Tandis qu’à la suite du président Abdelaziz Bouteflika, partisan d’un traité de paix et d’amitié avec l’ex-puissance coloniale, les officiels algériens participent de concert avec les autorités françaises à la célébration du 14 Juillet, même le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a participé à Toulon à la commémoration du débarquement allié en Normandie, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, se fait intraitable et plaide en faveur de la promotion de son département en un ministère de souveraineté historique. À partir de Skikda où il a présidé officiellement le déroulement des festivités officielles commémoratives de la Journée du Moudjahid et du double anniversaire des offensives du 20 août 1955 et du Congrès de la Soummam (20 août 1956), le ministre a clairement affiché son intention d’œuvrer à faire du ministère des Moudjahidine un ministère de souveraineté historique et promis de prendre en charge les préoccupations des moudjahidine et des ayants droits. Le ministère des Affaires étrangères (MAE) a commémoré solennellement hier mercredi à Alger, en son siège, cette date historique, à travers une cérémonie symbolique en présence du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. De son côté, le parti FLN n’a pas raté l’évènement. En effet, dans un communiqué publié à la veille de la célébration de la Journée du moudjahid (20 août 1955), l’ex-parti unique a appelé au renouvellement du serment avec le message de Novembre et dans le même contexte, il a fait part de sa considération et sa reconnaissance aux moudjahidine et moudjahidate et à l’Armée nationale populaire, héritière de l’Armée de libération nationale (ALN), des sacrifices consentis pour l’indépendance de l’Algérie. L’opposition politique en Algérie n’est pas en reste et n’a pas raté le coche, puisque, outre le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Mohcine Bellabès et son ex-président, Saïd Sadi, de nombreuses personnalités nationales ont été présentes à cette double commémoration, dont respectivement l’ancien président de l’APN, Karim Younès, l’ancien chef de gouvernement Sid Ahmed Ghozali, l’historien et sociologue Abdelmadjid Merdaci, l’ancien député Noureddine Aït Hamouda, et le secrétaire national du RCD, Hakim Saheb. Le RCD a réitéré sa traditionnelle lecture puisque le parti laïc, mettant l’accent sur le Congrès de la Soummam, considère que, en tant qu’événement majeur dans l’histoire de la Révolution et de l’Algérie indépendante, le Congrès de la Soummam du 20-Août-1956 marquera, à jamais, la frontière entre deux projets de société qui s’affrontent encore de nos jours. Sur un autre registre, les festivités se déroulent au moment même où le président français François Hollande demande «un plan d’action en faveur des harkis».
Tel que rapporté récemment par le journal Le Monde, François Hollande a instruit son gouvernement d’élaborer en prévision de «la cérémonie nationale en hommage aux supplétifs de l’armée française, le 25 septembre prochain, un plan d’action en trois volets en faveur des harkis». À l’issue de l’audience qu’a accordé François Hollande à des membres du «G12 Harki», une structure de concertation et de dialogue entre «le monde harki et le gouvernement français», le président français a manifesté «la dette morale de la France envers les harkis». Le plan d’action, tel que révélé par le journal français, sera préparé par le secrétaire d’État chargé des anciens combattants, Kader Arif, et comportera notamment un «approfondissement du travail sur la mémoire des harkis dans la République ; le renforcement des relations entre l’État et le monde harki au niveau national comme au niveau local ; et l’amélioration des aides existantes pour qu’elles répondent mieux aux besoins des harkis et de leurs descendants». À en croire les mêmes sources, les harkis et leurs descendants constituent aujourd’hui une population estimée à près de cinquante mille personnes en France.
Mohamed Djamel