Des dizaines de journalistes se sont rassemblés hier devant le complexe médical Nasser dans la ville de Khan Younès, au sud de la bande de Ghaza, pour célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Ce rassemblement a été marqué par des portraits des journalistes martyrs, tombés pendant la guerre d’extermination lancée par Israël contre la population palestinienne. Les organisations des prisonniers palestiniens ont dénoncé, dans une déclaration publiée à cette occasion, la poursuite de l’agression systématique menée par Israël contre les journalistes palestiniens. Elles ont mis en lumière la politique d’arrestations massives et de meurtres ciblés depuis le début de la guerre d’extermination en cours. Ces institutions affirment que cette phase est la plus sanglante de l’histoire du journalisme palestinien, et selon le syndicat des journalistes palestiniens, plus de 200 journalistes ont été tués depuis le début du conflit. Les institutions des prisonniers, telles que la Commission des affaires des prisonniers, le Club des prisonniers palestiniens et l’Organisation des droits de l’Homme Al-Dameer, ont signalé que près de 180 cas d’arrestations et de détentions de journalistes ont été recensés depuis le début des exactions israéliennes. À ce jour, 49 journalistes restent emprisonnés, dont 6 étaient déjà en détention avant la guerre. Le texte souligne également que la politique d’Israël envers les journalistes palestiniens a consisté non seulement en des assassinats ciblés, mais aussi dans des pratiques de persécution de leurs familles. De nombreuses familles de journalistes ont également perdu la vie lors de cette guerre d’extermination. Ces exactions s’inscrivent dans une dynamique plus large d’attaques contre la liberté de la presse et de répression des voix dissidentes palestiniennes. En outre, les organisations mentionnent que des journalistes comme Nidal Al-Wahidi et Haitham Abdul Wahid sont toujours portés disparus depuis le 7 octobre 2023, sans que les autorités israéliennes n’aient fourni d’informations sur leur sort. Israël continue de recourir à des pratiques telles que les disparitions forcées et l’emprisonnement administratif de journalistes. Actuellement, 19 journalistes sont détenus sous ce régime administratif, une méthode d’emprisonnement sans inculpation ni procès, qui touche de plus en plus de Palestiniens. Les attaques israéliennes se sont également étendues aux réseaux sociaux, qu’Israël utilise désormais comme prétexte pour réprimer la liberté d’expression. Des accusations floues de « provocation » et de « sympathie » sont utilisées pour poursuivre les journalistes et les militants. Les journalistes incarcérés subissent les mêmes traitements inhumains que les autres prisonniers palestiniens, incluant la torture physique, les privations alimentaires, les maltraitances médicales et les conditions de détention cruelles. Leurs droits sont systématiquement bafoués. Dans ce contexte, les organisations des prisonniers palestiniens ont réitéré leur appel à la libération immédiate des journalistes emprisonnés, à la levée du voile sur les disparus et à la pression sur la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures concrètes face à ces violations de droits humains. Elles demandent à l’ONU et aux autres organisations internationales d’assumer leurs responsabilités et de ne pas se contenter de rapports et de déclarations, mais de stopper le silence complice face aux crimes israéliens. La manifestation a vu la participation d’un grand nombre de journalistes, d’activistes et de défenseurs des droits humains. Le vice-président du syndicat des journalistes palestiniens, Tahsin Al-Ashtal, a déclaré : « Nous commémorons cette journée alors que le sang de nos collègues coule encore dans les rues, dans les hôpitaux et dans les maisons détruites. Ils sont tombés en portant leurs outils professionnels pour défendre la vérité, et la voix palestinienne que le monde tente d’étouffer. » Al-Ashtal a aussi mis en cause la responsabilité totale de l’occupation israélienne dans ces crimes et a appelé les médias internationaux à soutenir la cause palestinienne plutôt qu’à rester silencieux face à ce massacre. Le ministre de la Culture, Imad Hamdan, a quant à lui salué le courage des journalistes palestiniens qui, au péril de leur vie, continuent à porter la vérité. Dans un communiqué, il a dénoncé les violations répétées des droits des journalistes palestiniens depuis le début de la guerre d’extermination. « L’année 2023-2024 est la plus meurtrière pour la presse palestinienne, et la communauté internationale reste sourde aux appels à la justice », a-t-il affirmé. Depuis le début du conflit, 212 journalistes ont été tués, 409 ont été blessés, dont certains sont désormais handicapés à vie, et 48 autres ont été emprisonnés.
M. Seghilani