Accueil ACTUALITÉ JOURNÉE MONDIALE CONTRE LE CANCER : Une progression inquiétante en Afrique

JOURNÉE MONDIALE CONTRE LE CANCER : Une progression inquiétante en Afrique

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Cette année, la communauté internationale a commémoré le 4 février la Journée mondiale contre le cancer, sous le slogan « Combler les lacunes en matière de soins, unir nos voix et agir ».

À cette occasion, plusieurs pays africains se sont joints à une campagne de sensibilisation, appelant les parties concernées à s’engager à renforcer les actions visant à améliorer la qualité des soins, y compris le dépistage, la détection précoce, le traitement et les soins palliatifs.  Le nombre de cas de cancer et de mortalité liée au cancer en Afrique a considérablement augmenté, et devrait presque doubler d’ici à 2040. Il est maintenant urgent d’examiner les causes et d’établir un plan d’action qui permettra aux pays du continent de faire face à ce fardeau croissant, afin que les personnes vivant en Afrique aient les meilleures chances de prévenir ou de survivre à cette maladie. Un enjeu fondamental pour l’avenir sanitaire du continent. Selon les experts africains de la santé, l’urgence se situe dans la nécessité de décoloniser la santé mondiale, pour mieux répondre aux questions de justice et d’équité en matière d’’accès à la santé. Des déséquilibres qui montrent à quel point les savoirs médicaux sont encore trop souvent appropriés par une poignée de sociétés privées du Nord pour répondre à leurs propres besoins de santé. Face à ces injustices, les appels à une « décolonisation de la santé mondiale » et « l’élaboration d’authentiques politiques publiques sanitaires mondiales se multiplient. Cela signifie essentiellement pour les décideurs africains, de développer des approches qui impliquent les acteurs locaux, selon les ressources, les contextes et les solutions locales de chaque pays du continent. Il s’agira également de tirer parti des leçons apprises, exposer les meilleures pratiques et examiner les opportunités pour les différentes parties prenantes de collaborer et d’améliorer les soins pour les peuples d’Afrique.
Dans ce registre, la coopération interafricaine est de mise, et les pays ayant enregistré des avancées notables en matière de prévention et de lutte contre le cancer, sont appelés aujourd’hui, plus que jamais, à soutenir d’autres pays, via les échanges d’expérience, le jumelage et autres procédures de coopération. Pour le cas de l’Afrique, il existe un certain nombre de facteurs externes et internes étant à l’origine de l’augmentation du nombre de cas de cancer et de décès liés au cancer, à leur tête le manque d’agents de santé formés à la cancérologie, insuffisance d’établissements et de matériels dédiés, mais aussi les changements démographiques et les styles de vie, l’inactivité, les aliments transformés, l’alcool et le tabac, l’obésité, ainsi que les expositions environnementales et génétiques. À ce sujet, le retour à une alimentation saine a été soulevé bon nombre de fois au sein des instances médicales africaines, ce qui devrait freiner la culture du fast-food, omniprésente ces dernières années, notamment depuis l’implantation des géants de la restauration rapide, à l’instar de « McDonald’s » et « KFC ».

« 1,1 million de nouveaux cas pour 700.000 décès/an »
C’est du moins ce qui est mentionné dans un communiqué publié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’occasion de la Journée mondiale du cancer. « Les pays d’Afrique subsaharienne doivent mettre en place des interventions ciblées telles qu’une surveillance renforcée ainsi qu’un diagnostic, un traitement et une prise en charge en temps opportun afin de maîtriser la hausse du nombre des décès liés au cancer », cite ledit rapport.
Pendant longtemps, les institutions compétentes, à l’instar de l’Union internationale contre le cancer, ont encouragé les pays africains à élaborer et mettre à jour des plans nationaux de lutte contre le cancer, afin de garantir des soins et un accès équitable aux services de santé, à travers des programmes de dépistage de routine et de détection précoce des cancers pertinents et prévalent (par exemple du col de l’utérus, du sein, colorectal, de la prostate) lorsqu’un traitement efficace pour ces cancers est disponible. Une priorité, qui selon la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Mme. Matshidiso Moeti, « met à rude épreuve les infrastructures de santé publique du continent, sans compter qu’il aggrave la pauvreté et les inégalités », ajoutant que « 1,1 million de nouveaux cas de cancer et environ 700.000 décès surviennent chaque année en Afrique, ce qui réduit à néant les progrès réalisés pour prolonger l’espérance de vie sur le continent ». Pour la porte-parole de l’OMS, « Les estimations des données montrent une augmentation considérable de la mortalité due au cancer, qui atteindra près d’un million de décès par an d’ici à 2030, s’il n’y a pas d’interventions urgentes et audacieuses », a signalé Mme Moeti. Des témoignages qui incitent les pays africains à investir davantage dans l’innovation et la recherche, en constituant une main-d’œuvre qualifiée et d’autres approches pour améliorer l’accès à l’information et aux services. Selon les statistiques, le continent représentera près de 50 % de la charge mondiale du cancer chez les enfants d’ici 2050.

« Des tests de dépistage très performants dans 16 pays »
Toujours selon Madame Moeti, « l’Afrique a néanmoins fait des progrès significatifs dans la guerre contre le cancer, 12 pays disposant déjà de solides plans nationaux de lutte contre le cancer et plusieurs autres ayant élaboré des directives nationales de traitement du cancer chez l’enfant ». La bonne volonté politique a revitalisé la lutte contre le cancer en Afrique où 25 pays ont élaboré et utilisent des lignes directrices sur le cancer tandis que d’autres ont intégré le diagnostic et le traitement de la maladie dans leurs régimes nationaux d’assurance maladie, a-t-elle ajouté, tout en se félicitant que « 16 pays africains ont mis en place des tests de dépistage du cancer très performants, conformément aux recommandations de l’OMS », et qu’ « une plus grande utilisation des vaccins contre le cancer du col de l’utérus ciblant les adolescentes a permis d’éviter de nombreux décès ». Enfin, Matshidiso Moeti a souligné l’importance de « la création de registres du cancer, la formation du personnel de santé et les investissements dans le diagnostic, la recherche, la thérapeutique et les soins palliatifs », pour « réduire le nombre de décès liés au cancer sur le continent ». À noter qu’à ce jour, de nombreux pays n’ont pas de registres nationaux, ou seulement de petits registres basés sur la population qui ne reflètent pas toujours la charge nationale. Le Centre international de recherche sur le cancer et les parties prenantes locales ont tenté d’améliorer cela, ce qui a conduit à la création du Réseau africain des registres du cancer. Cela fournit un apprentissage partagé, un mentorat et un soutien aux registres sur le continent.
Hamid Si Ahmed

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