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KUSHNER ET WITKOFF ET LE GÉNOCIDE À GHAZA : Les porte-voix du déni américain 

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En niant l’évidence des massacres, les émissaires de Washington se rendent complices du mensonge israélien et de la déshumanisation d’un peuple martyrisé.

Dans un entretien accordé à la chaîne américaine CBS News, Jared Kushner et Steve Witkoff ont franchi une nouvelle étape dans l’indécence diplomatique : ils ont refusé de qualifier de génocide la destruction systématique du peuple palestinien à Ghaza. 

Interrogés frontalement sur les crimes commis, leur réponse a été glaçante de cynisme : « Non. » Ces deux émissaires américains, censés incarner une voix de médiation, ont en réalité défendu l’indéfendable. Jared Kushner, gendre et ancien conseiller de Donald Trump, s’est contenté de vanter la « bonne volonté » de la résistance palestinienne à respecter l’accord de cessez-le-feu, comme si l’effondrement total d’un territoire, la mort de dizaines de milliers d’enfants, et la faim imposée à une population entière n’étaient qu’un simple désaccord militaire. « Quand j’ai visité Ghaza, j’ai demandé aux gens où ils rentraient », a-t-il raconté. « Ils m’ont répondu : à nos maisons détruites, où nous dressons une tente. » Une phrase qui aurait pu être un aveu. Elle n’est qu’une banalité creuse, prononcée sans compassion réelle, sans reconnaissance de la barbarie qui s’est abattue sur Ghaza depuis plus de deux ans. Kushner observe la misère comme on contemple un décor de ruines, sans jamais oser nommer le crime : la destruction méthodique d’un peuple. Steve Witkoff, envoyé spécial pour le Moyen-Orient, a poursuivi dans la même veine, niant tout génocide et qualifiant la guerre d’« affrontement », comme si les bombes, les famines et les corps mutilés n’étaient que les conséquences d’une bataille ordinaire. Il est allé jusqu’à défendre Benyamin Netanyahou, rejetant l’idée que le Premier ministre israélien ait pu retarder la libération des prisonniers israéliens à des fins politiques. Witkoff a même osé affirmer que « les États-Unis ne permettront à aucune partie de violer les termes du cessez-le-feu ». Pourtant, depuis que l’accord est entré en vigueur le 9 octobre 2025, Israël bombarde toujours Ghaza, bloque toujours le passage de Rafah et empêche toujours l’entrée de l’aide humanitaire. Washington ferme les yeux. Pire : il justifie. Cette hypocrisie n’est pas nouvelle. Elle est structurelle. L’administration américaine parle de paix tout en armant l’agresseur, parle de droits humains tout en protégeant l’oppresseur, parle de cessez-le-feu tout en soutenant le blocus. Le langage diplomatique devient une arme, et les mots, un camouflage du crime. Dans un passage presque surréaliste, Witkoff a révélé que Donald Trump avait demandé à Netanyahou de « s’excuser auprès du Qatar » après un bombardement israélien contre des installations proches de la mission humanitaire qatarie. « Nous ne pouvions pas avancer sans ces excuses », a-t-il dit. Comme si quelques mots pouvaient effacer des années de sang, de ruines et de désolation. Trump ordonne des excuses à un allié, tandis que Ghaza s’effondre. Le contraste est obscène.

68 000 morts passés sous silence américain complice 

Ce cessez-le-feu que Washington prétend défendre met officiellement fin à une guerre d’anéantissement commencée le 7 octobre 2023. Une guerre menée avec son soutien, ses armes, son veto, son silence. Le bilan est vertigineux : plus de 68 000 martyrs, plus de 170 000 blessés, dont la majorité sont des femmes et des enfants. Des familles entières rayées de la carte, des hôpitaux pulvérisés, des écoles effacées du paysage, des mères cherchant les restes de leurs enfants sous les gravats. Et pourtant, pour Kushner et Witkoff, ce n’est « pas un génocide ».  Leur refus d’employer ce mot n’est pas un simple désaccord sémantique : c’est une complicité morale, un acte politique. Nommer un génocide, c’est reconnaître une responsabilité. Le nier, c’est le prolonger. Depuis la mise en œuvre de l’accord, Israël continue de violer chaque jour les termes du cessez-le-feu : frappes aériennes sous prétextes fallacieux, exécutions sommaires, blocus de l’aide, fermeture du passage de Rafah. Les violations sont documentées, les crimes visibles, les preuves accablantes. Mais le silence américain demeure. Tant que des voix comme celles de Kushner et Witkoff seront invitées à parler au nom de la paix, le mot « justice » restera une illusion. Leur déni n’efface pas les faits : à Ghaza, un peuple a été piégé, bombardé, affamé, puis nié dans son humanité même. Et l’histoire retiendra que, pendant que les Palestiniens creusaient pour enterrer leurs morts, Washington, lui, creusait pour enterrer la vérité.

M. Seghilani 

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