Le directeur général de l’Institut national d’études de stratégie Globale (INESG), le général-major à la retraite, Abdelaziz Medjahed, a indiqué, hier, que la guerre électronique que subit l’Algérie actuellement, notamment les attaques électroniques émanant du Maroc, vise à influencer sur la décision de l’Algérie et sur l’opinion de son peuple.
Il a insisté sur la nécessité de «bien connaître notre ennemi» afin de se prémunir des attaques et savoir répondre aux fake news et les allégations fallacieuses qu’il colporte. « Les guerres électroniques sont une forme des conflits entre États, qui consiste à imposer ses propres choix et visés à l’adversaire. Certes les formes que prennent les conflits différent, mais les objectifs sont les mêmes », a expliqué, hier, l’invité au forum du quotidien « El Wassat ». « Il s’agit de chercher à influencer, interférer et conquérir l’opinion de l’autre », a-t-il ajouté, précisant que la guerre électronique « est apparue durant les dernières décennies avec l’avancée technologique, à l’aide des moyens électroniques généralisés ». Pour Medjahed, la guerre électronique est aussi une forme de guerre psychologique à laquelle beaucoup de pays font recours du fait de la généralisation des interfaces et gadgets électroniques et leur coût peu élevé. À titre illustratif, le colonel à la retraite appelle à observer ceux qui contrôlent les grands groupes médiatiques et les réseaux internet dans le monde, dont « les budgets avoisinent ou dépassent même ceux d’États entiers ». Le DG de l’INESG a fait observer que les grandes mutations qu’a connues le monde après les années 70 ont permis l’émergance de nouveaux concepts politiques voulant imposer une hégémonie unilatérale, à travers la suppression des États.
Mais pourquoi précisément les années 1970 ?
« En 1973, un événement avait eu lieu, avec la tenue de la conférence des pays non-alignés à Alger. À partir de cela, sont publiés des livres d’éminents écrivains comme David Friedman, Henry Kissinger et Jacques Attali, qui plaident en faveur de trilatéralisme, cherchant à démontrer non seulement la désirabilité, mais aussi la faisabilité pratique d’une société fonctionnant sans le moindre État, défini comme une agence de type gouvernementale bénéficiant d’un monopole de la violence légale et parfois de divers autres droits exclusifs », a-t-il expliqué. Cette nouvelle tendance globale se déclinant à travers de nouveaux concepts comme « la géogouvernance » et « géocratie», vise à imposer un régime mondial capitaliste, comme le souligne le livre de David Friedman : « Vers une société sans État ». Pour en savoir les grands contours de ce nouvel ordre mondial, Medjahed invite à lire le livre de « Gouvernement mondial » de Jack Attali paru en 2007. Il a souligné que ce nouvel ordre mondial est en train de se mettre en place graduellement, étape par étape, dont le dernier acte est le transfert, l’année dernière, de l’ambassade des États-Unis en Palestine à El-Qods par le président américain sortant Donald Trump. Interrogé sur les attaques électroniques marocaines contre l’Algérie, le colonel à la retraite, Abdelaziz Medjahed, a tiré l’attention sur les mensonges historiques que véhicule ce pays voisin. Parmi ces mensonges figurent l’exposition d’une statue du roi numide Juba II dans des musées aux Émirats arabes unis, Paris et le Grand musée de New-York, en le présentant comme une personnalité marocaine, alors que son règne et existence étaient en Algérie. Parmi ces « actes de plagiat historique », il y a aussi le mensonge que le Maroc avait inspiré la révolution algérienne, alors que c’est le contraire : « le manifeste du peuple marocain a vu le jour en janvier 1944, une année après la parution du manifeste du peuple algérien en 1943, et aussi l’armée de libération marocaine s’est constituée en octobre 1955 – l’armée de libération nationale algérienne fondée en 1954 – avec l’aide de Larbi Ben M’hidi et Mohamed Boudiaf.
Medjahed a qualifié ces mensonges historiques, véhiculés dans la presse marocaine, comme une guerre psychologique et électronique visant à spolier le peuple algérien de son patrimoine historique et ses valeurs. Dans un autre sillage, sur une question sur la participation de l’armée algérienne dans des opérations armées en dehors de ses frontières, Abdelaziz Medjahed a affirmé que cela se fera uniquement dans le cadre de la légalité internationale (Nations unies et Union africaine) et après approbation du parlement. Sur les prochaines législatives, Medjahed a estimé que le changement politique dans le pays interviendra lorsque les citoyens s’acquiteront de leurs devoirs et responsabilités patriotiques. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde! », a prétexté le Mahatma Ghandi, insistant également que les partis politiques doivent assimiler les mutations du 21ème siècle.
Commentant le spectre d’abstention qui revient à la veille de chaque rendez-vous électoral, Medjahed a indiqué :
« Il y a un phénomène global consistant en le recul des idéologies et du rôle des partis politiques, car les moyens avancés de télécommunications ont libéré la parole. Les citoyens ne ressentant plus la nécessité d’adhérer à une formation politique pour pouvoir exprimer leur opinion ».
« Le Hirak manque de programme et de structuration »
« Le Hirak est une expression populaire, mais il est incomplet. Comment se fait-il que des millions de marcheurs sortent dans la rue sans qu’aucun programme politique n’émerge ? Il y a plus de 50 ans, de jeunes algériens avaient mené un Hirak qui a donné, en un mois et demi, lieu à un programme politique qui a fait sortir l’OS et prélude au recouvrement de la souveraineté nationale ». « Le Hirak est respectable, mais on ne peut pas faire comme la cité d’Athènes. Pourquoi on n’a pas pu faire émerger les meilleurs d’entre nous ? Le citoyen n’a pas accompli son devoir. Les élites ont un devoir d’encadrer et de guider les aspirations du peuple, car ce ne sont pas tous les marcheurs qui ont des visions et des capacités».
Hamid Mecheri