C’est un hommage marqué par des témoignages et des récits de faits historiques qui a été rendu, à l’’ex-secrétaire d’État du Gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA), Abdelhamid Mehri, par ses compagnons et amis, hier, au Forum d’El-Moudjahid. Le militant nationaliste Mehri, qui a rejoint le PPA-MTLD très jeune, a consacré toute sa vie à un long parcours, d’homme politique et militant, ont souligné hier, des intervenants, une place importante, à l’Unité maghrébine, celles de la justice, de la liberté et de la dignité.
Les nombreuses personnes ayant assisté à l’hommage rendu à Abdelhamid Mehri, à l’occasion du cinquième anniversaire de sa disparition, à l’âge de 85 ans, et chacun y allait de son témoignage pour se remémorer les principales étapes ayant jalonné le parcours de l’homme. Né le 3 avril 1926, à Oued Znati, à Constantine, il s’est engagé dans les rangs du Parti du peuple algérien (PPA), puis du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), dès son jeune âge, il est membre de son comité central. Arrêté en novembre 1954, après le déclenchement de la Révolution algérienne, il fut détenu en prison jusqu’en avril 1955. Il est parmi ceux, qui tout au long de leur vie, sont restés constants dans leurs convictions et attachés à leurs idées. Le moudjahid et ancien secrétaire général du parti du Front de libération nationale, est qualifié, par ceux qui se sont succédé à la tribune, hier, dont Mohamed Belkacem, ou le secrétaire général du Conseil consultatif de l’UMA, et aussi Salah Belaïd, l’enseignant universitaire et président du Haut conseil de la langue arabe, « d’authentique militant de la cause nationale» et un homme « épris de sagesse et défenseur de principes». Un homme politique chevronné doublé d’un adepte du compromis et de dialogue, Abdelhamid Mehri est vu comme un homme politique dont le parcours personnel se confond avec l’Histoire de l’Algérie, celle du Mouvement national, guerre de Libération et le point le plus important auquel il a consacré sa vie, l’Unité maghrébine, avant, durant et après l’Accord de Tanger. L’ex- secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), « a laissé son empreinte» notamment dans l’histoire du mouvement maghrébin pour son indépendance et sa liberté, comme dans le soutien agissant à la cause palestinienne, souligne Mohamed Belkacem.
S’exprimant au cours de cette cérémonie commémorative, le président du Haut conseil de la langue arabe, Salah Belaïd, a tenu à évoquer le parcours militant et les batailles qu’a menées Mehri, en insistant à reprendre la phrase célèbre du défunt, «les coups de feu ne m’ont pas tué, ils m’ont donné plus de détermination» selon l’intervenant. Le 5ème anniversaire du décès d’Abdelhamid Mehri, a été également l’occasion, notamment pour Maître Souilah, de revenir sur le rôle de l’ex- patron du Fln, dans la crise survenue après les élections législatives, de décembre 1991. Il a tenu à réaffirmer que le défunt «était attaché à la voie du dialogue» pour éviter, que «la violence prenne le dessus», tenant à préciser que « le BP du FLN était contre l’arrêt du processus électoral de 1991». Faisant fi qu’il s’agissait de conséquences gravissimes sur le pays dépassant le simple fait d’une victoire électorale, au vu de l’idéologie et de la teneur du programme politique, mettant en péril les fondements de l’État national et sa nature républicaine. Et pour revenir à l’écriture de l’Histoire du mouvement national, le défunt, faut-il rappeler, est parti, sans laisser des mémoires, comme affirment ses proches et ses amis, mais a contribué de nombreuses fois, par ses interventions lors des conférences sur l’histoire du mouvement national ou en animant des conférences.
En janvier 2010, Abdelhamid Mehri, l’ancien membre du GPRA, a appelé, à ne pas ternir le parcours des dirigeants de la Révolution en n’insistant que sur leurs erreurs, affirmant qu’ils étaient tous «loyaux» et «nationalistes». Soulignant à cette occasion que beaucoup de ceux qui abordent le parcours des dirigeants de la Révolution n’insistent que sur les aspects négatifs, il a appelé à «placer ces erreurs dans leur contexte historique et les traiter de manière objective». Il a également appelé les historiens à mettre en exergue le parcours de la génération de la Révolution et son important legs pour en tirer profit et construire l’avenir. «La gloire de la Révolution procède de la gloire de ses dirigeants. Si ces derniers n’étaient pas loyaux, comment alors ont-ils pu vaincre l’empire colonial français et affronter cette grande puissance?» s’est interrogé Mehri, deux ans avant sa disparition, en 2012.
Karima Bennour