Celui qui avait été archevêque d’Alger de 1988 à 2008, le défunt Monseigneur Henri Teissier, terrassé ce mardi-matin par un AVC, à Lyon (France), déclarait ceci en 2005 : « L’existence en Algérie d’une communauté chrétienne est la preuve que nous vivons dans une atmosphère de tolérance et que nous partageons les mêmes joies et les mêmes épreuves que les autres peuples de la planète ».
Homme « exceptionnel » dans sa vie et son parcours d’homme religieux, comme le rappellent tous ceux et celles qui l’ont connu, il a été un promoteur de la tolérance et un exemple sur la fraternité humaine, la bonté et également de l’espérance, dans les pires moments, dont ceux qu’il a vécu avec le peuple algérien, durant le terrorisme islamiste barbare des années 90. Période sombre dans l’histoire du pays qui, au moment où le monde, notamment occidental persistait à vouloir donner un autre cours à la nature des évènements tragiques auxquels le peuple algérien et son État étaient confrontés, par la barbarie meurtrière du terrorisme islamiste, extrémiste, la voix du défunt Teissier, comme tant d’autres ailleurs, rappelait à l’ordre, le monde occidental, sur le danger et les conséquences de leurs fausses et étroites lectures, lesquelles contribuaient à faire perdurer les assassinats terroristes d’Algériens. Dans un de ses témoignages, septembre 2004, sur cette période douloureuse qu’a vécu l’Algérie, durant laquelle, Mgr Henri Teissier avait décidé de rester malgré les menaces, il dira qu’« une bonne partie de la communauté internationale ne semblait pas se préoccuper particulièrement de nos souffrances » déplore Mgr Teissier, lors de la tenue de l’assemblée interdiocésaine de l’Église en Algérie, en 2004. Poursuivant que « les victimes du terrorisme ont surtout été les musulmans eux-mêmes » rappelle l’ex-archevêque émérite d’Alger, il a tenu à préciser que « plus de 150 imams ont été assassinés » ainsi que « des centaines de journalistes, d’artistes, d’écrivains » a-t-il ajouté. En cette même occasion il dira que « je voudrais dire à toute cette partie du monde qui souffre à cause de cette vague de terrorisme, qu’il n’y a pas d’autre réponse que la multiplication des amitiés qui dépassent les frontières » conclut celui qui a consacré sa vie à promouvoir la fraternité, la solidarité, la tolérance, les valeurs humaines, qui survivent aux temps, survolent les frontières et cimentent les relations entre les peuples. Le défunt, qui ne cachait pas son adhésion aux combats justes des peuples, n’a pas échappé aux critiques et attaques des nostalgiques de « l’Algérie française », sa participation, à titre d’exemple, en 2016, à la commémoration de la mort du martyr pour l’Algérie indépendante, Fernand Iveton, grandi dans le quartier populaire d’Alger, El-Madania (ex- Salembier). Il a été guillotiné, à la prison Serkaji, avec deux autres militants du combat libérateur du peuple algérien, les martyrs Mohamed Ouenouri et Ahmed Lakhnache, par les autorités coloniales françaises, le 11 février 1957. Lui reprochant d’avoir participé à honorer la mémoire d’Iveton et à travers lui l’ensemble des martyrs de la Révolution algérienne de 1954 à 1962. Ces nostalgiques de l’Algérie « française » étant incapables de faire le deuil de l’Empire colonial, le refoulé revient au galop, ils se sont attaqués, en juin 2016, dans une lettre, à Henri Teissier, qui a rendu un vibrant hommage, aux guillotinés par les autorités coloniales françaises, et à travers eux à l’ensemble des martyrs de la Révolution algérienne contre le système colonial français. Ils n’ont certainement pas oublié, les derniers mots qu’Ivetont avait prononcé avant, que le coup de la guillotine s’abat sur lui, ceux résumant l’esprit qui animait le combat libérateur du peuple algérien, à travers le pays.
« Je vais mourir, mais l’Algérie sera indépendante », rapporte dans un témoignage l’avocat sur les derniers instants et mots prononcés par le martyr Iveton avant son exécution et suivie, à quelques intervalles de minutes, par ses deux compagnons sur les chemins de la Liberté, les martyrs, Mohamed Ouenouri et Ahmed Lakhnache. Et c’est lors de l’ hommage, rendu à ces valeureux martyrs de l’Algérie indépendante, que la présence de Msg Teissier a fait réagir les nostalgiques de « l’Algérie-française » en s’attaquant à lui, et notamment sur son initiative de lire la lettre d’un autre martyr du combat libérateur du peuple algérien, à la cérémonie de recuillement à la mémoire de Fernand Iveton. Il s’agit de la lettre du martyr Henri Maillot. Dégageant un mélange d’ animosité et de nostalgie à l’Empire colonial, de façon diplomatique, dans une lettre en date de juin 2016, à celui qui vient de nous quitter, sur la présence de Msg Teissier, à l’hommage rendu à Iveton, ils écrivent qu’il « avait un goût particulier puisqu’il s’agissait de rendre hommage, en présence de leader du FLN, à Fernand Iveton, ancien terroriste et poseur de bombe de la bataille d’Alger ». Poursuivant de manifester leur haine et leur incapacité d’admettre leur défaite, à ce jour, ils ajoutent : « Et, comme si la symbolique n’était pas suffisamment forte , vous avez tenu, sans doute pour complaire aux autorités du pays, à lire une lettre de l’aspirant Maillot, déserteur de l’armée française qui emporta dans les rangs du FLN, les armes destinées à tuer les européens d’Algérie ». Une lettre qui n’a pas laissé de trace dans l’esprit libre du défunt H. Teissier, lequel, animé de valeurs humaines, celles-ci guidaient ses pas, avant que la mort décide, le 1er décembre, de frapper à sa porte. Il a su toute sa vie conjuguer sa foi avec l’amour de l’Algérie et son peuple, repose en paix.
Karima Bennour