Les importations de l’Algérie sont-elles en chute libre ? En effet, en dépit de la hausse du volume des produits importés, la majorité des prix moyens à l’importation des produits achetés par l’Algérie ont baissé durant les cinq premiers mois de l’année 2015 par rapport à la même période de 2014, dont essentiellement ceux des matières premières alimentaires et du ciment.
Ce qui, en d’autres termes, favoriserait la réduction de la facture des importations. Ainsi, selon une note d’analyse du ministère du Commerce relative aux importations du pays, reprise par l’APS, les prix à l’importation ont reculé de 42% pour la poudre de lait, de 19% pour les huiles brutes alimentaires, de 18% pour le maïs, de 17% pour le sucre blanc, de 14% pour le blé tendre et de 6% pour les sucres roux. Cette tendance baissière des prix à l’importation a également concerné le riz (-48%), les poissons congelés (-36%), les haricots secs (-29%), le lait infantile (-24%), le triple concentré de tomate (-5%), les viandes bovines réfrigérées (-3%) ainsi que certains fruits frais et secs. Par contre, certains produits importés ont connu une hausse des prix à l’importation tels le double concentré de tomate (+39%), les lentilles (+32%), les pâtes alimentaires (+30%) et les viandes bovines congelées (+16%). Outre, les produits alimentaires, les prix à l’importation du ciment ont enregistré une baisse oscillant entre 3 et 4%.
Le gouvernement durcit les conditions d’importation
L’Algérie veut, à tout prix, réduire de 5 à 10% par an l’importation de la poudre de lait. Pour y parvenir, le gouvernement compte développer la production locale et améliorer la collecte du lait de vache, mais aussi, réorganiser l’importation. Cette stratégie commence, d’ores et déjà, à apporter ses fruits. De ce fait, la note d’analyse du ministère du Commerce fait état, entre autres, la répartition détaillée des importations par opérateur économique pour les produits alimentaires de large consommation et le ciment. De janvier à mai 2015, les deux offices de régulation, l’Office national interprofessionnel de lait (Onil) et l’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), ont dominé les importations de poudre de lait et des blés respectivement. Ainsi, l’Onil a importé 89 909 tonnes de poudre de lait entre janvier et mai 2015, soit 53% des quantités globales importées durant cette période, tandis que les 47% restants sont répartis entre les importateurs privés dont douze (12) sont considérés comme principaux importateurs après l’Onil.
Les pays fournisseurs de l’Algérie en poudre de lait sont au nombre de 17 dont les 3 premiers sont la Nouvelle-Zélande (47% des importations globales), France (22%) et Belgique (9%). Quant aux importations du maïs, 10 principales sociétés importatrices privées représentent 89% du total importé, alors que la part de l’Office national des aliments du bétail (Onab) ne représente que 1% seulement des importations globales de maïs. En matière d’importation de sucre, une société privée a couvert 90% des importations du sucre roux pour une quantité de 574 648 tonnes, et 50% des importations de sucre blanc pour 100 310 tonnes. Pour ce qui concerne les importations du ciment, établies à près de 2,6 millions de tonnes pour 228,5 millions de dollars durant les 5 premiers mois de l’année 2015, elles ont été réalisées à hauteur de 41% par dix (10) principaux opérateurs privés.
Pour les blés dur et tendre, l’Oaic a réalisé quasiment la totalité des quantités importées en ces produits avec l’achat de près de 3,48 millions de tonnes (2,7 millions de tonne pour le blé tendre et 0,77 million de tonnes pour le blé dur), soit 95% du volume global importé. Or, il est à rappeler que selon les chiffres rendus public, récemment, par le Centre national de l’information et des statistiques des douanes (Cnis), les importations des céréales (blés, maïs, orge) ont atteint 1,89 milliard de dollars (md usd) au 1er semestre 2015, contre près de 1,77 md usd à la même période de 2014 (+7,3%). Les quantités importées ont connu la même tendance en atteignant près de 6,93 millions de tonnes contre 5,86 millions de tonnes sur la même période de l’année 2014 (+18%).
En attendant, les chiffres relatifs aux autres produits, on se pose des questions quant aux raisons de ce paradoxe.
En effet, reste à savoir, si la baisse des prix à l’importation est due à la réorganisation du commerce extérieur ou à la dévaluation du Dinar, ou encore à la baisse des prix de certains produits dans le marché mondial.
Lamia Boufassa