L’activiste et fondatrice du mouvement Fridays for future, en Ouganda, Hilda Flavia Nakabuye, dans le sillage du mouvement mondial, initié par Greta Thunberg, ne pouvait être parmi les présents à la rencontre du président français, à Montpellier, pour donner un nouveau visage à la Françafrique, qui a été de tout temps décrié, par les Africains. C’est la première fois, depuis le premier sommet en 1973, sous la présidence de Georges Pompidou, en présence de 10 délégations africaines, à Paris de Françafrique, réunissant le président français avec des présidents africains, que ce rendez-vous, le veut l’actuel locataire de l’Elysée, avec une sélection de représentants de la société civile africaine, activant dans divers domaines. Une rencontre qui se voulait selon Paris pour tracer la nouvelle coopération et relation entre la France et l’Afrique., laquelle est bousculée et mise à mal , faut-il le noter, non seulement par le recul du rôle de la France, sur les scènes africaine et mondiale, mais de l’émergence et le retour en force de la volonté africaine de s’en découdre de la mainmise d’ex-puissances coloniales, dont la France, sur la gestion des affaires politiques et des richesses de pays africains. Une politique qui a non seulement eu des conséquences gravissimes dont l’absence de développement socio-économique en Afrique mais de sa dévitalisation, de ses richesses en ressources humaines et naturelles. Si à partir de Montpellier, le locataire de l’Elysée a discouru sur son initiative de vouloir écouter les besoins et les attentes des participants à son rendez-vous, en matière de coopération et de développement dans la « nouvelle » Francafrique, qu’il tient trop à cœur, la réalité a vite fait de rattraper le « beau discours et les bonnes intentions » des responsables français. Si des projets dans des petites localités ont vu le jour, suite à un financement de la France, de projets de grandes envergures d’entreprises françaises continuent d’être entrepris aux conséquences gravissimes, sur le destin de générations et l’environnement.
Total menace le plus vaste et le plus beau parc naturel de l’Ouganda
Dans sa lettre ouverte à l’adresse du Président Emmanuel Macron, qui s’apprête à se lancer officiellement dans une course pour un second mandat, la militante ougandaise notamment sur les questions du climat Hida Flavia Nakabuye, l’interpelle sur le projet aux conséquences gravissimes que compte lancer l’entreprise Total dans son pays. Lui indiquant « je vis dans un pays des Suds, et je suis une militante pour le climat » et de lui préciser que « je suis une victime africaine de la crise climatique, vivant dans une région du monde durement frappée » et qu’elle vit dans l’un de ces pays poursuit-elle « qui n’a aucune responsabilité dans la crise climatique mais en subit le poids », comme l’ensemble du continent. « Mr. le président Macron, vos intérêts économiques mettent en cause de millions de vies, ne nous envoyez pas en enfer. Laissez nos rêves devenir réalité » écrit- elle dans sa lettre qui sans surprise n’a pas été pour être parmi les documents et les questions examinés hier, lors de la rencontre Francafrique, à Montpelier. Affirmant que dans son pays l’Ouganda, « Total prévoit de lancer d’ici trois ans et demi l’exploitation de champs pétrolifères en bordure d’un des plus grands lacs d’Afrique, le lac Albert » elle précise sur ce projet que «400 puits de forage pétrolier sont prévus, dont certains dans le plus vaste et le plus beau parc naturel de l’Ouganda, connu pour ses chutes d’eau vertigineuses et ses hippopotames » indiquant qu’il s’agit « du projet -Tilenga- nom inspiré d’appellations locales pour désigner les antilopes ». Pour acheminer le pétrole, explique-t-elle « qui doit être chauffé en permanence à 50 °C pour le maintenir fluide et l’acheminer jusqu’à sa destination, un oléoduc de 1 443 km de long, doit être construit jusqu’au port de Tanga, en Tanzanie, et ses navires-citernes internationaux et Il longera le lac Victoria, la plus grande réserve d’eau douce du continent et source du Nil » précise-t-elle dans sa lettre. Elle rappelle à celui qui s’adressait, hier, aux participants venus d’Afrique, pour une meilleure vision de coopération pour le développement en Afrique, que le Projet en qustion de l’entreprise française Total s’achemine à réaliser « le plus long odéoduc chauffé au monde » en Afrique non sans conséquences gravissimes, immédiates, et moyen et long termes, « s’il venait à être construit ». Poursuivant en s’adressant au Président français que : « Votre volonté d’accélérer la construction de l’East African Crude Oil Pipeline (EACOP), est le cauchemar que nous voudrions fuir et ce projet crée de graves risques pour les personnes et la nature », à l’Est de l’Afrique, en Afrique mais aussi pour le climat mondial. Plus précise sur les impacts graves dudit projet, elle énumère les menaces de ce projet, sur les populations, les ressources en eau, la nature, les animaux, la biodiversité et les écosystèmes. « Dans mon village natal, des personnes sont déplacées, leurs revenus et moyens de subsistance sont impactés négativement, des dangers inacceptables menacent les ressources en eau, la biodiversité, les habitats naturels tels que le parc national de Murchison Falls – qui fait la fierté de l’Ouganda-, la réserve de la forêt de Bugoma – où vivent plus de 500 chimpanzés-, et la réserve de gibier de Biharamulo » affirme la militante ougandaise, Hida lFlavia Nakabuye, comme l’ont fait auparavant d’autres militantes et militants africains, sur des projets similaires, à l’exemple de la multinationale Areva, opérant dans le secteur nucléaire, devenu Orano depuis 2018. Selon l’association Survie, « Areva se procure l’uranium en Afrique à bas coût, au prix d’ingérences politiques et de conséquences environnementales, sanitaires et sociales catastrophiques pour les populations locales ». L’ association française Survie a été créée en 1984, pour rappel a été présidée notamment par François-Xavier Verschave et le thème privilégié de cette association est la « Françafrique » en référence au titre d’un des livres de F.X. Verschave, « La Françafrique, le plus long scandale de la République », paru en 1998 et l’a popularisée sous forme d’un jeu de mot « la France à fric ». Concluant sa lettre en rappelant au locataire que « nous sommes des agriculteurs qui dépendons de nos terres pour vivre » elle lui précise que les populations africaines ne doivent pas souffrir d’une crise qu’ils n’ont pas créée, et de lui rappeler , à l’instar des autres citoyens du monde que « nous aussi rêvons d’avoir des villes propres, nous espérons avoir un futur soutenable pour nous et pour les générations à venir, ne nous envoyez pas en enfer » par le maintien du projet de l’entreprise française Total, en Ouganda.
K. B.