Rabat est pris dans son jeu et, aujourd’hui, alors que l’étau se resserre sur le Makhzen et le parti de Othmani, la contestation sociale gagne du terrain et plusieurs couches de la société marocaine n’hésitent plus, aujourd’hui, à critiquer vertement les choix politiques du parti islamiste au pouvoir depuis les dernières législatives.
Pour faire diversion, le Makhzen verse dans la manipulation en tentant de créer des tensions au niveau des frontières avec son voisin de l’Est, l’Algérie. Il a tenté de prendre comme alibi un banal événement dans la région de Figuig pour tenter de monter les agriculteurs marocains de cette région pour détourner les regards de la situation difficile dans laquelle se retrouve le gouvernement de Othmani. Il faut rappeler, dans ce cadre, que le parti islamiste, le PJD, traverse une zone de turbulences qui risque de pousser le palais à envisager des législatives anticipées qui pourraient faire perdre à cette formation politique la majorité dans le parlement. La normalisation des relations diplomatiques avec l’entité sioniste, la loi légalisant la culture du cannabis et la guerre au Sahara occidental sont autant de motifs qui ont poussé une partie de la base du PJD à contester les choix de la direction et surtout à exiger un congrès pour une remise à plat de la plateforme politique, obtenue à la faveur d’un difficile consensus entre les différentes tendances qui composent ses rangs. Il faut également rappeler que le Makhzen, qui avait tenté de faire le forcing sur la scène internationale pour attirer des soutiens à sa thèse concernant le Sahara occidental, a essuyé de nombreux échecs aussi bien sur le plan continental qu’européen. Il faut rappeler que la diplomatie de Rabat a essuyé plusieurs échecs sur ce dossier et il est fort probable qu’elle pourrait recevoir une nouvelle claque lors du prochain sommet de la ligue arabe, puisque la normalisation de ses relations avec Israël n’a été saluée que par quelques monarchies du Golfe.
La reprise des combats au Sahara occidental pourrait coûter trop cher à l’économie marocaine fortement impactée par la crise de la Covid-19. « Il faudra attendre quelques jours, quand les premières victimes du conflit commenceront à affluer vers les hôpitaux et les cimetières marocains pour voir l’opinion publique basculer et exiger des explications au parti au pouvoir », affirme un observateur de la scène marocaine qui ne manquera pas de souligner que les autorités marocaines se préparent à faire face à une grande vague de contestation qui pourrait avoir comme motif les conditions sociales de plus en plus difficiles et des choix politiques qui n’ont fait qu’agrandir le fossé entre les pauvres et les riches au Maroc. Le Makhzen n’arrive plus à trouver la parade pour faire gagner au Maroc des points, et pour créer un rideau de fumée, il tente la diversion en s’attaquant à son voisin, l’Algérie.
Slimane B.