Alors que la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, bat son plein à New-York, l’Algérie maintient ainsi le cap de son choix pour la justice, la décolonisation, la liberté, l’autodétermination et les droits de l’homme, en faveur de la cause du peuple sahraoui.
Intervenant quelques jours après la réunion de l’UGTA sur la cause sahraouie, une réunion s’est tenue hier au siège de l’Ambassade de la République arabe sahraouie démocratique, entre l’ambassadeur de la RASD en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, et le nouveau secrétaire général de l’UGTA, Amar Takdjout, accompagné d’une délégation syndicale. Étaient présents à ce rendez-vous, l’activiste française Claude Mangin, épouse du militant sahraoui Naâma Asfari, ainsi que la partie civile, dont le militant des droits de l’homme, Mahrez Lamari. Une réunion qui n’est que la confirmation du soutien historique et constant de l’Algérie à la cause sahraouie juste, compte tenu des positions de la Centrale syndicale quant au soutien des causes justes et à l’autodétermination du peuple sahraoui. Un esprit né du défunt martyr Aïssat Idir, fondateur de l’UGTA, qui lui-même s’est inspiré des fondements de la lutte de libération nationale.
« L’ONU doit donner plus de légitimité à la MINURSO »
Tôt en matinée, l’ambassadeur avait tenu une conférence de presse conjointe sur les derniers développements politiques et diplomatiques de la question sahraouie, sur les violations du régime marocain et la situation des détenus sahraouis dans les prisons marocaines, au niveau de la Maison des médias sahraouis, à Alger. Citant « un peuple résilient, prêt à tout pour arracher sa liberté et son indépendance », l’ambassadeur a fait part de « la volonté de son peuple à arracher sa liberté et son indépendance, relevant les obstacles dressés par le Maroc pour empêcher le référendum d’autodétermination au Sahara occidental, sa politique d’oppression et ses méthodes malveillantes ». Réaffirmant que « le peuple sahraoui a imposé son existence et ses droits dans le monde entier », et qu’il demeure « entièrement mobilisé pour avoir son État et construire son pays », Taleb Omar a également fait part d’un certain optimisme, notamment depuis la dernière visite de l’émissaire onusien, Staffan de Mistura, dans le cadre de sa mission d’imposer la tenue effective du référendum d’autodétermination. « Nous misons énormément sur ces derniers événements qui sont survenus, notre voix ne fait que grandir, nous espérons que le monde prendra de plus en plus conscience de nos revendications », a estimé l’ambassadeur, ajoutant que « l’ONU doit donner plus de crédibilité à la mission de De Mistura, qui est la seule mission au monde qui est entravée dans ses objectifs de défendre les droits de l’homme ». Cela, sans pour autant ne pas afficher exprimer « sa profonde préoccupation face à la situation misérable que vivent les détenus sahraouis dans les prisons marocaines ». Concernant les tentatives marocaines de continuer à rallier à leur cause la partie européenne, l’ambassadeur a déclaré que « la cour pénale européenne se réunira les 23 et 24 octobre prochains, où l’on s’attend à ce qu’elle prenne les bonnes décisions. Notamment vis-à-vis de la France et de l’Espagne, que l’on espère voir s’abstenir de voter en faveur du Maroc. Ces deux pays doivent s’aligner sur le décision de la Cour européenne de Justice, des décisions qui sont claires ». « Le peuple sahraoui est confiant quant au recouvrement de sa souveraineté sur l’ensemble de ses territoires, et de son droit à la liberté et à l’indépendance », a-t-il affirmé. « Il y a aussi le groupe des amis du Sahara occidental, formé par les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la France, la Russie et l’Espagne, et la récente visite d’un haut responsable américain dans les camps sahraouis, sont autant de points positifs ». Néanmoins, Taleb Omar estime que « ce groupe doit rompre avec les pratiques du passé, c’est-à-dire qu’il ne doit plus se contenter de gérer ce dossier, mais de trouver des solutions ».
« La France s’est rendue compte qu’elle faisait fausse route »
De son côté, l’activiste française Claude Mangin épouse du militant sahraoui Naâma Asfari, qui effectue une visite en Algérie après avoir visité les camps sahraouis, est intervenue pour évoquer dans son discours la grave crise des droits humains dans les territoires occupés et l’horreur des crimes commis quotidiennement par les forces d’occupation marocaines contre les civils sahraouis. Tout en condamnant les représailles des autorités marocaines qui l’empêchent de rendre visite à son mari, l’activiste française a « demandé l’application des décisions onusiennes ». Au sujet de la position française, elle dira qu’« avec le séisme récent, il y a eu un concours de circonstance complètement imprévu et imprévisible, qui a montré au grand jour toute l’agressivité des autorités marocaines contre la France au sujet du Sahara occidental, au moins depuis 2021, depuis Pegasus ». Et comme pour démontrer que les tentatives marocaines sont vouées à l’échec, elle ajoutera entre autres : « En 2019 avec les Accords d’Abraham, sous l’égide de Donald Trump, peut être que le Maroc s’est senti pousser des ailes, et comme on est en train de le voir, ça se retourne contre lui, parce que de toute façon, c’est quand-même toujours le droit international dans lequelle Front Polisario et la RASD se sont toujours alignés, qui gagne à la fin, comme on est en train de le voir en ce moment ». Révoquant la France, elle a mis en avant le fait que « la France, qui a toujours soutenu le Maroc, et bien en ce moment, se rend compte que, peut-être qu’ils avaient fait fausse route, à quelques jours de la réunion du Conseil de sécurité, de réaffirmer les passifs, et de dire que la seule solution, c’est l’organisation du référendum ».
Tout en condamnant les représailles des autorités marocaines qui l’empêchent de rendre visite à son mari, l’activiste française admet qu’« il y a quand même des manœuvres diplomatiques qui ont montré que cette cause reste emblématique du rôle de l’ONU, qui est décriée, certes, mais qui reste une tribune où on continue d’affirmer les choses ». Au titre des efforts consentis par de Mistura, elle enchaîne : « On sent bien qu’il y a un besoin de faire réussir cette mission de De Mistura, pour que le secrétaire général de l’ONU puisse montrer un bilan positif, après deux ans de présence de De Mistura dans la région. Le Maroc, malgré toute son agitation, ne fait que se retourner contre lui. Aujourd’hui, la presse française est très intéressée pour savoir ce qu’il se passe, et le Maroc est obligé de donner des autorisations pour qu’on puisse visiter les territoires qu’il occupe ».
« Une position inchangée de l’Algérie, conforme à la légalité internationale »
Après avoir « salué les efforts consentis par la partie civile algérienne, dans le cadre de la 4e Commission de l’ONU », le militant a « réitéré la voix haute et forte de l’Algérie pour cette cause, notamment à travers les dernières déclarations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune à l’ONU ». Notamment sur la position inchangée de l’Algérie dans ce conflit, à savoir une position conforme à la légalité internationale, celle permettant au peuple sahraoui de jouir de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination. « L’Algérie s’est toujours alignée et conforme à la justice internationale, notamment le droit à l’autodétermination », a souligné Lamari. Dans un autre volet, l’intervenant reconnaît que « la France, à travers son Conseil des droits de l’homme, a pris conscience de la légitimé des droits des Sahraouis. Tout en mettant en avant « la légitimité de la cause du peuple sahraoui et son représentant unique, le Front Polisario, ainsi que l’importance de l’accompagner et le soutenir dans son combat libérateur jusqu’au parachèvement de la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique, qui est inéluctable », Mahrez Lamari a réaffirmé que « le peuple sahraoui est en droit d’attendre de la communauté internationale un soutien plus ferme et une action plus résolue en vue de l’exercice de son droit à l’autodétermination ».
Hamid Si Ahmed