«On ne pensait pas que ça se reproduirait aussi vite», soupire Ricardo Alvarez, l’une des 180 000 personnes sommées de partir de chez elles à cause des incendies au nord de San Francisco. Il espère que cette fois, contrairement à l’automne 2017, son appartement ne brûlera pas.
Tout l’état de Californie a été placé dimanche en état d’urgence par son gouverneur. L’incendie «Kincade fire», qui a démarré mercredi soir, a déjà dévasté plus de
12 000 hectares. «On a été prévenus samedi matin, puis on a entendu la police avec les mégaphones vers midi et on est partis avec juste nos papiers et l’essentiel», raconte Elizar Lopez, arrivé avec sa famille pendant la nuit, de Healdsburg, où son logement était parti en flammes il y a deux ans. «Emotionnellement, on ne s’en est pas encore remis. On avait tout perdu, après avoir évacué à la dernière minute. Et financièrement, on commençait à peine à aller mieux», se désole-t-il, angoissé à l’idée que les rafales de vent ne portent de nouveau le feu jusque chez lui. à Petaluma, où plusieurs établissements ont été transformés en centre d’hébergement d’urgence, de très nombreux évacués ont déjà vécu ce genre d’expérience lors d’un terrible incendie à l’automne 2017, qui avait fait 22 victimes et ravagé tout un quartier de Santa Rosa.
«Ballet»
«ça devient une sorte de routine, comme si on ne pouvait pas y échapper. Du coup on est mieux préparés, mais c’est quand même terrifiant à chaque fois», note Kathy Amundson, installée dans le hall du centre avec sa mère de 90 ans, Joy, qui venait de sortir de l’hôpital. «Il y a deux ans j’avais à peine eu le temps d’enfiler un survêtement par-dessus mon pyjama», se souvient celle-ci. Cette fois la plupart des évacués ont à peine aperçu ou senti la fumée. Tous décrivent des procédures d’évacuation bien rodées. «On aurait dit un ballet, leur façon de canaliser les groupes de personnes pour éviter les embouteillages, c’était très impressionnant. Et l’organisation ici est exceptionnelle, vous auriez du voir le petit-déjeuner !», s’émerveille Adriane Hatkoff, après avoir passé la nuit sur un lit de camp avec une vingtaine d’autres personnes et de nombreux animaux de compagnie. «On était prêts, on avait un plan, on savait qui s’occupait de quoi», relate Aly Cresci, une secrétaire qui a accueilli 350 personnes depuis samedi et se voit obligée de rediriger les nouveaux-venus vers d’autres centres d’hébergement. Comme en 2017. «ça fait vraiment bizarre, j’ai un sentiment de «déjà-vu», je n’aime pas ça», ajoute-t-elle.
«Réchauffement climatique»
Pour les autorités, il est essentiel d’appliquer le principe de précaution à la lettre, alors qu’un autre incendie, le «Camp Fire», a fait 86 morts dans le nord de l’état, en novembre 2018. «Plus de 3 000 personnes combattent le feu, et nous faisons tout notre possible pour que les gens prennent les ordres d’évacuation au sérieux et que tout se passe bien», explique à l’AFP Gavin Newsom, le gouverneur de la Californie, venu visiter les centre d’hébergement de Petaluma. «On en est à cinq années de sécheresse historique, suivies par des records de pluie. S’il y a des gens qui ont encore des doutes sur le réchauffement climatique et la science, qu’ils viennent ici voir les preuves du phénomène», lance-t-il. L’afflux de familles a continué toute la journée de dimanche. Certaines cherchent à se faire héberger par leurs proches, et d’autres se contentent de leur voiture, garée sur le parking du centre
Juste à côté, sur la pelouse, une vingtaine de chiens tournent en rond dans des cages individuelles. «On les a évacués à 4 heures du matin, alors que le vent soufflait très fort», raconte Anika Snyder, une jeune employée du refuge pour animaux de Santa Rosa.
Gordon Stubbe, lui, est venu avec son chat, mais il a dû laisser ses moutons dans son ranch de Bodega : «Ils vont devoir se débrouiller tout seuls, on ne pouvait pas les transporter».