Des forces paramilitaires irakiennes dominées par des milices chiites n’étaient plus, lundi, qu’à environ 4 kilomètres de la ville stratégique de Tal Afar qu’elles cherchent à reprendre au groupe État islamique (EI) dans le cadre de l’offensive sur Mossoul.
Ces unités de la Mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) ont été chargées il y a un mois de reconquérir cette localité, autrefois à majorité chiite, pour couper les axes d’approvisionnement entre Mossoul et les territoires contrôlés par l’EI dans l’est de la Syrie. Cette coalition paramilitaire progouvernementale -principalement composée de milices chiites soutenues par l’Iran- a assuré qu’elle ne comptait pas entrer dans Mossoul (Nord), située à 60 km à l’est de Tal Afar. Les Kurdes et les Arabes sunnites irakiens sont hostiles à cette idée. Ces milices sont en effet accusées d’avoir commis des exactions lors de la reprise de villes irakiennes majoritairement sunnites comme Fallouja ou Ramadi (Ouest). Il y a quelques jours, les forces du Hachd al-Chaabi sont entrées dans l’ancienne base aérienne de Tal Afar, à 6 km au sud de la ville. Sur la ligne de front, les tirs des snipers de l’EI sifflent au-dessus des positions des miliciens et des obus de mortier s’abattent à proximité.
Mais «l’ennemi nous connaît, rien ne nous arrêtera!», assure le commandant Abou Hanane al-Kanaani à un groupe de journalistes conviés pour leur montrer la base aérienne après sa conquête par les forces du Hachd. «Nous venons libérer les gens pour leur permettre de vivre dans la liberté et la sécurité», poursuit-il. L’EI «a envoyé plusieurs voitures piégées vers nous mais quand ils ont vu qu’on, ne battait pas en retraite, ils ont pris la fuite», raconte à l’AFP un autre responsable du Hachd, Mohammed al-Barghouthi. «On a pris (la base aérienne) en une heure environ». Avec Tal Afar en ligne de mire, les miliciens attendent maintenant de nouvelles consignes pour bouger. «Nous attendons de resserrer l’étau sur la ville et d’assurer une route pour la sortie des civils», affirme Abou Mohamed al-Ettabi, un commandant du front de Tal Afar. Il assure que ce sont des unités locales combattant sous la bannière du Hachd qui entreront dans la ville. «Mais si elles ne réussissent pas, alors nous interviendrons», explique-t-il. Les forces de la Mobilisation populaire entretiennent des relations difficiles avec la coalition internationale dirigée par les États-Unis, qui soutient l’offensive des forces irakiennes sur Mossoul, mais aussi avec la Turquie voisine, qui suit de près la situation dans le nord de l’Irak. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a d’ailleurs affirmé que des mesures seraient prises si des milices chiites semaient «la terreur» dans la population turkmène de Tal Afar.