Le président du Mouvement de la société pour la paix, Abderrezak Makri, ne semble pas encore prêt à digérer la défaite essuyée par son parti aux législatives du 12 juin. C’en est une pour celui qui a misé un peu trop haut qu’il n’arrive pas à modérer ses phantasmes d’omnipotence. Aux dernières nouvelles, le nouvel Exécutif passe pour « idéologique » et représentant la « minorité ». Ainsi, l’occasion a été donnée hier à Makri de faire des siennes, à l’occasion de la célébration du trentenaire de la naissance du Hamas historique, et la disparition de son fondateur, le défunt cheïkh Mahfoud Nahnah, d’il y a 18 ans. Selon le chef de file de la mouvance islamiste, le gouvernement Benabderrahmane n’est ni politique, ni encore moins technocrate, mais d’essence « idéologique » à voir, selon lui, les profils des ministres nommés. Pas que, Makri a jeté le discrédit sur les membres de l’Exécutif, estimant qu’ils ne « disposent pas » de l’expérience politique et économique requise pour pouvoir mener à bien leurs missions. À vrai dire, derrière cette énième pique du chef du MSP, la déception de constater, à ses dépens, qu’il n’a pas raflé la mise à l’APN, dont le parti, qui plus est, venait à perdre la présidence de la neuvième législature au profit de l’indépendant Brahim Boughali, élu avec 295 voix contre 87 seulement pour le candidat du MSP. L’autre revers essuyé est d’avoir raté « l’occasion » d’intégrer le gouvernement selon son bon vouloir, à savoir s’emparer des portefeuilles clés, exercer un plein pouvoir -pour paraphraser le souhait de Makri- ou exercer le chantage en refusant d’en faire partie. On s’en souvient, au lendemain de l’audience que lui a accordée le président Tebboune pour la formation du nouvel Exécutif, Makri a tenté un coup de bluff en faisant croire qu’il resterait en contact permanentant, durant toute la semaine d’après, avec les services de la Présidence en vue de « négocier ». Au final, et contrairement aux autres chefs qui ont accepté le fait que l’Assemblée n’a pas accouché d’une majorité parlementaire pour faire peser son poids dans l’échiquier, Makri sort perdant sur les deux fronts. Et pour cause, « à vouloir trop avoir, on perd tout », dit l’adage. On s’en souvient encore lorsque ce même Makri promettait monts et merveilles aux électeurs durant la précédente campagne électorale à travers son projet « Le rêve algérien ». Ce même Makri qui, avant et après l’annonce des résultats des législatives, crie au complot en jouant sur le disque rayé « de fraude » à l’encontre de son parti, revient pour faire le procès de l’ANIE et son président. Quelques jours plutôt, c’est toujours lui qui viendra encore faire un semblant numéro de fairplay.
Farid Guellil