Les forces irakiennes soutenues par l’allié américain peinent à avancer dans Fallouja face à la résistance de centaines de jihadistes aguerris du groupe état islamique (EI), l’ONU s’alarmant mercredi, du sort de 20 000 enfants y risquant un recrutement forcé.
Au 10e jour de leur offensive qui s’annonce difficile et longue, les soldats et policiers aidés également de miliciens et de membres de tribus tentent d’avancer vers le centre de Fallouja après être parvenus à entrer lundi dans ce bastion jihadiste assiégé situé à 50 km à l’ouest de Bagdad. Alors que l’assaut est appuyé par l’aviation de la coalition internationale dirigée par les états-Unis et a été préparé en coordination avec des conseillers militaires américains depuis des mois, le Pentagone a affirmé que la bataille était «dure».
«Les deux derniers jours ont montré» que les jihadistes ont «l’intention de se battre», a-t-il indiqué. Soumis à un siège quasi-hermétique à Fallouja, l’EI est condamné à se battre n’ayant pas la possibilité de prendre la fuite, les commandants irakiens prédisant une résistance longue et farouche contrairement aux précédentes batailles. Après la reprise à l’EI des villes de Ramadi et Tikrit en 2015, les jihadistes avaient pu fuir avant l’arrivée des forces gouvernementales dans le centre-ville.
à Fallouja, même si la plupart des hauts commandants de l’EI auraient fui, des centaines de jihadistes n’ont d’autre choix que de se battre. De plus, implantés dans cette ville de la province d’Al-Anbar depuis sa capture en janvier 2014, les jihadistes ont sans doute fortifié leurs défenses.
Des enfants forcés à combattre
Mardi, ils ont lancé une contre-attaque contre les forces gouvernementales conduites par l’unité d’élite irakienne de contre-terrorisme, dans les limites sud de la ville, mais ont été repoussés, selon le général Abdelwahab al-Saadi, commandant de l’opération militaire. Fallouja a été prise par l’EI cinq mois avant l’offensive fulgurante qui lui a permis en juin 2014 de s’emparer d’autres régions dont Mossoul (nord), la deuxième ville d’Irak. Des milliers de civils ont réussi à fuir les secteurs périphériques de Fallouja mais quelque 50 000 sont pris au piège dans le centre de la ville.
Parmi eux, au moins 20 000 enfants «risquent le recrutement forcé dans le combat et une séparation avec leur famille», a déclaré le représentant de l’Irak pour le Fonds de l’ONU pour l’enfance (Unicef) Peter Hawkins dans un communiqué. «Les enfants recrutés sont forcés à porter les armes pour combattre dans une guerre d’adultes. Leur vie et leur avenir sont en danger», a-t-il ajouté. L’Unicef a appelé à l’ouverture de passages sûrs pour permettre aux civils de sortir, l’ONU ayant accusé l’EI de les utiliser comme boucliers humains. Les rares habitants qui ont fui le centre de la ville ont parlé d’un manque d’eau potable et de nourriture. Et les centaines de familles ayant réussi à sortir des zones périphériques et les habitants toujours sur place se sont plaints de très mauvaises conditions de vie.
Offensives anti-EI en Syrie
L’EI est sous forte pression avec une autre offensive menée par les forces kurdes à l’est de Mossoul, capitale de facto des jihadistes en Irak.
Le groupe jihadiste a profité de la guerre civile en Syrie et de l’instabilité en Irak pour s’y implanter, la communauté internationale cherchant à mettre hors danger de nuire ce groupe responsable de terribles exactions dans les régions sous son contrôle et d’attentats meurtriers, notamment en Europe. Pour ce faire, la coalition internationale, principalement les États-Unis, apportent une aide cruciale aux forces antijihadistes par le moyen de raids aériens et de conseillers militaires sur le terrain en Irak comme en Syrie voisine. En Irak, elle aide les forces gouvernementales et les forces kurdes, et en Syrie elle s’appuie spécialement sur les Forces démocratiques syriennes (FDS) composées, notamment de combattants LES kurdes.
Celles-ci mènent depuis le 24 mai une offensive pour reprendre du terrain à l’EI dans le nord de la province septentrionale de Raqa, contrôlée en grande partie par les jihadistes. Elles y ont repris plusieurs villages. Les FDS ont ouvert en outre, un nouveau front contre l’EI dans le nord de la province limitrophe d’Alep, cherchant à reprendre la ville de Manbij, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). «Les combats sont féroces», a déclaré un responsable des FDS. Mais l’EI parvient toujours à frapper. Il poursuit ainsi une offensive dans la province d’Alep pour s’emparer de deux villes rebelles, menaçant des dizaines de milliers de civils et de déplacés. Enfin, une note positive, une trêve de 48h dans les combats est entrée en vigueur, mercredi à Daraya, afin de pouvoir livrer de l’aide humanitaire à cette ville rebelle proche de Damas et assiégée par le régime depuis 2012, selon Moscou.