Intervenu depuis la wilaya de Tébessa, où il a animé, hier, une rencontre régionale regroupant militants et cadres de son parti issus de l’Est du pays, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, a réagi à l’actualité. S’exprimant sur l’affaire dite «El-Khabar», l’homme politique qui était jusqu’alors peu bavard sur la question, a fini par avoir la langue déliée.
Ainsi, il a violemment chargé Issad Rebrab, le général Toufik et Louisa Hanoune, qu’il accuse de constituer un lobby pour «imposer» le futur président de la République. Après avoir fait preuve d’une extrême prudence, en estimant, à titre de rappel, le 7 mai dernier, que le conflit opposant le ministère de la Communication au quotidien El- Khabar, relève d’une affaire «purement commerciale», le chef du FLN a pris position. En effet, le litige inhérent à cette affaire n’a pas encore connu son épilogue. Le dossier demeure en attente de jugement au niveau du tribunal administratif de Bir Mourad Rais qui a décidé de repporter le procès au mercredi du 25 mai prochain. Mais, visiblement, Saâdani n’a pas digéré les propos à portée politique, tenus, récemment, par l’homme d’affaires, Issad Rebrab, qui a déclaré, dans le cadre de cette affaire, que «le pouvoir en place doit partir». En plus d’avoir critiqué le système, les informations colportées par ci, par là, font croire à des supposées ambitions du P-DG du groupe Cevital aux prochaines élections présidentielles de 2019. En tout cas, c’est du moins là des propos qui n’étaient pas du goût du premier responsable de l’ex-parti unique pour ne pas réagir. Cela étant dit, Saâdani a encore une fois ciblé son ennemi juré, notamment l’ex-patron du DRS, le général Mohamed Mediène, dit Toufik, qu’il accuse d’être en quelque sorte le chef d’orchestre de ce lobby, formé par «des relais» qui constituent un bras politique sur lequel s’appuie celui-ci dans cette entreprise, a asséné l’homme tonitruant. En qualifiant l’ex-chef du département du renseignement et de sécurité de «tête de pieuvre» qui a des tentacules dans les segments, sécuritaire, politique, administratif, médiatique et financier, Saâdani estime qu’à travers le rachat du quotidien arabophone El-Khabar, ce n’est pas Rebrab qui en est le «vrai» acquéreur. Mais, derrière cette affaire, il y’a bel est bien selon les accusations, Toufik qui «agit dans l’ombre» à travers des «relais». En effet, même étant mis à la retraite, Saâdani pose toujours le doute quant «aux marges de manœvres» dont disposerait l’ex-premier responsable à tête du DRS. Pis encore, le chef du FLN pense que Toufik a également un autre projet dans sa tête. Celui, de vouloir racheter un autre quotidien, El Watan, notamment. Le but recherché par l’ex-général à la retraite, étant de peser de tout son poids, à travers «ces deux organes de presse», pour peser sur le cours des élections de 2019. Cela étant dit, «le faiseur des rois» qui «désignait auparavant les présidents ne peut même pas imposer un chef de Daïra, aujourd’hui», a encore frappé Saâdani. En faisant allusion à l’état civil dont il en revendique les droits d’auteur, le puissant homme du FLN estime que désormais, c’est le peuple qui décidera sur le sort du prochain responsable à la tête du pays. En revenant sur les déclarations du puissant patron du secteur privé algérien, le responsable du plus vieux parti du pays, a invité Rebrab à choisir entre «la politique et les affaires». Une manière pour lui de dire que le patron de Cevital ne doit pas «s’immiscer» dans la chose politique et que l’action judiciaire intentée par le ministère de la Communication, en quelque sorte, est «une affaire commerciale». Un réquisitoire qui intervient après celui d’Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, qui a accusé Rebrab, d’avoir «politisé l’affaire». Après la chaine privée Ennahar TV qui a mené une campagne médiatique sans précédent contre le chef du groupe Cevital, et laissant supposer que la fortune de celui-ci est «douteuse», place l’ex-président de l’Assemblée populaire nationale d’en rajouter une couche. En effet, selon ce dernier, Rebrab doit le capital financier de son groupe au «parrainage et à l’appui de Toufik». En usant d’un accent ironique, Saâdani estime que «l’homme d’affaires s’est bien enrichi depuis les années 90. Maintenant, il veut faire de la politique», a-t-il accusé. Et à lui de lever le ton, presque d’un air menaçant, en affirmant que si Rebrab choisit la politique, il perdra sa fortune, comme pour lui dénier le droit de verser dans ce domaine. En passant à la vitesse supérieure, Saâdani a encore accusé les partis et les personnalités qui ont participé aux rassemblements organisés en soutien au journal El-Khabar de «rouler» pour le général connu sous le pseudonyme, «Reb Djazair». Ainsi, il n’a pas manqué de citer son ennemie de toujours, la patronne du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, qu’il accuse d’aller à la rescousse de l’homme d’affaires algérien.
Farid Guellil