À l’occasion de sa visite de travail effectuée, mercredi et jeudi, en Turquie, dans le cadre des travaux de la deuxième session de la Commission mixte algéro-turque de la planification, et des préparatifs de la 2éme session de ce Conseil de coopération de haut niveau qui, aura lieu, prochainement, en Algérie à l’occasion de la visite du président turc Recep Tayyip Erdogan, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a eu, au cours de son séjour à Ankara, une activité riche et intense marquée par plusieurs rencontres avec de hauts responsables turcs portant sur la coopération bilatérale et les questions régionales et internationales d’intérêts communs. Mercredi, soit le jour de son arrivée à Ankara, le chef de la diplomatie algérienne a été reçu, par le président turc, auquel il a transmis « les salutations » et un message du président Tebboune « dans le cadre des contacts permanents entre les dirigeants des deux pays et de leur souci de renforcer les relations de fraternité, de coopération et de partenariat entre l’Algérie et la Turquie ».
Alger et Ankara tiennent à valoriser les acquis
à l’occasion, les deux parties ont mis en avant « l’évolution qualitative des relations algéro-turques dans divers domaines », réaffirmant « la volonté des dirigeants des deux pays de valoriser les acquis réalisés et de les promouvoir dans le contexte des prochaines échéances bilatérales, notamment la 2e session du Conseil de coopération de haut niveau ». Les derniers développements dans la région Sahélo-saharienne, ont été également évoqués par les deux parties. À cet effet, le ministre Attaf, a informé le président turc des démarches entreprises par le président Tebboune pour « apaiser la situation et contribuer notamment à la résolution de la crise provoquée par le changement anticonstitutionnel au Niger, ainsi que ses efforts visant à encourager et à consacrer l’approche de développement pour traiter les défis auxquels sont confrontés les pays et les peuples de cette région, désormais théâtre du plus grand nombre de tensions et de conflits dans le monde. » Au terme de cette audience, le chef de l’Etat turc a chargé, le diplomate algérien de transmettre ses sincères salutations au président Tebboune, ainsi que son souhait de le rencontrer prochainement pour poursuivre, dit-il, avec lui « le travail sur la voie de la consolidation des relations algéro-turques, à la faveur d’un climat de confiance totale et des aspirations ambitieuses ». Outre le président turc, le ministre Attaf s’est également entretenu, jeudi, avec son homologue turc, Hakan Fidan, avec qui il a eu à coprésider les travaux de la deuxième session de la Commission mixte algéro-turque de la planification. Les discussions entre les deux ministres ont porté sur « les principales priorités de la coopération bilatérale entre l’Algérie et la Turquie, ainsi que sur les questions d’intérêt commun aussi bien dans leur voisinage méditerranéen que dans leurs espaces d’appartenance, notamment le développement des relations dans la région de l’Afrique du Nord et les derniers développements de la situation dans la région du Sahel.
Évaluer le partenariat
S’exprimant lors d’une conférence de presse conjointe consacrée aux résultats de cette session, le ministre Attaf a indiqué que toutes les rencontres et tous les entretiens qu’il a eus avec des hauts responsables turcs « ont permis de procéder à une évaluation globale » des avancées réalisées dans la concrétisation des priorités qualitatives et des objectifs quantitatifs tracés par les deux Présidents, en prélude et en préparation de leur rencontre prochaine en Algérie, affirmant que les relations algéro-turques connaissaient « un fort élan et une évolution notable au double plan politique et économique ». Le diplomate Attaf, a, fait état, à l’occasion, de la préparation d’une série d’accords entre l’Algérie et la Turquie dans plusieurs domaines, dont le commerce, l’investissement, l’énergie, l’enseignement et la culture. Ces accords, précise-t-il, seront signés à l’occasion de la visite du président turc en Algérie, affirmant que « les deux pays ont réalisé de grands progrès sans précédent dans l’histoire de leurs relations bilatérales en vue de leur élargissement à tous les secteurs et domaines offrant des opportunités de coopération et de partenariat multiples aux mieux des intérêts de nos deux pays. Les deux pays « avancent progressivement et résolument dans la réalisation des objectifs assignés par les dirigeants des deux pays frères, notamment en ce qui concerne l’objectif d’augmenter les échanges commerciaux à 10 MDS à moyen terme », rappelant que l’Algérie est devenue « le deuxième partenaire commercial de la Turquie en Afrique avec des échanges commerciaux bilatéraux dépassant les 5 MDS, et la première destination des investissements directs turcs dont la valeur actuelle dépasse les 6 MDS. »
La Banque agricole turque s’implantera en Algérie
De son côté, le ministre turc des Affaires étrangères, a indiqué que les relations bilatérales entre les deux pays sont stratégiques, tout en qualifiant de « fructueuse » sa rencontre avec son homologue algérien. « La vision et le cadre stratégique qui ont émergé dans le contexte de la diplomatie, du dialogue et du travail intensif proposés par les présidents des deux pays ont constitué un élément important pour déterminer la forme et le déroulement des travaux des ministres des Affaires étrangères des deux pays », a-t-il dit, assurant que les présidents des deux pays ont chargé les ministres des Affaires étrangères de gérer et de coordonner les groupes de planification conjoints afin d’institutionnaliser davantage la coopération entre les deux pays. « Nous travaillons à l’ouverture d’une succursale de la Banque agricole turque (Ziraat Bankası) en Algérie pour surmonter… des problèmes financiers », a fait savoir, par ailleurs, le ministre turc, tout en saluant les efforts des investisseurs turcs en Algérie et la coopération des autorités algériennes.
Vues communes sur les questions régionales et internationales
Sur les questions régionales et internationales, le ministre Attaf, a rappelé, que le consensus politique algéro-turc autour des principaux dossiers régionaux et internationaux d’intérêt commun « est toujours de mise, se consolide et se renforce à travers l’engagement commun en faveur des principes et des valeurs consacrés dans la charte des Nations unies, ainsi qu’à travers les démarches inlassables du président Tebboune, visant à faire prévaloir la logique du dialogue et de la négociation en vue de résoudre les crises et conflits, quel que soit le degré de leur complication ou le niveau de leur gravité ». Le ministre turc, a indiqué, de son côté, que les discussions avec son homologue algérien ont vu un échange de vues sur la possibilité d’une coopération algéro-turque sur le double plan, politique et économique, qui pourrait contribuer, selon lui, à résoudre les questions en suspens sur le continent africain. S’agissant des coups d’Etats militaires qui se multiplient ces dernières années notamment dans la sous-région, le chef de la diplomatie turque, a imputé ce « phénomène » à deux raisons essentielles. Le ministre turc a expliqué que l’échec du développement économique et l’incapacité à résoudre les problèmes d’infrastructure et de superstructure, ainsi que l’émergence de problèmes tels que la lutte contre le terrorisme sont autant de facteurs qui ont ouvert la voie aux coups d’État dans un certain nombre de pays africains. La deuxième raison, est liée, estime le ministre turc, aux interventions étrangères, et à la politique adoptée par les pays impérialistes envers les pays africains. En plus des rencontres déjà citées, le ministre Attaf a eu également à échanger avec le président de la Grande Assemblée nationale de Turquie, Numan Kurtulmus, avec lequel il a passé en revue « l’évolution qualitative des relations algéro-turques et les perspectives de leur élargissement continu, notamment dans le domaine parlementaire. Cette 2éme session, rappelle-t-on, a vu la participation des représentants de 12 secteurs ministériels des deux côtés algérien et turc, à savoir l’industrie et la production pharmaceutique, l’énergie et les mines, les transports, la pêche et les productions halieutiques, l’agriculture et le développement rural, la justice, l’éducation nationale, le commerce et la promotion des exportations, les finances, les travaux publics et les infrastructures de base, la culture et les arts et l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Elle est consacrée à l’évaluation de l’avancée enregistrée dans la mise en œuvre des décisions prises par les dirigeants des deux pays le 16 mai 2022 à l’occasion du Haut Conseil de coopération algéro-turc, ainsi que sur les préparatifs de la tenue de la deuxième session de ce Conseil prévue en Algérie.
Brahim O.
