À moins d’une semaine de la réunion de l’Opep à Vienne, le ministre de l’Énergie, Noureddine Boutarfa intensifie ses tournées dans les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole afin de les convaincre de réduire la production, tel que mentionné dans l’accord d’Alger.
Après le Qatar et l’Arabie saoudite, c’est au tour de Téhéran d’accueillir, aujourd’hui, Noureddine Boutarfa, qui aura à rencontrer le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanghaneh. Boutarfa qui envisage, entre autres, de rencontrer son homologue irakien, lundi prochain à Vienne, ne semble ménager aucun effort afin de tenter de stabiliser les prix de l’or noir. D’ailleurs, questionné sur l’objectif de sa visite à Téhéran et sa relation avec les consultations menées par l’Algérie pour la concrétisation de l’accord d’Alger, le ministre a été affirmatif.
« Nous serons reçus samedi par le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, et nous aurons d’autres consultations avec d’autres pays à Vienne », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à l’APS. Le ministre a donc entamé une course contre la montre afin d’essayer de consolider l’accord d’Alger, mais la tâche reste délicate. En effet, convaincre l’Iran de maintenir sa production à des moyens acceptables qui fâcheraient l’Arabie saoudite est le dilemme de la rencontre. Néanmoins, à mesure que s’approche le rendez-vous pétrolier de Vienne (30 novembre, Ndlr) les perspectives d’un gel de la production de pétrole, se précisent. En effet, le Comité d’experts du cartel a opté pour la proposition algérienne annoncée le 27 septembre dernier à Alger. Cette proposition, selon le ministre de l’Énergie, sera soumise à la conférence ministérielle de cette organisation, le 30 novembre prochain. Affirmant que la proposition algérienne était bonne, le ministre souligne qu’elle « est équilibrée et elle tient compte des préoccupations de toutes les parties ».Boutarfa n’hésitera pas à afficher son optimisme quant à la conclusion d’un accord final qui agrée toutes les parties et qui peut même intégrer la contribution des pays non Opep à l’effort des pays Opep. Pour sa part, le P-DG du groupe pétrolier français Total, Patrick Pouyanné, a estimé possible qu’un accord sur une limitation de la production de pétrole soit conclu lors de la réunion de l’Opep à Vienne, à condition que la Russie y adhère. S’agissant de la Russie, le président Vladimir Poutine avait avancé lundi dernier que son pays était prêt à geler sa production pétrolière en cas d’un accord des pays de l’OPEP à Vienne.
« Nous sommes prêts à geler la production pétrolière au niveau auquel elle se trouve actuellement », a déclaré le dirigeant russe à la presse, expliquant que son pays « approuve un accord éventuel » de l’OPEP en vue de geler la production et de faire remonter les prix du baril. Pour rappel, durant la réunion informelle de Doha, l’Algérie a soumis une proposition pour être examinée par le Comité de Haut niveau mis en place par l’accord d’Alger. Ce Comité, dont la présidence a été confiée à l’Algérie, s’est réuni à Vienne les 21 et 22 novembre et a décidé à l’unanimité de recommander la proposition algérienne à la conférence ministérielle pour être considérée comme base de mise en œuvre opérationnelle de l’accord d’Alger.
L’Algérie préside ce Haut comité d’experts créé lors de la réunion d’Alger et qui est chargé de définir les mécanismes de réduction de la production de chaque pays de l’Opep et de travailler en coordination avec les pays hors Opep pour consacrer les clauses de l’accord d’Alger. En attendant, le prix du Brent s’est redressé actuellement à plus de 49 dollars. Mais reste à savoir si les prix vont se stabiliser à ce seuil pour une longue durée. Surtout que les conflits géopolitiques planent sur la question de redéfinition des quotas.
En effet, le dilemme de redéfinition des quotas reste une question de vie ou de mort. Certes, chaque pays sort ses griffes pour défendre ses intérêts au sein de l’Opep, mais ces pays sont pris en otages vu que leurs économies sont en berne. Il est évident qu’un baril à moins de 50 dollars n’arrangerait pas les pays producteurs, ce qui va les pousser à établir un consensus, mais ces derniers sont conscients que l’ère du pétrole à 100 dollars est définitivement révolue. Ainsi, ces pays sont entre le marteau et l’enclume. Reste donc une semaine pour l’Algérie pour mobiliser sa diplomatie en vue de concrétiser un accord final pour ramener la production entre 32,5 millions et 33 millions de barils par jour.
Lamia Boufassa