Accueil MONDE Iran : Téhéran traque ses «mannequins» non voilées

Iran : Téhéran traque ses «mannequins» non voilées

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Huit personnes appartenant au « milieu de la mode » ont été arrêtées pour avoir propagé du « contenu immoral et une culture anti-islamique » sur Instragram.
L’opération de justice s’intitule « Araignée II ». Depuis 2013, elle a permis l’identification de 170 personnes en République islamique d’Iran : 59 photographes et maquilleurs, 58 mannequins et 51 responsables de maison de couture. Huit d’entre elles ont été récemment arrêtées pour propagation de « culture anti-islamique ». C’est ce qu’a annoncé dimanche soir le chef du tribunal chargé de la cybercriminalité. Elles sont notamment accusées d’avoir publié des photos de femmes non voilées sur Instagram, réseau autorisé et très prisé par la jeunesse iranienne, tandis que Facebook et Twitter sont interdits.
« Nous avons découvert que 20 % du réseau Instagram iranien était contrôlé par les milieux de mode », a déclaré dimanche soir Javad Babaie, juge au tribunal chargé de la cybercriminalité, ajoutant que 60 % des utilisateurs iraniens du réseau social suivaient ces pages. D’après le juge, c’est le devoir de la justice « d’agir contre ceux qui commettent de manière organisée de tels crimes ». Outre, les 8 arrestations, des procédures et avertissements ont été lancés à l’encontre de 21 autres personnes.

Justice aux mains des « durs »
L’annonce du tribunal chargé de la cybercriminalité à la télévision d’État a été accompagnée d’une émission en direct dans laquelle une mannequin, Elham Arab selon les médias, expliquait « volontairement » devant le procureur de Téhéran qu’elle regrettait la publication sur les réseaux sociaux des photos sur lesquelles elle apparaît non voilée et qu’elle conseillait aux Iraniennes de ne pas commettre la même « erreur ». La jeune femme a ajouté qu’elle gagnait jusqu’à 3 300 dollars par mois alors que le salaire minimum en Iran est d’un peu plus de 200 dollars mensuels. En Iran, les aveux télévisés sont souvent recueillis sous la contrainte.
Déjà, en mars, le porte-parole de l’autorité judiciaire avait annoncé l’arrestation de « huit mannequins, dont certaines libérées sous caution ». « Certaines d’entre elles sont accusées de charges lourdes, propagation de la prostitution et de la corruption », avait-il alors affirmé. Il n’a pas été précisé si ces huit arrestations correspondent à celles évoquées dimanche par Javad Babaie. Cette vague d’arrestations représente une nouvelle preuve, s’il en fallait, de la mainmise des conservateurs sur le pouvoir judiciaire en Iran.
Prônant l’ouverture à l’étranger ainsi qu’une certaine « souplesse » à l’intérieur du pays, le président iranien « modéré » Hassan Rohani s’est à plusieurs reprises insurgé contre ce type d’arrestations depuis son élection en juin 2013. Mais tout comme la justice, les services de sécurité restent entre les mains des « durs » du pouvoir, incarnés par le Guide suprême, l’ayatollah Khamenei, véritable chef de l’État iranien.

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