à peine plébiscité à la tête du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia a pris sa revanche sur ses adversaires au sein du parti. En effet, les frondeurs qui ont dénoncé la direction politique, et qui ont saisi le Conseil d’État pour obtenir le report du congrès extraordinaire, ont été laminés. Ils étaient tout bonnement bannis de la nouvelle équipe du conseil national, élu dans la soirée d’avant-hier, vendredi.
Adoubé par le soutien et les félicitations solennelles du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, juste après son intronisation comme secrétaire général, et renforcé par la présence au congrès d’une pléthore de représentants du staff gouvernemental, dont le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, Ouyahia a procédé, de façon prompte, à régler ses comptes avec les redresseurs.
Sentant le coup venir, ces derniers ont boycotté le rendez-vous après avoir été déboutés par la justice qui eût validé sa tenue.
Ce constat est visible à travers l’ensemble des congressistes qui ont participé aux élections du SG de la nouvelle composante du conseil national (CN) du RND. Soit, sur les 1600 annoncés, 1537 ont voté. Chose promise, chose due.
L’on sait tous que la réplique du patron du parti aux frondeurs était sans appel. «Mettre fin à la dictature de la minorité», telle était la sentence d’Ouyahia qui est donc passé à l’action en excluant de la liste des 421 membres du CN, ceux qui se sont opposés à ses instructions. C’est ainsi que les Tayeb Zitouni, Nouria Hafsi, Smati Zoghbi, Yahi mustapha, Kerrouche Smail, Boumezouad Merouane, Hita Amara et compères ne font plus partie des instances dirigeantes de la deuxième force politique. S’il est vrai que 90% de ses membres ont été élus à bulletins secrets, il n’en demeure pas moins que le chef du RND qui a la possibilité de désigner un quota de 10%, comme le lui confèrent les nouveaux statuts, n’a pas repêché, chose qui est claire, ceux qui sont de surcroit ses opposants.
Intervenant, hier samedi, dans un ultime discours pour clore le congrès, Ouyahia a accablé les partisans du changement au sein du parti. «Un groupe a déposé plainte auprès du Conseil de l’État pour ajourner le congrès. Mais, peine perdue, puisque nous avons eu gain de cause et cette institution nous a donné raison», a-t-il rappelé.
Des propos par lesquels, l’actuel directeur de cabinet auprès de la présidence de la République, fait allusion à l’éjection des contestataires du CN. Mieux encore, l’homme qui entame son discours par dire toute sa «fierté profonde» d’appartenir à un parti qu’il a toujours servi, est revenu pour défendre la légitimité des congressistes, en réponse aux reproches des partisans de la fronde qui ont dénoncé «une opération de cooptation».
Pour Ouyahia, les coordinateurs responsables à la tête des sections de wilayas du RND, qui ont été délégués pour la plupart au congrès, «ont tous été élus par les urnes, entre 2013 et 2014» lorsque le parti était dirigé par son prédécesseur, Abdelakader Bensalah. C’est ce qui lui fait dire que l’adoption du jeu démocratique par l’urne dans le choix du SG du parti «est naturel», a-t-il fait remarquer comme pour défendre sa propre légitimité.
à ce titre, il n’a pas manqué de remercier son concurrent d’avoir joué le meneur d’allure en quelque sorte, qui lui a ouvert la voie vers le trône. Cela étant dit, Belkacem Mellah a fait les frais de ses déclarations antinomiques à la ligne politique du parti, voire même avoir comme tort de se porter candidat contre le chef en poste.
En effet, cette purge ne s’est pas arrêtée là, puisque même le nom de l’ex-secrétaire d’État à la Jeunesse, Mellah, à savoir, a eu le même sort que les frondeurs. Non seulement il a été largement battu dans cette élection, mais il a tout aussi perdu sa place au sein du CN, rien que ça. Visiblement, le rival d’Ouyahia qui n’aurait pas accepté de courber l’échine devant son puissant patron, a payé le prix de sa rébellion. Et pour cause, Mellah a révélé jeudi dernier, avoir subi une terrible pression durant toute la nuit, à la veille de la tenue de ce congrès extraordinaire, viré en conclave ordinaire, pour le persuader de retirer sa candidature. D’autre part, Ouyahia a fait savoir qu’il sera question de la première réunion du conseil national en juin prochain. Lors de cette session, les membres de la nouvelle équipe du bureau politique seront révélés à l’opinion publique.
Farid Guellil
Il s’énorgueillit devant Saâdani et tacle l’opposition
Fraîchement élu à la tête de son parti, Ahmed Ouyahia qui a dit assumer entièrement d’être un commis de l’État et d’être au service de l’État et du système, a réitéré son soutien au président de la République et à l’Armée nationale populaire (ANP). Pour lui, dire soutenir Abdelaziz Bouteflika et l’institution militaire ne doit pas être un slogan creux. Faut-il encore traduire les engagements sur le terrain. Entendre, faire tout pour représenter le parti au sein du gouvernement, des institutions et des administrations du pays. Ces propos auraient pu passer inaperçus si ce n’est la suite donnée à son discours. «Si aujourd’hui on soutient Bouteflika et l’Armée, c’est pour défendre les intérêts de l’Algérie et préserver la Patrie», a-t-il indiqué, allusion aux critiques du SG du FLN, Amar Saâdani, qui a accusé Ouyahia d’être «déloyal» envers le chef de l’État. Ceci, même si le message de félicitation de Bouteflika aurait dissipé tous les malentendus au sujet des rapports qu’entretient la Présidence avec le chef du RND. Sur un autre registre, Ouyahia s’est attaqué encore une fois à l’opposition. Pour lui, l’Algérie qui est en face d’un «virage dangereux, de par la situation critique et sensible qui y prévaut», doit intéresser tous les partis y compris ceux de l’opposition. Sans verser dans l’insulte comme il l’a fait souligner, l’opposition «n’a d’autres préoccupations que de parler de 800 milliards de dollars dépensés pour le développement du pays», a-t-il asséné.
F. G.