À l’instar de la communauté internationale, l’Algérie célèbre aujourd’hui, la Journée mondiale du diabète. À cette occasion, des activités de sensibilisation et de dépistage seront organisées par les différentes associations et diabétologues afin de sensibiliser les citoyens quant à l’importance du dépistage. Dans cet entretien, le Dr Habitouche Abdelhafid, médecin coordinateur à la Maison des diabétiques de Ruisseau, nous éclaire sur cette maladie « grave » mais « gérable » et dont les statistiques ne cessent de démontrer l’ampleur de sa propagation. Il donne aussi des conseils pour éviter le diabète sinon pour vivre en meilleure santé avec cette maladie incurable, afin d’éviter ses complications.
Quel est l’état des lieux en matière de prise en charge des malades atteints du diabète en Algérie ?
L’arsenal thérapeutique existe certes, mais il reste un travail à faire pour traiter, à temps réel, toute complication résultant du diabète. Il faut que toutes les équipes médicales à tous les niveaux (dispensaires, EPH, CHU) soient en mesure de prendre en charge le malade sur les volets (œil, pied, reins, cœur…). C’est pour cela que nous recommandons d’établir un « pont » ou un « trait d’union » entre les différentes infrastructures sanitaires afin de faciliter la prise en charge. Sur le volet infrastructures, nous constatons un grand manque dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux. Tout est concentré sur la Capitale, il faut y penser aux régions enclavées. On arrive difficilement à assurer une bonne couverture sanitaire à Alger, alors à l’intérieur du pays, la prise en charge est moins efficace. N’oublions pas aussi, que le fardeau économique associé est particulièrement lourd ce qui complique la tache pour les autorités.
Est-ce que le chiffre évoquant 10% de la population atteinte du diabète reflète-t-il la réalité du nombre de diabétiques en Algérie?
Sans doute non. Malheureusement, la plupart des Algériens ignorent leur maladie, d’où l’importance de la sensibilisation pour découvrir la maladie aux gens, afin de les pousser à faire des dépistages. Il ne faut laisser aucune couche de la société (enfants, femmes, étudiants ….), tout le monde est concerné par le diabète. Parfois, pour ne pas dire souvent, le malade arrive dans nos services au stade des complications, rendant sa prise en charge des plus lourdes. Et il ne faut pas oublier que l’Algérie enregistre chaque année plus 15.000 nouveaux cas de diabète. Le nombre est alarmant, mais serait bien plus important si les campagnes de sensibilisations sont plus fréquentes et plus généralisées.
Quel est le type de diabète le plus répandu en Algérie ?
85% des diabétiques en Algérie sont de type 2. Ce type de diabète est lié à l’alimentation et à l’environnement, sans oublier le manque d’activité physique. Le diabète est devenu un phénomène de santé publique et le diabète de type 2 représente aujourd’hui un véritable problème de santé publique non seulement dans notre pays mais au niveau mondial.
Les médicaments prescrits pour les diabétiques et produits dans les laboratoires algériens respectent-ils les normes ?
Bien évidemment, je crois que le ministère de la Santé est conscient de l’importance du contrôle de qualité des laboratoires. Mais il reste un travail à faire pour le changement des mentalités. Nombreux sont les malades qui s’orientent vers les herboristes dans l’espoir de trouver un remède miracle à la maladie. Certains arrêtent le traitement du jour au lendemain, et mettent ainsi leur vie en danger.
Qu’en est-il des produits light ?
En tant que médecins, nous recommandons aux patients de bouder tout ce qui est sucré. On conseille aux patients de s’en passer du fructose et de l’aspartame, même si les effets nocifs de ce dernier sont réduits. Les produits light qui contiennent du fructose sont déconseillés. Il faut donc, prendre le soin de lire les ingrédients. Par conséquent, les diabétiques doivent habituer le cerveau à moins de sucre, sel et gras. Ces trois ingrédients peuvent conduire à des complications mortelles.
Lamia Boufassa