Des combattants kurdes et yazidis bataillaient dimanche pour tenter de reprendre aux djihadistes du groupe Etat islamique (EI) la ville de Sindjar, dans le nord-ouest de l’Irak, quelques jours après avoir brisé le siège de la montagne du même nom, située à proximité. La reconquête de Sindjar serait une grande victoire pour le gouvernement central à Bagdad et pour les Kurdes, qui recouvreraient ainsi la majorité de leur territoire perdu dans l’offensive djihadiste du mois d’août et seraient en mesure de couper la route reliant la Syrie à Mossoul, axe vital pour l’approvisionnement de l’Etat islamique. Les combattants irakiens et yazidis sont entrés dans Sindjar en partant du poste frontière de Rabia et du mont Sindjar, avec le soutien de Kurdes venus de Turquie et de Syrie et de raids aériens menés par les Etats-Unis et leurs alliés. Le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, s’est rendu au mont Sindjar, vers lequel les peshmergas sont parvenus jeudi à ouvrir un couloir après des mois de siège par les djihadistes. «La plus grande partie de Sindjar est désormais sous notre contrôle. Avec l’aide de Dieu nous la libérerons complètement. L’aide des forces de la coalition a été remarquable et leur soutien très efficace», a-t-il déclaré au sommet de la montagne. Des camionnettes pleines de peshmergas descendaient à toute allure vers la ville de Sindjar, enveloppée de fumée, tandis que les combattants blessés étaient rapatriés vers le sommet de la montagne pour y être soignés.
RIVALITÉS INTERNES
Le terrain est miné, a rapporté un combattant yazidi chef des Forces de protection de Sindjar, Kassem Chechou, de retour de Sindjar samedi soir, ajoutant toutefois avec fierté que les djihadistes fuyaient le combat. Selon Fahd Hamid, un autre combattant yazidi qui a fui face à l’offensive djihadiste en août, quelque 1.700 familles yazidies sont réfugiées sur le mont Sindjar.
Interrogé sur la raison pour laquelle les réfugiés ne quittaient pas le mont Sindjar malgré la levée du siège, l’homme a répondu : «Cette montagne est le lieu le plus sûr et le meilleur.» D’autres, comme une femme nommée Gule dont le frère et le fils ont été tués trois semaines auparavant alors qu’ils tentaient de rejoindre leur village pour récupérer des affaires, souhaitent retrouver leurs maisons. La bataille de Sindjar est menée par différents groupes.
Des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré par la Turquie, l’Union européenne et les Etats-Unis comme une organisation terroriste, et une faction de Kurdes syriens, les Unités de protection du peuple (YPG), disent avoir 500 hommes sur le mont Sindjar.
Selon des sympathisants, les YPG ont ouvert une nouvelle route reliant la Syrie à Sindjar samedi. Ces deux groupes de combattants kurdes revendiquent l’initiative de l’offensive sur la ville de Sindjar. «Les YPG sont allées à Sindjar avant les peshmergas», a assuré un combattant de la faction syrienne.