Une tête qui tourne, suivie de petite fatigue, une nausée latente, encore un mal de tête profond, des convulsions, puis le cœur s’emballe avant de finir en toute dernière étape dans les bras de la mort.
Il s’agit là du long et regrettable processus emprunté par la personne exposée au monoxyde de carbone avant de rejoindre l’au-delà si elle n’était pas sauvée à temps. Le monoxyde de carbone souvent appelé le tueur silencieux est un gaz incolore, et inodore, issu de la combustion incomplète dans les appareils de chauffage. Chaque année, il frappe et fait plusieurs victimes à travers le monde. En Algérie, pas moins de 1100 accidents liés à des intoxications au monoxyde de carbone ont été enregistrés en Algérie avec 127 morts et 2434 autres victimes secourues à temps, et ce, depuis le début de l’année 2023. L’année d’avant le pays avait comptabilisé 111 décès par monoxyde de carbone et 2000 personnes secourues. Comme il est aisé de le constater le nombre a malheureusement augmenté.
Encore des familles endeuillées
Les différentes campagnes de sensibilisation largement diffusées sur différents supports médiatiques appuyées par la distribution gratuite des appareils d’alertes par la Société nationale de l’électricité et du gaz, Sonelgaz pour lutter contre ce dangereux phénomène qui endeuille chaque période hivernale les familles algériennes ne semblent pas ainsi avoir donné tous leurs fruits et la menace pèse toujours en cette fin d’année. En effet, à peine les premières vagues de froid arrivées, que de nouvelles familles endeuillées sont déjà signalées à travers les quatre coins du pays. Les membres les plus chanceux sont sauvés in extrémis. La Protection civile continue ainsi d’annoncer via des communiqués les tristes nouvelles. Hier encore trois personnes ont été asphyxiées au monoxyde de carbone à Boumerdès. Une femme a trouvé également la mort après avoir été exposée à une intoxication au monoxyde de carbone à Oum El-Bouaghi. D’autres personnes ont pu, fort heureusement, être sauvées d’une mort certaine. Au quartier Boussouf, à Constantine cinq membres d’une même famille intoxiqués par du gaz monoxyde de carbone ont été secourus grâce à l’intervention de la protection civile. Les membres de la famille ont été soignés sur place et transférés au CHU de Constantine. C’est le même cas également à Bab Ezzouar à Alger ou des personnes ont été secourues et transportées à l’hôpital. Pour limiter la force de nuisance du gaz carbonique, l’entreprise Sonelgaz, a lancé la deuxième phase de sa campagne de distribution de détecteurs de monoxyde de carbone, un gaz inodore et invisible qui se forme lors de la combustion incomplète de matières organiques émis par de différentes sources comme les poêles, les chauffages au gaz, les générateurs et les véhicules.
Chaque domicile de ses clients devrait recevoir deux détecteurs de monoxyde de carbone, indique un communiqué de la Sonelgaz. La première phase de cette initiative a ciblé les wilayas des Hauts plateaux. La deuxième phase, comme l’indique le communiqué de Sonelgaz, touchera toutes les wilayas du pays. Cependant cet apport des autorités ne suffit pas car l’entretien régulier des appareils de chauffage, le choix et la qualité des appareils à acquérir, les installations répondant également aux normes et la ventilation adéquate des espaces clos sont autant d’éléments à prendre en considération et devant accompagner l’effort des autorités. Car c’est aussi une question de conscience et de responsabilité.
Retrait de marques non conformes : Un exemple de contrôle à méditer
Le contrôle des appareils vendus devait être assuré par l’État car seul à pouvoir dissuader les commerçants véreux assoiffés du seul gain. Le client cède souvent devant les prix alléchants sans se rendre compte que le matériel proposé est défectueux et ne répondant aux normes. Pour lutter justement contre ce genre de matériels notamment pour les détecteurs de monoxyde de carbone l’État a décidé de frapper avec une main de fer contre les fraudeurs. Le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations a annoncé, en effet, mercredi dernier, dans un communiqué, le retrait immédiat sur le marché national de quatre (4) marques de détecteurs pour non-conformité aux standards de sécurité en vigueur. Il s’agit des détecteurs de marques « Atlas », « Zass Turbo » de type FG-A009, «Maxtor » de type Max-009 et « Géant » de type GN-COD01-3B, note la même source.
La décision a été prise «après examen minutieux de plusieurs échantillons de détecteurs de monoxyde de carbone de diverses marques commercialisées sur le marché national, au niveau des laboratoires de contrôle de qualité relevant du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations », et ce dans le cadre de la poursuite d’une campagne de contrôle de la conformité des chauffages et accessoires aux normes de sécurité en vigueur, indique le communiqué. Dix jours plutôt c’est deux autres marques à savoir Maxwell et Eyemann qui ont été retirées du marché national. Le ministère a appelé à l’occasion les consommateurs ayant acquis ces produits à arrêter immédiatement leur utilisation. À noter que les premiers détecteurs de monoxyde de carbone fabriqués par Sonelgaz seront disponibles au début de l’année prochaine 2024. Les autorités, les médias et la société civile doivent conjuguer les efforts pour sauver des vies et mettre fin à cette tragédie qui secoue le pays.
Brahim O.
