial de la France en Algérie, car il était des plus horribles, une colonisation de peuplement, et donc l’extermination du peuple algérien par tout les moyens et sur tous les fronts de la vie socio-économique, et politico-culturelle. Durant la période allant de 1830 à 1871, la France s’est lancée dans une politique génocidaire émaillée de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité plus horribles les uns que les autres. Les positions de ces différents acteurs, militaires et acteurs politiques français, penseurs libéraux ont montré de l’enthousiasme quasi unanime que suscitaient les conquêtes coloniales au sein des opinions publiques européennes en général et française en particulier et les crimes les plus horribles étaient acceptés, voire soutenus et justifiés, car les Algériens colonisés n’étaient pas considérés comme des êtres humains à part entière mais comme une sous-humanité à part.
C’est ce qui a été souligné, hier, lors du Forum d’El-Moudjahid, consacré aux crimes coloniaux, à l’initiative de l’Association Mechaal Echahid, animé, par l’historien Mohamed Lazhar Zridi et l’Avocate Fatma Zohra Benbraham. Abordant les aspects juridiques permettant la restitution des têtes des valeureux résistants contre l’occupation française dès ses premières heures, l’avocate a affirmé, hier, que « les lois et l’éthique nous sont largement favorables pour que nous restituons du Mussé de l’Homme de Paris, les crânes de nos valeureux martyrs et qu’ils puissent être enterrés dans la terre pour laquelle ils se sont sacrifiés».
Pour la conférencière si tout le monde parle des 36 têtes, nombreux sont les documents français, et les témoignages de militaires, de médecins et acteurs politiques de la France coloniale, qui attestent que « des ossements d’algériens, notamment des femmes, après avoir été tuées par des soldats français, leurs mains et pieds furent coupés, pour les garder avec leurs bijoux, bracelets, bagues et khelkal » a-t-elle indiqué.
Restitution des 36 crânes des martyrs de la résistance algérienne, incessamment
Pour le Musée de l’Homme de Paris, celui-ci est « prêt » à examiner « favorablement » la demande de restitution des 36 crânes des martyrs résistants algériens, morts au champ d’honneur, sur les chemins pour la liberté et l’indépendance de l’Algérie. Conservés depuis plus d’un siècle, les crânes en question, pour la plupart appartiennent à Mohamed Lamjad Abdelmalek dit « chérif Boubaghla », Cheilh Bouziane, le chef de la révolte des Zaâtcha en 1849, dans la région de Biskra, Moussa El-Derkaoui et Si Mokhatar Ben Kouider Al-Titraoui.
Aussi la tête momifier d’Aissa El-Hamadi, qui fut le lieutenant de Mohamed Lamjad Abdelmalek, en fait partie, de même que le moulage intégral du valeureux lieutenant de l’Emir Abdelakader, Mohamed Ben –Allel Ben Embarek. Celui-ci, son descendant Ahmed M’Barek Ben Allel, présent, hier, a interpellé les autorités algériennes, à « consentir d’avantage d’efforts à divers niveaux » pour, a-t-il souligné « la sauvegarde de la mémoire et du devoir de reconnaissance des martyrs algériens, morts dès les premières heures de la colonisation française jusqu’à 1962». Le directeur des collections au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris, Michel Guiraud, qui a souligné, pour rappel, qu’il n’y a « aucun obstacle juridique » pour la restitution des 36 crânes « nommés et identifiés :ndlr) », donc, a-t-il précisé, dernièrement aux Médias « non considérés comme patrimoine de la France », alors que de son côté L’avocate Benbraham, affirme que la loi internationale consacre le principe du respect des restes mortuaires, ne pouvant faire partie ni d’une collection ni exposés dans un musée » a-t-elle précisé. Pour l’empire colonial français, l’inhumanité était érigée en règle par les colonisateurs, qui divisaient les hommes en deux catégories : les/humains et les colonisés des infrahumains, et le déplacement de ces 36 crânes, depuis plus d’un siècle, en est l’illustration de la nature barbare des crimes coloniaux de la France en Algérie.
Karima Bennour