L’arche de Ctesiphon en Irak, la plus grande arche en briques du monde vieille de 1.400 ans, va pouvoir retrouver de sa splendeur grâce à de nouveaux travaux de restauration, ont annoncé mercredi les autorités.
A 30 km au sud de Bagdad, en bordure du Tigre, l’arche connue aussi sous le nom de Taq Kasra daterait du VI siècle. Erigée là où se trouvait la capitale de la dynastie persane des Sassanides, la voûte en brique ocre culmine à 37 mètres et fait partie des vestiges d’un palais. En 2013, des pans de la voûte elliptique de Taq Kasrides ont été reconstruits avec de nouvelles briques. Après des pluies en 2020, certaines ont commencé à chuter. «Ce qui tombe en ce moment ce n’est pas la construction Sassanide originelle, ce sont les réparations modernes», a expliqué à l’AFP David Michelmore, expert en conservation qui collabore avec une équipe d’archéologues de l’université américaine PENN. «Il faudra démanteler le travail fait en 2013 (…) ça a déstabilisé la structure», a-t-il ajouté. Avec son équipe, M. Michelmore mène ainsi une première phase de rénovation qualifiée d’»intervention d’urgence», lancée en mars et qui devrait prendre fin en décembre. Les travaux visent à «consolider» le site, a indiqué à l’AFP le ministre irakien de la Culture et des Antiquités Hassan Nazem, évoquant également «des études sur la nature du sol et des fondations». Le site étant près du fleuve, il souligne le «danger» des infiltrations souterraines.
«Nombreuses erreurs»
Aujourd’hui, l’arche monumentale se dresse au milieu des palmeraies tout près de la localité de Madain. Elle est flanquée de chaque côté de deux imposantes façades, décorées de colonnades et de niches voutées, également en briques. Cette première phase est financée avec un budget de 700.000 dollars de l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH), indique le directeur du Conseil des antiquités et du patrimoine Laith Majid Hussein. Selon lui, la phase suivante consistera en une «restauration totale» qui doit permettre de consolider la structure et empêcher les effondrements. Lui aussi déplore les «nombreuses erreurs» des personnes ayant mené les précédents travaux qui ont notamment mis une grosse «couche de ciment sur l’arche». À plusieurs reprises déjà, les autorités ont tiré la sonnette d’alarme concernant l’état du site. Dès 2004 des fissures étaient apparues sur la voûte elliptique, causées par des infiltration d’eau de pluie. M. Michelmore rappelle que l’arche a été construite en 540. «C’est presque exactement le même âge que (l’église) Sainte Sophie à Constantinople (Istanbul). Les deux monuments sont très innovants en terme de grandeur et d’ambition», s’enthousiasme-t-il.