Artiste prolifique, à la créativité foisonnante et aux multiples qualités humaines, Rachid Zeghimi a passé près de 50 ans de sa vie à entretenir la gaité et la joie dans le cœur des Algériens, convaincu que le rire et la dérision étaient une thérapie contre toutes formes de pessimisme et de repli sur soi. Né le 20 octobre 1945, Rachid Zeghimi avait manifesté dès son jeune âge des penchants prononcés vers la pratique du 4e Art, encouragé par Lahacene Bencheikh Lefgoun, un des pionniers du théâtre à Constantine, il avait entamé sa carrière au sein de l’association « El-Amel El-masrahi », avant de constituer avec Hassan Benzerari et Salah Adjabi la troupe « B’halil », où il avait campé des rôles dans des œuvres comiques. Très vite adopté par le public, Rachid Zeghimi, résolument versé dans le registre de la comédie, vivait alors au rythme d’une créativité ininterrompue, en perpétuel renouvellement, qui répercutait sur les planches, puis à la télévision, les travers de la société. Avec son talent singulier de comédien au jeu à la limite du burlesque, qui forçait le trait sans jamais surjouer, il avait brillamment réussi à traiter sur les planches comme sur le petit écran, plusieurs thématiques en lien avec les différents problèmes du quotidien. Restituant judicieusement dans le rire et la dérision, le quotidien de ses compatriotes, Rachid Zeghimi entendait cultiver chez le récepteur ce sentiment de résilience qui ferait rire de sa condition, mais inciterait à aller toujours de l’avant sans jamais baisser les bras. Cette philosophie réparatrice et surtout persuasive, est visible dans toutes les productions auxquelles avait pris part Rachid Zeghimi, « El-Fennanin », « Zawaj, zawaj », « Saymine », « Aâsab wa awtar », longue saga de la station régionale de la Télévision de Constantine, qui avait débuté en 1979, « Rih tour », « Mani Mani » et « Ness Mlah City » notamment. « Honnête », « sincère » et « idéaliste », Rachid Zeghimi avait confié avec regrets, quelques jours avant son décès à nombre de ses amis comédiens, qu’il avait encore beaucoup d’idées et plusieurs projets à mettre en œuvre qui porteraient les ambitions de son public, tous ces gens qui ont bien saisi la pertinence de son art, entièrement et généreusement dédié à la promotion de la culture algérienne. Sa disparition à l’âge de 72 ans, survenue le 19 juillet 2017 a provoqué une vive émotion dans le milieu du théâtre et de la télévision.