Les besoins humanitaires ont atteint des sommets en raison de la multiplication des crises à travers nombre de pays en Afrique et au Moyen Orient, où plus de 130 millions de personnes sont confrontées à une situation d’urgence, alors que le monde célèbre la Journée mondiale de l’aide humanitaire.
Célébrée le 19 août de chaque année, cette journée intervient après le premier Sommet humanitaire mondial des Nations unies à Istanbul. Les leaders de 135 pays s’y étaient engagés collectivement à réduire les souffrances et aider davantage les populations vulnérables. Mais le défi est loin d’être relevé en raison notamment du manque dramatique de financement. Moins d’un tiers des 21,6 milliards de dollars nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires les plus urgents en 2016 ont été collectés pour le moment, selon les Nations unies. Le prochain sommet de l’ONU pour les réfugiés et les migrants, prévu le 19 septembre représente une chance historique pour les nations de travailler ensemble et de partager ces responsabilités. Cette journée est également l’occasion de se souvenir des travailleurs qui ont perdu la vie dans le cadre de leurs fonctions. Ces 20 dernières années, 3 946 travailleurs humanitaires ont été tués, blessés ou kidnappés. Représentant 83,5 % des victimes, les équipes nationales sont les plus vulnérables à ce type d’attaques. Les pays les plus dangereux pour les humanitaires sont l’Afghanistan, la Somalie, la Syrie, le Yémen et le Soudan du Sud, note CARE (Association de solidarité internationale).
Situation humanitaire à travers le monde: faits et chiffres
C’est la première fois depuis la Seconde guerre mondiale que le seuil des 60 millions de personnes déplacées est franchi à travers le monde, au Yémen, Soudan du Sud et autres. Il faut admettre néanmoins, que la guerre en Syrie demeure l’épicentre de la plus grande crise humanitaire et politique de l’actuelle génération, qui dure depuis plus de cinq ans, faisant plus de 290.000 morts et poussant à l’exode plus de la moitié de la population, selon des chiffres de l’ONU.Quelques 13,5 millions de Syriens, soit environ 70 % de la population, dépendent aujourd’hui de l’aide humanitaire en termes d’eau, de nourriture, de logements, et de services de santé. Rien que cette année, la réponse à la crise humanitaire en Syrie et dans la région devrait nécessiter près de 8 milliards de dollars.Dans les villes assiégées, jusqu’à 1 million de Syriens, (la population de réfugiés la plus nombreuse au monde) sont privés de nourriture, d’eau et de médicaments, acheminés par camions dont le passage est volontairement bloqué. à la veille de la Journée humanitaire mondiale, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé avoir suspendu la mission humanitaire en Syrie en raison de la poursuite des combats.
Scolarité, priorité des priorités
Si l’eau courante, la nouriture, les vêtements ou une maison, sinon un abri, semblent être des choses basiques pour les réfugiés ou/et déplacés, la scolarité reste un luxe pour nombre d’enfants dans le monde, notamment les victimes du conflit en Syrie, le plus plus important drame humanitaire depuis la seconde guerre mondiale.Dans un rapport intitulé «Nous avons peur pour leur avenir», Human Right Watch (HRW) critique «les obstacles à l’éducation» des milliers d’enfants de réfugiés syriens en Jordanie. Selon HRW, les enfants syriens non scolarisés depuis trois ans ou plus n’ont plus le droit de retourner à l’école. La Jordanie exige aussi l’enregistrement des enfants comme demandeurs d’asile, une condition que de nombreux syriens ne peuvent remplir, notamment faute de documents. Plus d’un tiers des enfants syriens en âge scolaire enregistrés par le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) en Jordanie, soit 80.000 sur 226.000, n’ont pas été scolarisés au cours de la dernière année scolaire, selon le rapport. Le royaume hachémite a fait face à une arrivée massive de réfugiés depuis le déclenchement du conflit syrien en 2011. Selon l’ONU, le pays accueille quelque 630.000 Syriens enregistrés auprès du HCR, mais Amman évalue leur nombre à plus de 1,3 million.
Catastrophes naturelles, crises oubliées
Les populations victimes des catastrophes de cause naturelle (séisme, sécheresse, inondations, épidémies…) ne reçoivent pas assez de soutien international. Outre la couverture médiatique insuffisante, le manque d’intérêt des bailleurs de fonds ne joue pas en faveur des populations désireuses de se reconstruire. à titre d’exemple, au Népal, quatre millions de personnes vivent toujours dans des abris provisoires, selon la Fédération des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, une année après le séisme qui a dévasté le pays en 2015.