Figure de l’agriculture de la région de Tassoust, dans la commune Émir Abdelkader (20 km à l’Est de Jijel), Hocine Omar Ouayache a intégré un nouveau projet au sein de son exploitation agricole en lançant une expérience pionnière dans l’élevage des escargots de l’espèce comestible «Helix aperta» dans la wilaya.
Cet héliciculteur de 70 ans a confié à l’APS que ce projet, dont il commence à entrevoir les prémices de sa réussite, a été entamé à la fin de l’année 2020. «Mon investissement dans l’élevage des escargots n’est pas fortuit. L’idée m’a taraudé l’esprit pendant des années avant de devenir une réalité, après avoir suivi une formation dans ce domaine et côtoyé d’autres héliciculteurs de plusieurs wilayas dans l’Est et dans l’Ouest du pays», a-t-il précisé. Et d’ajouter : «Investir la filière de l’élevage des escargots s’avère très rentable sur plusieurs plans, puisque le fellah (agriculteur) n’a pas besoin de consacrer de grandes superficies à ces gastéropodes à coquille et, en retour, il peut obtenir une production conséquente lui permettant de réaliser un gain très appréciable, notamment au regard de l’existence de marchés prometteurs à l’intérieur et à l’extérieur du pays». Cet agriculteur a révélé, dans ce contexte, que son choix s’est porté sur l’espèce d’escargot Helix aperta pour son goût délicat et sa couleur blanchâtre, en plus d’être répandu dans la région Est de l’Algérie et de la Tunisie, faisant savoir que ces escargots sont «très recherchés sur les marchés internationaux, en particulier en Italie». Selon ce septuagénaire, «la wilaya de Jijel dispose de toutes les conditions climatiques nécessaires, notamment une hygrométrie élevée et une pluviométrie importante favorisant la croissance adéquate pour cette espèce d’escargot», faisant état de la mise en place d’un «programme visant à respecter les étapes de sa croissance depuis le stade de la reproduction jusqu’à l’éclosion des œufs et l’engraissement». Et de préciser : «pour assurer une croissance adéquate des escargots, un programme a été élaboré à travers la culture de produits agricoles essentiels à sa nutrition tels que la carotte, le navet, le chou et l’artichaut». Hocine Omar Ouayache a également indiqué que «l’élevage des escargots nécessite entre sept à huit mois avant la commercialisation», assurant qu’un seul escargot pond entre 200 à 300 œufs dont la phase d’éclosion varie en fonction de la température de l’air, soit entre 20 et 21 jours dans la plupart des cas après une phase de couvaison de 12 jours. Il a souligné en outre que son «cheptel» d’escargots est actuellement en phase de ponte et devrait être commercialisé au mois de mai prochain, après une «période de nurserie et d’engraissement en vue d’obtenir une croissance pondérale oscillant entre six (6) et 11 grammes». Avec la concrétisation de son expérience et l’intérêt que porte un importateur tunisien pour son produit, cet héliciculteur espère développer son investissement en acquérant des équipements spéciaux pour récolter notamment la bave d’escargot utilisée dans la confection de produits cosmétiques pour ses bienfaits pour la peau.
Propulser cette filière prometteuse
De son côté, Yacine Zeddam, secrétaire général de la Chambre d’agriculture de Jijel, a affirmé à l’APS qu’il existe dans la wilaya deux exportateurs dont l’activité repose sur le ramassage des escargots depuis les forêts de la wilaya pour les exporter, alors que l’investissement de Hocine Ouayache, premier du genre localement, repose sur l’élevage.» L’héliciculture revêt une grande importance en raison de la haute valeur nutritionnelle de ces gastéropodes à coquille en termes de protéines d’origine animale, d’autant que la chair d’escargot constitue une source de protéines, susceptible de répondre aux besoins du consommateur», a ajouté M. Zeddam. «Ce type d’élevage possède également un indice de conversion élevé, car un kilogramme d’aliments fournis à l’escargot permet de produire deux kilogrammes de chair d’escargot comestible», a-t-il relevé. M. Zeddam a souligné, en outre, que la Chambre d’agriculture œuvre actuellement à «accompagner M. Hocine pour surmonter les obstacles qui peuvent survenir au cours des phases de l’élevage des escargots avant de se lancer dans la formation des jeunes dans cette filière prometteuse pouvant représenter une source de revenus sûrs et rentables, notamment en devises du fait de la demande des marchés européens pour la chair d’escargot». «Investir dans cette filière permet aux agriculteurs de créer un équilibre financier avec d’autres produits agricoles, étant donné que l’élevage des escargots ne nécessite pas de frais importants et génère des rendements indéniables», a relevé le secrétaire général de la Chambre d’agriculture de Jijel.