De tous les meetings de campagne électorale qu’il a eu à animer, celui organisé le 5 juin dernier à Médéa a été le comble de la démesure qui dépeint le chef du Mouvement de la société pour la paix. Avant une semaine des législatives qui se sont déroulées ce samedi, en effet, Abderrezak Makri avait proclamé prématurément une victoire écrasante de son parti, et que ses candidats allaient « rafler la majorité » des siège à l’APN. Une position « confortable » qui allait en plus lui ouvrir l’accès au gouvernement post-législatives. Au lendemain du scrutin, Makri le redit encore, mais il crie aussi au complot contre son parti.
Au-delà de l’emportement démagogique pour le chef, qui s’est vu recalée la candidature de sa propre fille comme beaucoup d’autres figures d’ailleurs, le parti islamiste « est promu » même, par la providence, au pouvoir législatif, du fait que le 12 juin coïncide avec … la création du MSP. Et c’est Makri qui l’avait dit depuis sa tribune de campagne d’il y a plus d’une semaine. Hier, alors que les partis politiques et indépendants engagés dans la course électorale étaient dans l’expectative des résultats de l’ANIE, le parti de la mouvance islamiste accouche d’un communiqué laconique dans lequel il s’est déclaré « gagnant » à travers « la majorité des wilayas » et à « l’étranger ». Sur un ton affirmatif, le communiqué signé par Abderrezak Makri, adresse d’ores et déjà ses remerciements et sa reconnaissance aux citoyens qui ont voté pour les listes du MSP à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Mais le meilleur reste à venir, puisque la formation politique de Makri a pris un virage à 180 degrés pour crier au complot contre le MSP visant à le « dépouiller » de ses voix. Dans son communiqué, le parti, comme pour tenir l’opinion publique à témoin, évoque de « nombreuses tentatives » pour « détourner » les résultats des élections législatives, comme pratiques employées par le passé. Makri ne s’arrête pas là, puisqu’une « fraude » ou encore un « vol » des voix de son parti aura des « conséquences néfastes » pour le pays, son avenir politique et le processus électoral.
En tout état de cause, non seulement l’éthique politique voudrait que les partis politiques et candidats indépendants dans la course doivent, de prime abord, attendre les résultats des élections pour apprécier à tort ou à raison l’issue du scrutin, mais, évoquer une fraude avant l’heure équivaut à justifier un revers électoral. D’où peut-être l’attitude pour le moins anticonstitutionnelle du chef du MSP qui, à défaut de se conformer à la règle, appelle même le président de la République à l’intervention pour « protéger la volonté du peuple ».
Farid Guellil